« L'homme.
Remarquons au passage que si l'on dit « les animaux » au pluriel, on dit « l'homme » au singulier.
Parce que l'homme est unique.
De même, nous dirons que les animaux font des crottes, alors que l'homme sème la merde. L'homme est un être doué d'intelligence.
Sans son intelligence, il jouerait dans l'herbe ou ferait des bulles au lieu de penser au printemps dans les embouteillages. »
Pierre Desproges
Pierre Desproges : les animaux ne savent pas qu’ils vont mourir
Journaliste, écrivain, humoriste non conformiste, Pierre Desproges a marqué les années 80 avec ses textes décapants. D’abord journaliste à L’Aurore, il devient ensuite chroniqueur sur TF1 dans ‘Le petit rapporteur’. Il se fera particulièrement remarquer aux côtés de Daniel Prévost dans l’émission du dimanche de Jacques Martin. De 1980 à 1983 il est le procureur du ‘tribunal des flagrants délires’ où ses réquisitoires laissent des traces sur les nombreuses vedettes qui se succèdent dans l’émission. Mais il restera surtout ‘Monsieur Cyclopède’, du nom de la chronique qu’il anima entre 1982 et 1984 et qui suscita de nombreuses polémiques. À partir de 1984 il présente ses textes sur scène, poussé par son ami Guy Bedos. L’acteur-écrivain décédera malheureusement trop tôt, en 1988 alors qu’il avait à peine dépassé les cinquante ans.
Après avoir laissé passer un temps de deuil, c’est ici le metteur en scène Michel Didym qui décide de créer un spectacle musical à partir des chansons écrites par Desproges. Ces textes ont été mis en musique par le talentueux accordéoniste Johann Riche qui est accompagné sur scène des trois acteurs Daniel Martin, Clotilde Mollet et Philippe Fretun. Ensemble ils nous livrent un spectacle qui s’apparente au Music Hall et qui alterne sketches, monologues, chansons, danses, parodie du tableau « L'Angelus » de Millet…
Ce spectacle de bric et de broc peut sembler irrévérencieux pour un auteur aussi raffiné qu’a su l’être Pierre Desproges et on est effectivement bien loin de ses propres interprétations. Mais c’est sans doute là que réside la force de cette pièce : modifiant totalement la façon de présenter les textes de l’humoriste, Michel Didym est parvenu à créer une dynamique nouvelle et à montrer que ces écrits s’intègrent pleinement dans notre époque. On rit beaucoup, on est surpris par le talent des acteurs qui se révèlent aussi de très bons musiciens et le caractère anticonformiste de l’auteur ressort de la mise en scène avec ces masques d’animaux ou la très étonnante cacophonie de « Claramilène ».
« Les animaux ne savent pas qu’ils vont mourir » est donc un spectacle drôle et enjoué qui vous fera passer une excellente soirée, surtout si vous appréciez l’humour de Pierre Desproges. Les amateurs y découvriront d’ailleurs de nombreux inédits mêlés aux grands classiques, le tout avec une superbe interprétation des quatre artistes qui se révèlent doués de multiples talents.
Le spectacle est présenté en 4/3, mais l’éditeur nous a habitués à ce format et attend peut-être la HD pour passer enfin au 16/9ème ! Hormis ce point essentiel, l’image est d’assez bonne qualité, avec des couleurs précises et une compression qui reste bien maîtrisée.
Le spectacle est proposé avec une unique piste sonore stéréo (Dolby Digital 2.0). Dans l’ensemble, la diction est impeccable, mais à certains moments, le micro a un peu de mal à capter les acteurs qui se déplacent et il faudra ajuster le niveau sonore. Côté musique, une belle dynamique permet d’apprécier le jeu de qualité de ces acteurs décidément très polyvalents.
Pour compléter ce spectacle, l’éditeur France télévision distribution nous offre deux suppléments :
Autour de Desproges
La journaliste Charlotte Lipinska interviewe le réalisateur Michel Didym et le comédien Antoine de Caunes (simple spectateur !) sur la personnalité de Pierre Desproges. Ils reviennent également sur le style de l’écrivain qui avait été largement repris par de Caunes sur Canal plus. En seconde partie d’interview, nous découvrons Emmanuel Matte qui prépare également un spectacle avec des textes de Desproges.
Interview de Michel Didym
Le metteur en scène explique comment lui est venue l’idée de faire cette pièce et la façon dont elle s’est montée.