Brel : Les adieux à l'Olympia

« Faut vous dire Monsieur
Que chez ces gens-là
On ne pense pas Monsieur
On ne pense pas… on prie »
Jacques Brel – Ces Gens Là

 

Jacques Brel

Le chanteur est né en Belgique, dans la banlieue de Bruxelles, le 8 avril 1929, dans une famille bourgeoise. Après une éducation dans un collège catholique, il se met au théâtre et crée sa troupe à l’âge de 16 ans. Déçu par ses échecs scolaires, son père l’embauche dans son entreprise, mais Jacques Brel passe beaucoup de temps sur les planches. Après son service militaire, en 1950, il épouse Thérèse Michielsen (Miche) dont il aura une fille, Chantal. En 1952 il commence à composer des chansons, ce qui est très mal perçu dans sa famille.

Il est pourtant remarqué par un responsable artistique de Philips qui le fait venir à Paris et enregistre un 78 tours. Sa famille lui coupe alors les vivres et Brel doit se débrouiller pour vivre de sa musique. Les premiers temps sont difficiles car le chanteur à du mal à rencontrer son public. En 1955 il enregistre son premier album 33 tours et chante pour des associations chrétiennes. C’est en 1956 que le déclic va se faire sous la forme de deux rencontres avec des pianistes. François Rauber va lui donner une formation musicale et devenir son orchestrateur alors que Gérard Jouannest l’accompagnera sur scène et l’aidera à écrire des chansons. Avec eux il sort un second album en 1957 avec la chansons « Quand on a que l'amour ». Lors de son second passage à l’Olympia, en 1958 en première partie de Philippe Clay, il est enfin reconnu comme un véritable chanteur.

Il va alors enchaîner les succès, les disques et les tournées. Il partira chanter dans le monde entier, de l’URSS aux Etats-Unis, menant une vie très active et assez dissolue avec alcool, femmes et tabac. En 1961, c’est lui qui est en tête d’affiche à l’Olympia où il fait un triomphe. En 1962 il crée sa propre maison d’édition musicale dont son épouse sera la directrice. Après des années de succès international, Jacques Brel ébranle la scène musicale française en 1966 en décidant d’abandonner définitivement la chanson. Son récital à l’Olympia cette année-là devient un événement sans précédent, même s’il n’interprète que 15 chansons sur scène, préférant laisser de la place aux jeunes artistes.

Après ce concert, Jacques Brel honore ses derniers contrats jusqu’au 16 mai 1967 où il quitte la scène. Il va alors faire du théâtre et du cinéma, tournant notamment avec André Cayatte pour « Les Risques du métier ». En 1968 il monte la pièce « L'Homme de la Mancha » à Bruxelles et est plébiscité pour ses talents d’acteur. Il continuera ensuite sa carrière d’acteur, tournant avec Marcel Carné, Claude Lelouch, Edouard Molinaro...

En 1972, on pense que Brel va revenir à la chanson après la signature d’un contrat de 30 ans avec Barclay, mais le chanteur décide de simplement réenregistrer d’anciennes chansons avec de nouveaux arrangements. En 1974, il est opéré pour un cancer du poumon et apprend qu’il lui reste peu de temps à vivre. Il décide alors d’aller s’installer aux Iles Marquises où il deviendra pilote d’un avion-taxi. En 1977, de retour à Paris, Jaques Brel se remet à l’écriture de chansons et sort un nouvel album. Il n’aura pas beaucoup le temps de profiter de l’immense succès de ce dernier puisqu’il meurt d’une embolie pulmonaire le 9 octobre 1978.

 

Concert d’adieu à l’Olympia

Le concert a été enregistré les 28 et 29 octobre 1966 à l’Olympia et un montage a été effectué entre les enregistrements de ces deux dates. Malheureusement l’ensemble est très court (moins d’une heure) :

1. Le Chaval
2. Fils de…
3. Jacky
4. Le Gaz
5. Les Vieux
6. Les Bigotes
7. Mon Enfance
8. Mathilde
9. Ces Gens Là
10. Amsterdam
11. Les Bonbons 67
12. Jef
13. Au Suivant
14. Le Plat Pays
15. Madeleine

Critique Subjective

Malgré la faible qualité technique de l’ensemble comparé aux standards actuels, on retrouve avec plaisir l’un des plus grands chanteurs francophones du siècle dernier. La prestation de Jacques Brel est fantastique : le chanteur s’investit totalement dans ses textes et parvient à transmettre une émotion intense au spectateur. Dés les premiers mots de chaque chanson on est frappé par son immense talent pour créer des histoires et mettre en place une situation. Ce DVD sera indispensable à tous ceux qui aiment les chansons de Jacques Brel et qui n’ont pas eu la chance de le voir sur scène. On ne se lasse pas de le voir chanter réellement et cette expérience est bien différente de la simple écoute d’un de ses disques. On regrettera seulement la courte durée du spectacle, qui paraît d’autant plus court qu’il est d’excellente qualité !

L’image est présentée en noir et blanc au format 4/3. Durant tout le concert on ne voit pratiquement que le chanteur sur scène, avec parfois un changement d’angle de vue. L’image manque cruellement de définition et présente de nombreuses tâches et rayures. Le contraste est toutefois assez correct et la définition reste suffisante pour apprécier le « jeu de scène » du chanteur au cours de son spectacle.

L’éditeur a fait le choix de nous proposer trois pistes sonores : une piste en Dolby Digital 2.0, une piste en Dolby Digital 5.1 et une piste en DTS 5.1. Le tout à partir d’un enregistrement probablement monophonique !
La piste en 2.0 est celle qui ressemble le plus à un disque de Jacques Brel et qui est donc la plus fidèle à la mémoire que l’on a de ses chansons. Elle convient parfaitement au programme et ne comporte pas de souffle gênant.

La piste en Dolby Digital 5.1 apporte une spatialisation créée par une sorte « d’écho » sur les enceintes surround. Les basses sont plus présentes que sur la piste stéréo et les hautes fréquences sont plus agressives. On remarque également une grosse différence de qualité sonore entre les chansons et les applaudissements. Ces derniers génèrent plus de souffle que les chansons !

Enfin, la piste en DTS 5.1 n’apporte rien de plus. Le son est certe plus « rond », mais l’effet d’écho renforcé sur les enceintes surround est très perturbant et force à revenir à l’une des deux autres pistes.
Finalement, il n’y a pas de miracle et cet enregistrement de 1966 a une qualité très inférieure à ce que l’on fait actuellement au point de vue de la dynamique. Heureusement, la voix de Brel est préservée avec la force qu’on la connaît et c’est l’essentiel !

Pour cette édition, Universal nous propose des menus fixes sonorisés avec des musiques de Jacques Brel et un chapitrage par chanson. Les suppléments sont malheureusement assez peu intéressants :

Images inédites

Il s’agit d’images tournées dans les coulisses ou depuis les rampes de projecteurs. On y voit Brel parler avec ses admirateurs, puis les réglages effectués par les techniciens des éclairages. L’ensemble n’est pas très palpitant et est accompagné d’airs de Brel joués sur un accordéon.

 

Interview de Jacques Brel

Jacques Brel est interviewé par Danièle Heymann et Alain Naulin dans sa loge à l’Olympia. Ce commentaire est placé sur une piste supplémentaire durant le concert et l’on y voit donc les images de Brel en train de chanter. Le contenu de l’entretient est assez futile : les journalistes reprochent d’abord assez violemment à Brel sa décision d’arrêter sa carrière de chanteur, avant de lui demander ce qu’il fera par la suite. Jacques Brel révèle sa grande finesse et sa pudeur. Il répond aux agressions des journalistes sans se démonter et avec un certain humour. Même si le contenu des propos est peu intéressant, ils dévoilent une facette de la personnalité du chanteur que les jeunes générations n’ont pas pu connaître à travers ses chansons.