L'histoire :
Micah Mangena est assis sur un baril de poudre mais il ne le sait pas. Il est sergent dans la police sur africaine et il adhère complètement aux pouvoirs qu’elle représente. Mais la contestation qui gronde et déchire l’Afrique du Sud de 1980 est sur le point d’ébranler violemment ses convictions. Son fils prend conscience que l’apartheid est un système odieux … et que Micah en fait partie.
Critique subjective :
Pour son premier film en tant que réalisateur, Morgan Freeman s’entoure de Danny Glover qui a été rejoint sans condition par l’actrice Alfre Woodard. L’acteur américain Malcolm McDowell (le super flic) au physique de méchant et Marius Weyers (le chef de la police) complète ce casting américain et incarne les représentants de la police blanche. Plusieurs autres jeunes acteurs moins connus impriment le film de leur talent.
Morgan Freeman est ce grand monsieur du cinéma américain dont l’auréole de comédien ne cesse de gagner en intensité à l’instar de Danny Glover. Bopha ! est l’unique réalisation de Morgan Freeman mais on a déjà pu le voir notamment dans Miss Daisy et son chauffeur (1989), de Bruce Beresford, Le Bûcher des vanités (1990), de
Brian De Palma, ou encore Impitoyable (1992), de
Clint Eastwood. Plus récemment, on compte l’excellent Seven (1995), de David Fincher où l’on prend pleine mesure de son talent qui se confirme dans Amistad (1997), de Steven Spielberg, dans un rôle ambiguë avec
Dreamcatcher, l'attrape-rêves (2002) ou
Levity (2003). Il tient aussi le rôle de Dieu dans la comédie Bruce tout-puissant (2003), de Tom Shadyac avec Jim Carrey et semble enchaîner des projets de plus grande envergure ces derniers temps avec Danny the dog (2004), l’excellent
Million dollar baby (2004, critique cinéma), de Clint Eastwood aux côté duquel il sait se faire oublier tout en habitant son rôle comme rarement cela arrive. On attend sa prestation dans le prochain Batman begins (2004), de Christopher Nolan.
Danny Glover fait déjà parti de ces acteur dont l’empreinte reste graver dans les mémoires à cause peut-être de son rôle dans le buddie movie L’arme fatale (1987) et ses séquelles (on compte 3 séquelles en 1990, 1992 et 1998) aux côtés de
Mel Gibson ou de sa surprenante présence dans Predator 2 dont on aurait pu douter.
Sa prestation la plus forte est probablement celle de La Couleur pourpre (1985), de Steven Spielberg où il atteint des sommets dans un film qui reste aussi une référence dans le cinéma de Spielberg.
On a pu le voir dans le Thriller d’ épouvante Saw (2004, critique cinéma), de James Wan et on l’attend dans Manderlay (2004) le deuxième volet de la trilogie USA de Lars von Trier, qui devrait sortir mondialement en 2005 et être présenté au Festival de Cannes. Le premier volet étant Dogville où figurait Nicole Kidman qui se retire de la trilogie à cause de planning inconciliables entre le réalisateur et l’actrice.
L’actrice Alfre Woodard a à son avantage une multitude d’apparitions dans de nombreuses productions cinématographiques et télévisuelles dont Star Trek - premier contact (1996), K-Pax, l'homme qui vient de loin (2001), de Iain Softley avec le brillantissime Kevin Spacey ou Radio (2002). Elle a également fait la voix de Plio dans Dinosaure (2000), de Eric Leighton.
Il parait qu’il y a toujours quelque chose de neuf en Afrique et comme le dit l’actrice Alfre Woodard : à l’époque où ils ont tourné le film, ils étaient de l’autre côté du présent en faisant référence au fait qu’aujourd’hui la période décrite dans le film n’existe plus. L’apartheid sud-africain est tombé en faisant autant de bruit que la chute du mur de Berlin et la réunification allemande. Une époque abjecte se terminait ainsi et l’on comprend avec ce film que bopha est un mot trop petit pour contenir une révolte.
Bopha dans le langage zoulou signifie arrestation, détention. A l’origine il s’agit d’une pièce de théâtre de Percy Mtwa. L’histoire de Bopha ! décrit cette période des années 80 propices aux affrontements entre noirs et blancs dans le contexte de la ségrégation de l’Afrique du sud. L’intrigue se déroule dans le Township de Moroka en Afrique du Sud mais le tournage s’est déroulé au Zimbabwe où de nombreux sud-africains étaient exilés à l’époque.
Le film a été réalisé en 1993, peu de temps qu’après 26 ans de prison de détention pour raisons politiques, le président Frederick De Klerk lève en 1990, l'interdiction de l'ANC (Congrès National Africain) et libère Nelson Mandela, qui est élu président de l'ANC en 1991.
Même si Bopha! est de facture classique, il reste d’un bon niveau pour un premier film d’autant que le casting prestigieux est très bien accompagné par de jeunes acteurs qui ne s’en laissent pas comptés. Etrangement, un des jeunes acteurs très présents à l’image ressemble à l’acteur américain Samuel L. Jackson. Le film conserve une certaine intensité dramatique mais qui est un peu en dessous de ce que proposait le film Une saison blanche et sèche (1989) de la réalisatrice martiniquaise Euzhan Palcy qui avait dirigé Donald Sutherland et Marlon Brando (Brando nominé aux oscars pour son rôle dans ce film) en explorant le même thème que Bopha. Un autre film qui gagne à être d’avantage connu et dont certaines scènes liées aux pratiques extrêmes de la police secrète, frappent l’imagination longtemps après.
Bopha! parvient cependant à tenir un propos universel sur l’injustice, l’oppression,la capacité de révolte et de résistance face un pouvoir répressif. Un film qui peut s’inscrire dans une filmographie visant à témoigner de l’oppression en générale et de la maltraitance de représentants de la race noire aux même titre que La Couleur pourpre (1985) et Amistad (1997) de Steven Spielberg ou Une saison blanche et sèche (1989) aux cotés desquels il est vrai
on compte des cases vides à occuper par de futurs films sur l’esclavage comme Rue Case-Negres (1983) de Euzhan Palcy .
Verdict :
Bopha !, petit mot pour grande révolte. Un cri se fait entendre et un peuple se lève comme un seul homme face à l’oppression. Ce pourrait être là le pitch de ce film qui décrit un épisode de l’histoire encore très proche de l’Afrique du sud qui illustre ce qui arrive quand rien n’est juste.