Les contrebandiers de Moonfleet

L’histoire

 

En Angleterre en 1757, le jeune John Mohune (Jon Whiteley), se rend à pied à Moonfleet. Il doit retrouver un vieil ami de sa mère, Jeremy Fox (Stewart Granger) qui doit veiller sur lui après sa mort.

 

Mais ce dernier est surtout un aventurier, chef des contrebandiers, sans scrupules et cynique qui mène une vie dissolue dans le vieux manoir familiale des Mohune qu’il a racheté après leur ruine. Jeremy Fox va essayer de se débarrasser rapidement du gamin, mais devant l’obstination de celui-ci, il sera finalement obligé de le garder avec lui.

 

John découvre que Jeremy Fox est l’homme qui aima sa mère et dés lors il commencera à le considérer comme son père. Mais il n’aura pas le temps de se réjouir d’avoir retrouvé une famille car il découvrira rapidement les véritables activités de Jeremy ainsi que le plan d’un fabuleux trésor laissé par son ancêtre « Barbe Rousse » Mohune.

 

Autour du film

 

Tourné en 1955, « Moonfleet » est une commande de la MGM à Fritz Lang. Le film part d’une adaptation d’un roman du XIXème siècle de John Meade Faulkner, mais les scénaristes, Jan Lustig et Margaret Fitts, n’en conserveront que le point de départ et le personnage de John Mohune. Les autres personnages ainsi que l’essentiel de l’intrigue seront inventés pour le film.

 

Ce film est le premier tourné en Cinémascope par Fritz Lang. Le réalisateur n’apprécie pas trop le format, mais il le maîtrisera tout de même de façon magistrale. La majeure partie du film, hormis les scènes sur la plage, sera tournée sur le plateau 27 de la MGM à Hollywood.

 

Sur ce plateau, Fritz Lang fera construire toute la lande du film et jouera avec les angles de caméra afin qu’on ait l’impression d’un très grand paysage. Lang y pratiquera sa technique habituelle de tournage non linéaire, privilégiant la prise de vue dans l’ordre des angles de la caméra.

 

A la fin du tournage, Fritz Lang veut finir le film par le départ en bateau de Jeremy Fox, mais le producteur lui demandera de tourner une fin plus « Hollywoodienne » avec le retour de Mohune dans son domaine. Malgré les promesses du producteur de ne pas utiliser cette fin, ce sera elle qui sera présentée en salle, à la grande fureur de Fritz lang.

 

Fritz Lang aura également eu un autre sujet de friction avec la MGM à propos de l’acteur Stewart Granger. Celui-ci avait déjà tourné « Scaramouche » et « Le Prisonnier de Zenda » avec la MGM et était sous contrat avec le studio. Il fut donc imposé à Lang comme acteur principal. Le réalisateur en sera fort mécontent car l’acteur n’apprenait jamais correctement ses textes.

 

 

Critique subjective

 

« Les contrebandier de Moonfleet » est un beau film d’aventure pour toute la famille. Il faudra juste faire attention aux plus jeunes car certaines scènes peuvent vraiment faire peur aux moins de dix ans.

 

La réalisation du film est réellement de très bonne qualité, les acteurs jouent parfaitement, en particulier le jeune Jon Whiteley qui est tout à fait convaincant dans ce rôle de jeune orphelin aventureux.

 On regrettera juste que les décors de studios ne soient pas toujours très convaincants, ce qui nuit légèrement à la crédibilité de l’histoire. Mais dans l’ensemble, le talent du réalisateur parvient assez bien à gommer ce petit défaut.

L’image a été superbement restaurée sur cette édition DVD. Il n’y a aucune tâche disgracieuse, pas d’artéfacts de compression et la définition est très bonne pour un film qui va bientôt avoir 50 ans.

 

La plupart du temps les couleurs sont très belles et très vives, parfois même « flashantes », comme ce costume violet éclatant de Lord Ashwood. Dans les scènes sombres, on remarquera tout de même que les couleurs ont un peu souffert des outrages du temps.

 

Les jeux de lumières et la photographie du film sont par contre exceptionnels, mais il s’agit après tout d’un « Fritz Lang » et c’est déjà une marque de qualité. Certaines scènes de suspens dans la lande feront immanquablement penser au film « Le Chien des Baskerville » tourné en 1959 par Terence Fisher, lui aussi en studio.

Ce DVD contient deux pistes sonores Dolby Digital 2.0 en Français et en Anglais.

 

A l’origine le film a été tourné avec une piste sonore monophonique et ces pistes ne constituent donc qu’un dédoublage de cette piste sur deux canaux.

 

La qualité dynamique de la piste anglaise originale est très bonne et la musique est très bien répartie sur les deux voix stéréo. On y trouve une belle clarté générale des voix et de la musique.

 

La piste française semble beaucoup plus bouchée en comparaison. La dynamique y est moins bonne que sur la version originale et les voix prennent très nettement le dessus sur la musique au niveau du mixage.

 

Les deux pistes souffrent en outre d’un effet de souffle assez marqué, mais qui ne devient gênant qu’à un niveau sonore élevé.

Le DVD contient deux documentaires dans sa partie Bonus :

 

L’épreuve du souterrain – 20 minutes

 

Ce documentaire reprend les différentes séquences du film pour nous expliquer tous les symboles et nous aider à décoder les arrières pensés de Fritz Lang. On y apprend beaucoup de choses sur le montage effectué par le réalisateur et sur les techniques cinématographiques du « Maître ».

 

Le contenu de ce documentaire est très intéressant pour quelqu’un qui s’intéresse à l’art cinématographique. Il est toutefois dommage que la voix du commentateur soit aussi soporifique et monotone !

 

Les messages de Fritz Lang – 30 minutes

 

Ce documentaire constitue un véritable « making-of » postume du film. Le réalisateur du documentaire a eu accès à de très nombreuses archives de l’époque : scripts, photos, croquis…

 

A partir de ces documents il nous explique la genèse de « Moonfleet », les contraintes techniques et financières de Fritz Lang sur ce tournage et un certain nombre d’anecdotes sur le film.

 

Ce documentaire contient également des extraits du documentaire « Le dinosaure et le bébé » qui est un dialogue entre Fritz Lang et Jean-Luc Godard, tourné en 1965. Fritz Lang y explique, en français, ses techniques de réalisations et de montages de film.

 

Ce documentaire est réellement passionnant et contient de très nombreuses informations sur la préparation du film, que l’on n’a pas l’habitude de voir dans la plupart des autres making-of.