Nina et Djoul, copines inséparables, sont expulsées de leur squat. Elles reprennent alors la route à bord de leur vieux camion avec une soif de liberté et une seule obsession : faire la fête. Rencontres impromptues, travail saisonnier, concerts, joyeuses subversions, quelques galères mais surtout beaucoup d'aventures rythment désormais la vie nomade de ces deux amies.
Karim Dridi, aime les destins hors normes, ces personnes qui vivent à la marge. Dans « Fainéant-es », il suit le parcours de Nina et Djoul deux amies qui après avoir été expulsées de leur squat s’en vont sur la route, font des rencontres, se déchirent et se retrouvent, avec toujours cette même pensée qui les mène : être libre, faire la fête, bosser lorsque nous le voulons et s’affranchir des toutes les règles sauf celle de la solidarité, de l’amitié et de l’amour. Car il y en a de l’amour entre ces deux-là, pas sexuel, bien sûr, mais un lien fort qui fait que l’une a bien du mal à exister sans l’autre. Un lien qui peut paraître étonnant, nous qui regardons toujours ces « Punks » dans les rues de villes, comme de simples marginaux rongés par la bière qu’ils semblent ingurgiter comme une essence de vie. Imposant un jugement de valeurs, sur ces gens qui font la manche, se promènent avec leurs chiens, parlent fort et squattent.
Mais le film de Karim Dridi, va plus loin, il va bien au-delà de cela en nous plongeant dans un choix de vie assumé, sans besoin d’expliquer aux autres pourquoi. Avec une certaine intelligence et, surtout, en s’inspirant de la vie de ses actrices, il cisèle des situations et fait naitre des personnages, pour lesquels nous avons une certaine méfiance, mais qui se découvrent petit à petit dans leurs fêlures, leurs contradictions, leurs colères et leurs tendresses. Ce qui saute aux yeux c’est cette solidarité dans la marginalité. Aux grès de leurs rencontres, les deux femmes ne changent pas leurs manières de vivre, elles travaillent lorsqu’elles en ont envie, arrêtent lorsqu’ elles en ont assez et reprennent la route, pour des destinations connues ou inconnues. Une errance qui se vit comme une revendication, comme un pied de nez à la société qui ne cesse de tout mettre dans des cases, mais surtout comme un besoin de liberté constante, une nécessité de ne jamais avoir de lois ou d’autorité qui viennent restreindre cette liberté.
Mais tout cela a un prix, être « Punk » c’est accepter de combattre quotidiennement le regard des autres, s’en débarrasser une bonne fois pour toute, c’est accepter de ne pas être compris et d’être jugé, considérés comme « Fainéant-es », par l’apparence, par l’image que l’on reflète. Alors que les deux femmes nous prouvent qu’il n’en n’est rien, le monde est, pour elle un terrain de liberté, où elles peuvent aimer, faire la fête, souffrir, et éprouver de la colère, mais surtout rencontrer, débattre et assumer cette différence voulue et ce style de vie qui, de la même manière que les gitans, est fait de déplacements, de squattes et de combats permanent avec les autorités et les populations, pas forcément heureux de leurs présences. Mais Karim Dridi, ne dresse pas un portrait idéal de la vie de « Punk », il cherche, avant tout, à en montrer tous les aspects les joies autant que les faiblesses et les contradictions. Et les deux actrices Faddo Jullian et .Ju., sont, avant tout des femmes qui ont ce vécu qui a inspiré le réalisateur et leurs prestations sont remarquables de sincérité.