Mannaja

L’histoire

Personnage mystérieux, Blade se rend dans une petite ville minière sur laquelle règne un riche propriétaire au passé trouble.

Critique subjective

Touche à tout (il a tâté de tous les genres) doublé d’un réalisateur talentueux, Sergio Martino signait, en 1977, l’un des derniers westerns italiens : Mannaja.

A première vue, Mannaja pourrait apparaître comme une copie en règle de Keoma, western crépusculaire de Enzo G. Castellari sorti deux ans plus tôt. Il faut bien reconnaître que l’intrigue est assez proche, que les deux personnages principaux se ressemblent (Maurizio Merli, souvent taxé à tort de sous Franco Nero, se vêt ici comme Keoma ou presque) et qu’ils subissent tous deux des sévices à un moment ou à un autre. Dans les deux métrages, la bande originale, signé par les frères De Angelis, égraine des chansons qui se rapportent directement au personnage principal. Mais les points communs, certes assez nombreux, s’arrêtent là, et Mannaja de se révéler loin du simple décalque, pour peu que l’on prenne la peine d’aller au-delà des apparences.

Blade (Merli), un homme intrigant qui manie aussi bien le revolver que la hache de lancer (de la gâchette à la hachette, il n’y a qu’un pas ...), arrive dans une petite ville minière placée sous le joug de McGowan, vieil impotent qui contrôle la mine et la ville d’une main de fer. Sous des dehors un peu convenus (guère étonnant dans un genre aussi codifié), le scénario réserve des rebondissements inattendus et, surtout, n’accuse pas le moindre temps mort. Les personnages valent également le détour, à commencer par Blade, incarné par Maurizio Merli (comédien davantage rompu aux polars urbains dont ce sera l’unique western) qui, s’il n’a pas le charisme d’un Nero, s’en sort tout de même avec les honneurs. Les bad guys du film sont aussi mémorables, du ténébreux Raven toujours accompagné par ses deux molosses au brigand miteux et perfide ayant un crochet à la place de la main droite. Formellement parlant, le film est une réussite. En pleine possession de ses moyens, l’artisan Sergio Martino manie son scope avec une grande acuité. Loin des habituels grands espaces arides et désertiques, le métrage qui, pour des raisons budgétaires, a été tourné en Italie et non pas dans les décors espagnols d’Almeria, affiche des paysages verdoyants et des décors boueux. Mais c’est surtout l’épaisse brume qui ouvre et clôt le métrage qui lui confère un cachet visuel à part en lui donnant un petit côté fantastique.

Verdict

Western racé, réussite formelle et narrative, Mannaja s’impose comme un titre hautement recommandable.

Une image de qualité moyenne. Malgré sa restauration, le master conserve deux défauts importants : des scories sur la pellicule et un contraste perfectible. Dommage car la colorimétrie et la compression (exceptés de très rares arrières plans agités de soubresauts !) s’en sortaient plutôt bien. A noter qu’il s’agit ici d’une version incomplète du film.

Une seule piste en VF mono, c’est peu, surtout lorsque celle-ci s’avère juste passable. L’ensemble est faiblard, légèrement étouffé et dépourvu d’ampleur. L’absence de VO nous oblige à supporter des doublages pas toujours heureux.

 

- Présentation du film (11 minutes) : Karim Bourouba se livre à une analyse pertinente du film et des ses à-côté.

- Biographie et filmographie de Maurizio Merli.

- La collection (22 minutes) : Bandes annonces des 14 westerns de la collection.