L'histoire :
Gaspard (
Nicolas Duvauchelle) rêve de devenir snowboarder professionnel. Formé par
Beshop (
Jean-Philippe Ecoffey), un pionnier de ce sport, il travaille dans son magasin de l'Alpe d'Huez jusqu'au jour où il rencontre son modèle
Josh Atterssen (
Grégoire Colin). Ce champion fantasque et adulé par le public lui propose de le rejoindre à Gstaad, en Suisse, pour intégrer sa "team". Ils n'auront dès lors de cesse d'être prêts pour participer au Air & Style, la plus grande compétition mondiale. Leur quotidien se partage désormais entre entraînements intensifs et soirées sans interdits. Mais tout se complique pour Gaspard d'une part lorsqu’il tombe amoureux d’
Ethel (
Juliette Goudot), la petite amie de
Josh , puis en découvrant qu'il est manipulé par le champion qui ne cherche qu’à l’utiliser pour se venger du monde de la compétition...
Le réalisateur
:
S'il réalise avec Snowboarder son premier long métrage,
Olias Barco n'est pas pour autant un néophite puisqu'il s'est exercé à la production (courts métrages dont "Saint Valentin" de Samuel Benchetrit) à la réalisation de clips (dont "Say no more" interprété par Ray Charles) ainsi qu'à la réalisation de courts métrages (les plus récents "Poubelles" 1994, "Chapacan" 1997, "3 petits points la lune" 1998). Le travail d'écriture fait également partie de sa palette artistique puisqu'il est co-scénariste de Snowboarder avec
Julien Sax et
Paolo Rota.
Critique du film
:
La belle jaquette du DVD puis les menus superbement dessinés inspirent la confiance, on lance donc la lecture sans le moindre a priori négatif. Les premières minutes confirment alors ce sentiment de confiance, la production respire le sérieux, les images témoignent d'une maîtrise technique évidente. Mais les choses se gâtent dès qu'il s'agit d'entrer dans l'histoire : la trame du scénario, bien trop légère, implique une mise en place très longue et un déroulement quelque peu "soporifique". Les premiers dialogues sonnent faux, et conserveront cette dissonance tout au long de l'oeuvre avec des répliques qui, parfois, voisinent avec le grotesque. L'addition se sale car le jeu accentue ces défauts. C'est le cas au moment où
Gaspard entre dans une colère noire avec sa voix fluette, un phrasage typé banlieue et des propos relevant davantage des onomatopées que de la déclamation de vers. Donc, ici, la volonté de bien faire, d'être crédible (que l'on ne reprochera à personne) se caractérise par une constante tendance à forcer le trait. De la même façon,
Ethel qui représente la pureté, une certaine innocence, se trouve habillée de blanc. On retrouve cette approche dans la technique avec une utilisation très académique (trop ?) des différents plans et types de caméras et dans l'écriture avec des clichés forcément réducteurs (l'attrait d'une vie aisée, la dépravation, la manipulation). La gente féminine n'est pas à son avantage avec
Ethel, une jeune femme qui subit les personnalités de l'élève et du champion. Le reste est du même acabit avec des filles adeptes des orgies, de la drogue, et une
Clara Morgane au sommet, non pas des montagnes, mais de l'art du strip tease!
Et le snowboard ? Les scènes d'actions sont belles, accompagnées d'une musique efficace (surtout le passage resamplé du "Don't you want me" d'Human League). L'emploi d'un hélicoptère et des ralentis leur confère une esthétique des plus réussies. Olias Barco voulait que ces passages constituent un moment de respiration pour que son oeuvre ne se résume pas à un film de sport, malheureusement, ces scènes dénotent du reste, elles s'apparentent à des pièces rajoutées, sans la moindre portée dramatique, même lors du duel final.
Il serait injuste de dire que les acteurs déméritent, mais l'histoire et les dialogues ne sont pas propices à sublimer leur jeu. Grégoire Colin (qui a travaillé avec entre autres Catherine Breillat, Claire Denis, Patrice Chéreau ...) correspond bien, par son physique, son regard, au rôle de Josh, le champion aigri, manipulateur pouvant parfois faire preuve de douceur. Nicolas Duvauchelle (dirigé par Claire Denis, Eric Zonca ...) est légèrement moins convaincant dans son rôle de jeune rebelle qui veut vivre de sa passion et croque la vie à pleines dents. Jean-Philippe Ecoffey (Beshop) ne démérite pas, mais c'est peut-être Juliette Goudot qui, avec ce premier film, surprend le plus, jamais elle ne surjoue. Sur un plan plus anecdotique, on remarquera la courte prestation d'un popeye (Thierry Lhermitte) sous la forme d'un client d'oeil aux Bronzés font du ski. Enfin l'apparition des différentes marques et autres sponsors est sensiblement, ostentatoire pour reprendre un mot à la mode ...
En conclusion
:
Snowboarder a été conçu comme une recette de cuisine : des ingrédients choisis avec soin, des récipients de qualité, des règles à respecter. Mais il faut bien admettre, au final, que le plat est bien indigeste et laisse un goût amer. L'édition DVD est bien produite (à souligner également un beau site internet) mais, contrairement à ce que dit le dicton populaire "qu'importe le flacon pourvu qu'on ait l'ivresse", ici on ne retient qu'un beau flacon et l'absence totale d'ivresse, pas même celle des cimes.