Le Film
Critique de Frédéric Deschryver
Editeur
Edition
Simple
Label
Zone
2
Durée Film
93 min
Nb Dvd
1
L'histoire
Deux hommes, Marcus et Pierre, entrent dans une boite. Marcus, ivre de colère est à la recherche d'un dénommé "le Ténia". S'ensuit une altercation au cours de laquelle Pierre massacre sauvagement un client de l'établissement. L'histoire se dévoile alors, progressivement, dans une suite de flash-back, en remontant le temps.
Critique subjective
Gaspar Noé mérite et de loin l'étiquette de cinéaste dérangeant, provocateur. Parce qu'il n'hésite pas à faire voler en éclat les valeurs morales, parce qu'il ne ménage pas son public, parce qu'il ne prend pas de gants pour asséner un coup de poing directement à l'estomac du spectateur dès les premières images, le laissant tituber seul, abasourdi, désemparé après lui avoir fait franchir la porte de l'enfer. Déjà, en 1999, avec "Seul contre tous", il lançait un énorme pavé dans le paysage cinématographique français. Bis repetita, Noé scandalise la Croisette en 2002, avec Irréversible, qui déchaîne les passions, provoquant sifflets et applaudissements lors de sa projection.
Dès les premières images, Noé annonce la couleur, de la bouche de Philippe Nahon, le boucher de "Seul contre tous": le temps détruit tout. Cette simple phrase, tirée des métamorphoses d'Ovide résume à elle seule le constat de ce film, l'irréversibilité des événements, l'inéluctabilité du destin, de l'ordre vers le chaos. C'est à rebours, à l'image du "Memento" de Christopher Nolan que le spectateur assiste en témoin horrifié et impuissant à l'histoire d'Alex (Monica Bellucci), Marcus (Vincent Cassel) et Pierre (Albert Dupontel), dans une succession de 12 plans séquences montés dans un ordre antichronologique, liés par des fondus au noir, passant ainsi des conséquences aux causes. 24 heures de la vie brisée de deux hommes et d'une femme, par un enchaînement d'événements, de circonstances qui font que soudain tout bascule, révélant la précarité de l'existence.
Sur une musique sourde, lancinante, martelante, obsessionnelle aux infra basses qui provoquent un réel malaise, l'œil de la caméra se promène en des mouvements désordonnés, un tourbillon névrotique, et dans un vertige nauséeux, accompagne Marcus et Alex dans les dédales des couloirs du Rectum, une boite de nuit underground, peuplée des damnés de l'enfer de Dante, aux lumières rouges comme le sang, et assiste à une scène d'une violence inouïe où Pierre s'acharne sur un homme, lui défonçant le crâne à coup d'extincteur, interminablement. Pantois, déconcerté, choqué, abasourdi, le spectateur remonte le temps jusqu'à cette scène peut-être encore pire où la caméra cesse de virevolter et se pose dans un passage souterrain, rouge encore, pour assister au viol d'Alex, en temps réel, durant un plan séquence de 12 minutes interminables, insupportables. Insupportable l'acte abject du violeur, les cris de Monica, le témoin en arrière plan qui n'intervient pas, la conclusion violente de la scène, le discours satisfait et méprisant de l'agresseur.
La suite du film devient plus apaisante et découvre le trio Dupontel-Cassel-Bellucci, leurs relations, leurs instants de bonheur, aux travers de scènes remarquables: les instants d'intimité entre Marcus et Alex, la scène du métro, tout en gardant en mémoire leur avenir tragique, leur destin irrémédiable.
Techniquement, Garpar Noé réalise un tour de force en réalisant un film parfaitement maîtrisé, aux lumières très étudiées, des scènes longues aux raccords invisibles, bénéficiant des soins d'une post production de haut niveau. Les performances des acteurs sont à souligner, Vincent Cassel, en roue libre offre une prestation remarquable d'un Marcus impulsif, jouisseur, naturel et spontané, aux côtés d'Albert Dupontel, étonnant de réalisme, dans un rôle d'intello, temporisateur, plus cérébral, .
Irréversible est un voyage au cœur de l'un des aspects de la nature humaine. L'homme, animal social peut se dérégler, régresser et sombrer dans la bestialité. Le violeur (Jo Prestia) se comporte en animal et agit de manière bestiale. Marcus, ivre de rage, n'a plus aucun discernement, aveuglé par son désir de vengeance. Même Pierre (Albert Dupontel), sensé, cultivé, posé, qui tente de ramener Marcus à la raison, commet lui-même l'acte le plus irréparable. Les références à Kubrick sont omniprésentes: l'extrême violence d'orange mécanique, des personnages qui cèdent à leurs pulsions, l'affiche de 2001, odyssée de l'espace, la 5ème symphonie de Beethoven, jusqu'au final hypnotique. Débutant dans un chaos indescriptible, pour finir (commencer?) dans la quiétude et l'harmonie, au milieu d'enfants qui jouent, irréversible laisse un goût amer dans la bouche, une angoisse viscérale, une marque indélébile, parce que le bonheur est éphémère, parce l'existence est dérisoire et la vengeance absurde et inutile.
L'image
Couleurs
Définition
Compression
Format Vidéo
16/9 anamorphique couleur
Format Cinéma
2.35:1
La couleur que l'on retient, est le rouge dominant des scènes violentes, difficilement reproductible sur les supports vidéo, les risques de bavures sont évités. L'image est d'une précision assez moyenne, aux détails pas toujours bien définis. On note un aspect granuleux des arrières plans et quelques problèmes de compression. Gaspar Noé a voulu donner à ce film une ambiance réaliste, c'est pourquoi, l'emploi de projecteurs a été banni, toutes les scènes intérieures et nocturnes ayant été tournées sous les lumières d'ampoules survoltées. Pour contribuer au réalisme, aucun acteur n'a été maquillé sur ce tournage.
Langue
Type
Format
Spatialisation
Dynamique
Surround
Français
5.1
En Dolby Digital 5.1, essentiellement porté sur l'avant, le son est d'une facture correcte, les dialogues pris sur le vif sont clairs. Rien de particulièrement remarquable dans cette bande son si ce n'est l'emploi des basses omniprésentes, très lourdes, assourdissantes, qui contribuent très efficacement à l'ambiance oppressante de ce film.
Les Bonus
Supléments
Menus
Sérigraphie
Packaging
Durée
26 min
Boitier
Amaray
Dès l'introduction du DVD dans la platine, le ton est donné, comme si tous les éléments présents faisaient partie intégrante de l'œuvre. Le thème musical lancinant aux basses angoissantes se déclenche immédiatement sur les mentions légales écrites avec des caractères rouges aux lettres inversées comme les éléments du film, en tournoyant à l'écran, suivant les mouvements de caméra du réalisateur. Même les lettres du logo de Studio Canal ont subi cette inversion.
L'écran d'accueil est du même ordre, tournoyant en lettres rouges et jaunes sur fond noir.
Le commentaire audio du réalisateur
Irréversible est un film d'auteur et à ce titre, le commentaire de Gaspar Noé est particulièrement intéressant, à mille lieues des commentaires des réalisateurs américains, souvent très promotionnels et autocongratulants. Gaspar Noé donne des informations très riches, sur les techniques employées, sur les constructions des scènes, apporte son propre regard sur le film, ses inspirations, éclaire certains passages énigmatiques. Réellement passionnant. Ce commentaire n'est pas présenté dans la section bonus mais dans le menu audio.
Trailer (1'39)
Teasers1 (1'12)
Teasers2 (1'57)
SFX (7:09)
Rodolphe Chabrier parle de la post production, des techniques employees, de l'utilisation de la 3D, et détaille la construction d'une scène: où Albert Dupontel frappe un home à coups d'extincteur.
04:08 (0:40)
Une scène alternative où l'on voit Alex dans un lit d'hôpital.
Clip1 (4'28)
Vidéoclip sur des images du tunnel.
Clip2 (4:17)
Short (5:04)Court métrage: le réalisateur Stéphane Drouot filmé par Gaspar Noé.
Bonus

Livret

Bande annonce

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Com. audio

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