Le Film
Critique de Julien Sabatier
Editeur
Edition
Coffret
Label
Zone
2
Durée Film
260 min
Nb Dvd
3
Avant-propos :
Le présent coffret renferme quatre réalisations de Robert Flaherty : Nanouk l’esquimau (1922 - 65 minutes), L’homme d’Aran (1934 - 73 minutes), The land (1942 - 41 minutes) et Louisiana story (1948 - 81 minutes).
L’histoire :
Des étendues glacées du pôle nord aux paysages marécageux de la Louisiane, le documentariste Robert Flaherty nous fait découvrir des Hommes qui doivent composer avec une nature inhospitalière.
Critique subjective :
A une époque où le cinéma documentaire a le vent en poupe , il est intéressant de remonter aux origines de ce genre cinématographique, de découvrir quelle était sa forme à ses débuts. En la matière, Robert Flaherty est un nom absolument incontournable. En effet, le cinéaste a été l’un des pionniers, sinon l’inventeur, du « film documentaire », expression utilisée pour la première fois à l’occasion de la sortie de Moana, l’une de ses oeuvres.
A l’instar d’un Merian C. Cooper ou d’un Ernest B. Schoedsack (deux réalisateurs s’étant aussi illustrés dans le documentaire avec Chang en 1927), Robert J. Flaherty est un cinéaste aventurier. Né en 1884, il sera notamment explorateur, cartographe et géologue avant de toucher à une caméra. C’est justement à l’occasion de voyages d’exploration effectués entre 1912 et 1919 que naîtra l’idée de consacrer un film au mode de vie des esquimaux. Non content de tourner ses images dans des conditions extrêmes, Flaherty développait quotidiennement ses films, les montait et les visionnait en compagnie de ses « acteurs », ceci afin de peaufiner ses oeuvres au fur et à mesure. Détail intéressant, les documentaires de Robert Flaherty étaient presque tous des films de commande. Nanouk l’esquimau a été financé par les frères Révillon (des célèbres fourreurs parisiens), The land a été produit par le ministère américain de l’agriculture et les deniers nécessaires au tournage de Louisiana story provinrent d’une compagnie pétrolière.
On peut relever une thématique récurrente dans toute l’oeuvre de Flaherty. Ce sujet leitmotiv, c’est la difficile « coopération » entre l’Homme et la nature, qui apparaissent à la fois opposés et solidaires. La terre offre bien des richesses mais ne les délivre pas facilement à l’être humain qui doit payer le prix fort (soit composer avec un environnement hostile) pour les obtenir. Nanouk passe ses journées à chasser pour se nourrir (le célèbre esquimau mourra d’ailleurs de faim peu après la sortie du film), les habitants de l’île d’Aran suent sang et eau pour cultiver leur terre caillouteuse et pêcher quelques poissons, les agriculteurs américains doivent faire face à des problèmes d’érosion qui compromettent la pérennité de leurs exploitations et les compagnies pétrolières peinent à extraire du pétrole des marais de la Louisiane.
Sur ses films, Flaherty part de personnes et de lieux réels pour construire lui-même un récit. Visuellement, le cinéaste est loin de se contenter d’une simple succession de plans séquences. Le montage est, chez le réalisateur, extrêmement travaillé et signifiant (voir la célèbre scène de pêche de L’homme d’Aran). Eu égard à ces pratiques, Robert Flaherty a souvent été accusé par ses détracteurs de travestir la réalité. L’igloo dans Nanouk l’esquimau était exagérément grand et dépourvu de toit afin de pouvoir y tourner, l’un des marins de L’homme d’Aran était en réalité forgeron et les habitants de cette île n’avaient pas pêché le requin pèlerin depuis soixante ans. C’est Flaherty qui leur a demandé de recréer cette pratique pour la fixer à jamais sur pellicule. Où s’arrête le documentaire et où commence la fiction ? Vaste débat. Flaherty avait coutume de dire « on doit parfois mentir pour atteindre la vérité ».
Si l’on excepte The land qui, bien que d’actualité aujourd’hui, n’en accuse pas moins le poids des années (la faute notamment à une voix of sentencieuse d’un autre temps), les films de Flaherty ont assez bien vieilli pour des documentaires de cette époque. On est loin de certains reportages cinématographiques poussiéreux qui paraissent aujourd’hui beaucoup plus datés. Des quatre films présentés ici, le meilleur est paradoxalement le plus « fictionnel ». Il s’agit de Louisiana story, une oeuvre qui possède un côté féérique réjouissant.
Verdict :
S’ils possèdent au moins un double intérêt (cinématographique et historique), les documentaires de Robert Flaherty ne sont pas forcément d’un abord facile pour le spectateur d’aujourd’hui. On les conseillera surtout aux cinéphiles désireux d’asseoir davantage leur connaissance du septième art.
L'image
Couleurs
Définition
Compression
Format Vidéo
4/3 n&b
Format Cinéma
1.33:1
Si les images des quatre documentaires sont loin du master du King Kong de 1933 (titre parfaitement restauré et disponible chez le même éditeur), elles n’en demeurent pas moins honorables pour des films d’un âge très avancé (Nanouk l’esquimau a plus de quatre-vingt ans !). Les films affichent tout de même les signes du temps : points, rayures et autres scories viennent entacher la pellicule. Bien entendu, plus le titre est récent et meilleure est la qualité de l’image (voir la différence entre le master de Nanouk l’esquimau et celui de Louisiana story). Compression(s) sans coup férir.
Langue
Type
Format
Spatialisation
Dynamique
Surround
Anglais
1.0
Des pistes mono fréquentables. On est loin d’un DTS limpide et tonitruant mais les titres ne datent pas d’hier. L’ensemble fonctionne malgré tout avec une certaine énergie et une relative clarté. A noter que Nanouk l’esquimau n’est pas parlant et que L’homme d’Aran avait été intégralement post synchronisé par les « acteurs » du film.
Les Bonus
Supléments
Menus
Sérigraphie
Packaging
Durée
97 min
Boitier
Coffret
- « Flaherty and film » Entretien avec Frances Flaherty sur Nanouk l’esquimau (8 minutes): La veuve et ancienne collaboratrice du cinéaste revient sur l’approche de Flaherty, l’objectif de ses films et la portée internationale qu’a eu Nanouk l’esquimau.
- « Filmer pour voir » Robert Flaherty et la mise en scène documentaire (40 minutes) : Bien qu’académique, il s’agit là du supplément le plus intéressant de cette édition. La mise en scène de Robert Flaherty y est savamment disséquée et expliquée. On apprend aussi de petites choses comme le nom de la glace servie à l’entracte (l’esquimau) ... qui provient du film consacré à Nanouk.
- « Looking back » Robert Flaherty raconte « L’homme d’Aran » (5 minutes) : Le réalisateur nous délivre quelques anecdotes sur le tournage de son documentaire.
- « Flaherty and film » Entretien avec Frances Flaherty sur « L’homme d’Aran » (16 minutes) : Mis à part quelques anecdotes, miss Flaherty se contente de décrire assez platement L’homme d’Aran dans ce bonus finalement pauvre en informations.
- « Flaherty and film » Entretien avec Frances Flaherty sur « Louisiana story » (28 minutes) : Beaucoup trop d’extraits du film dans un supplément où Frances Flaherty évoque notamment le cahier des charges établi par la production.
Bonus
Livret
Bande annonce
Biographies
Making of
Documentaire
Interviews
Com. audio
Scènes sup
Fin alternative
Galerie de photos
Story board
Multi-angle
Liens internet
Interface Rom
Jeux intéractifs
Filmographies
Clips vidéo
Bêtisier
Bonus Cachés
Court Metrage