L’histoire :
Années soixante-dix. Un tueur en série surnommé « le zodiaque » sème la peur à San Francisco et nargue les autorités en leur envoyant plusieurs missives énigmatiques.
Critique subjective :
This is the Zodiac speaking. Dans une lettre adressée aux enquêteurs et à la presse, le tueur du zodiaque, ce serial killer qui ne fut jamais arrêté et tua 37 personnes entre 1966 et 1978, précise qu’il attend qu’on lui consacre un film. Son souhait sera exaucé, mais tardivement. Si le zodiac killer inspire le cinéma (voir le personnage de Scorpio dans L’inspecteur Harry), il faudra en effet attendre 2005 pour que le psychopathe ait véritablement son film à lui. 2005, soit l’année où s’annonce le tournage de Zodiac, une grosse production confiée à un réalisateur prestigieux (David Fincher), et où sort The zodiac, une petite série B réalisée par un quasi-inconnu (Alexander Bulkley). Les dates et les titres parlent d’eux-mêmes, The zodiac a tout de l’entreprise lancée pour surfer sur le buzz de Zodiac. Confirmation un peu plus tard, en France : Zodiac (Fincher) sort sur les écrans le 17 mai 2007 et The zodiac (Bulkley) est distribué en DVD 11 jours plus tard. Ironie du sort, cette stratégie commerciale opportuniste ne fera sans doute que desservir The zodiac …
Les moyens (financiers et autres) n’étant pas les mêmes, The zodiac souffre évidemment de la comparaison mais force est de constater que le métrage de Bulkley ne s’en sort finalement pas si mal, à son niveau. Si le réalisme forcené du film de Fincher (basé sur deux romans du journaliste Robert Graysmith), sa rigueur narrative exemplaire (les éléments s’accumulent mais tout demeure limpide pour le spectateur) ou encore sa forme totalement appropriée (reprise de plusieurs canons visuels du polar urbain des seventies) ne sont pas de la partie dans The zodiac, ce dernier parvient toutefois à tirer son épingle du jeu. Avec modestie, le film d’Alexander Bulkley fait le choix de se focaliser uniquement sur les premiers meurtres (l’intrigue s’arrête en 1969 alors que le tueur en série adepte des cryptogrammes a donné de ses nouvelles jusqu’en 1978). Il s’autorise également quelques distances avec la réalité historique. L’apport des journalistes du San Francisco chronicle passe ainsi à la trappe et l’on suit l’affaire uniquement du point de vue de la police, via le personnage de Matt Parish (qui correspond à David Toschi, l’agent qui fut réellement chargé de l’enquête), un inspecteur pour qui la traque du Zodiaque (tueur très théâtralisé dans le film) devient une véritable obsession (sa vie familiale en prendra un coup). Tout n’est donc pas rigoureusement vrai (et le casting est loin d’être des meilleurs !), mais l’on suit cette histoire sans ennui, aidé en cela par des visuels qui sonnent juste (production values efficaces dans la reconstitution des années soixante-dix, belle photographie et mise en scène correcte).
Verdict :
Petit polar un peu « passe-partout » ne faisant jamais d’étincelles, The zodiac tient néanmoins la route et s’impose comme un spectacle tout à fait regardable. Impossible toutefois de ne pas lui préférer le Zodiac de David Fincher, un long-métrage autrement plus à la (dé)mesure de cette singulière histoire vraie.
Des visuels de qualité. La belle photographie dans les tons sépia est habilement restituée à l’écran grâce à une colorimétrie au poil. Les nombreuses scènes très obscures sont traitées avec soin, la compression adoptant toujours le mode furtif. On regrettera juste un très léger manque de piqué sur le master.
Trois pistes sonores de bonne tenue, deux (DD 5.1 et 2.0) pour la version originale et une (DD 5.1) pour la VF. Si le 2.0 est solide, les pistes 5.1 le surclassent très largement avec un rendu dynamique, limpide et bien spatialisé. Dommage que les basses soient peu sollicitées et que les doublages (sur la piste française donc) s’avèrent quelque peu « surdosés » par rapport au reste. Un bon confort d’écoute global toutefois.