"Le petit Bougnat" est un jeune garçon habitant Sarcelles, qui veut absolument rejoindre ses copains en colonie de vacances, alors que sa voisine, La grande « Rose », elle, ne veut absolument pas y aller. Une rencontre insolite qui unira ces deux opposés.
De la même manière que « Bébert et l’omnibus » de Yves Robert ou encore « La guerre des Boutons » du même réalisateur, « Le petit bougnat » est « un film de gosses ». Un film où les personnages principaux sont forcements des enfants, plongés dans une aventure, simple mais toujours sujet à bon nombre de facéties. Que ce soit une guerre innocente entre petite bande avec un bambin particulièrement attachant, ou encore l’errance surprenante dans un train, ou bien encore la fugue vers un idéal d’un petit garçon rêveur.
Une innocence qui fait sourire les adultes et ravie les enfants. Mais une innocence qui a parfois ses limites, particulièrement lorsqu’un scénario n’arrive pas à puiser totalement l’essence d’une telle aventure. C’est le cas du « Petit Bougnat », le scénariste François Boyer, à qui l’on devait déjà notamment le très bon « Jeux Interdits de René Clément ou encore « La guerre des boutons », semble ici trouver ses limites, et son scénario ne fait jamais que survoler cette histoire d’amitié et d’unité que l’on retrouve chez les enfants. Comme une sorte de faiblesse de l’écrivain, François Boyer accumule les scènes avec des dialogues dont l’humour ne parvient jamais réellement à susciter l’effet escompté.
Il en va de même pour la réalisation. Bernard Toutblanc-Michel (Le malin Plaisir) nous offre des moments autant croustillants que parfois à la limite du mauvais goût, comme cette scène où la grande « Rose » essaie de déculotter le petit héros. Laissant libre court à l’imagination des enfants, il en oublie parfois une certaine rigueur, qui laisse souvent l’amateurisme de ces jeunes comédiens brouiller la qualité de certaines scènes. Pourtant, c’est au cœur de ces scènes que l’on trouvera le meilleur du film. La spontanéité des enfants provoque souvent une justesse de ton surprenante et l’ensemble devient donc subitement incroyablement juste et laisse le jeu des adultes à la dérive, car ces derniers se révèlent particulièrement mauvais.
Au milieu de tout cela, le charme naissant de la belle Isabelle Adjani (L'été meurtrier, La reine Margot) resplendi déjà. Irrésistiblement ambiguë, fabuleusement attachante, elle use innocemment de son charme et cela marche. Et même si le ton n’est pas forcément juste, son énergie tient le spectateur en haleine et l’on assiste sans en douter à la naissance d’un mythe. Bien que facile à dire, au vue de l’ancienneté du film, et du parcours de l’actrice, « Le petit Bougnat » sans être le chef d’œuvre du siècle, n’en reste pas moins Le film qui vit naître la star.
De plus malgré la simplicité de son histoire, il n’en reste pas moins une légère ode à la tolérance, une naïve histoire d’amitié et d’unité. Car même si le jeune garçon est appelé Bougnat, pour lui rappeler qu’il n’y pas beaucoup de noir à Clermont-Ferrand (point besoin de lever les fourches du racisme, il suffit simplement de resituer le film dans son époque), il n’en reste pas moins un membre à part entière de la bande de gamins, et l’innocence de l’enfance fait que la couleur ne devient en aucun un obstacle à leur unité.
En conclusion, le film qui a vu naître le mythe d’Adjani, s’il n’est pas un chef-d’œuvre, n’en reste pas moins un agréable divertissement.