Elle débarque dans un petit village de l’arrière pays, une valise à la main, minijupe et talons hauts en étendard. Pinpon, un garagiste rêveur et pompier volontaire tombe sous le charme mystérieux de l’étrangère et l’épouse. Le piège est en place…
Deuxième volume de la collection Adjani, édité par M6, « L’été Meurtrier » reste certainement l’un des films les plus marquants de la carrière de l’actrice. Un rôle qui met parfaitement en évidence cette dualité qui se mue en son personnage et la capacité de la star de jouer de son physique enfantin, quelque peu candide et si fragile, cachant une force et une détermination. En soit le personnage d’ « Elle », est une réussite totale pour l’actrice et une sorte de seconde peau. On la découvre à chaque plan un peu plus séduisante et voluptueusement sensuelle dans les scènes les plus intimes. La beauté d’Isabelle Adjani respire à chaque image et illumine le film tout en y insufflant une certaine gravité. « Elle » n’est pas simplement venue se venger, elle est aussi venue soigner une blessure qu’elle entretient constamment en forçant sa mère à lui raconter le passé. Une douleur ouverte et ré ouverte sans cesse pour mieux laisser la haine prendre une importance et ainsi faire s’abattre sur ceux, qu’elle juge responsable, un flot de feu venu du fond des ténèbres.
D’une mise en scène résolument efficace, « L’été meurtrier », ne laisse personne indifférent. Les plans se veulent volontairement subjectifs pour mieux entraîner les spectateurs dans les méandres du personnage. Et ainsi les laisser se faire prendre au piège tout en assistant à une vengeance qui se voulait implacable, mais qui se révèlera plus douloureuse que salvatrice. Jean Becker (Les enfants du marais, un crime au paradis) signait là son grand retour après près de 20 de silence. Un retour qui se révéla tonitruant et particulièrement réussit, tant la mise en scène se révèle à l’image de son histoire, à savoir autant pudique que particulièrement crue, ou encore aussi douce que violente. Sa caméra se fait tantôt le témoin impassible d’une cruauté implacable, tantôt le doigt du peintre qui magnifie la superbe plastique d’Isabelle Adjani. Sans jamais sombrer dans la caricature, il nous offre un film tendre et violent, dont les couleurs contrastent avec la froideur de son sujet.
Mais il serait particulièrement injuste de ne pas souligner la composition criante de vérité et d’une justesse incroyable que nous offre Alain Souchon (Tout feu Tout Flamme, Le vol du sphinx). Il traîne son personnage, comme un vieux vêtement que l’on se refuse à enlever. Pinpon est devenu sous les traits du chanteur, comme une seconde peau, un clone saisissant. Tout en rêves assumés, et en douceur obligée, Alain prend possession de son personnage et forme avec Isabelle Adjani, l’un des couples les plus probables du cinéma français.
En conclusion, un chef-d’œuvres déroutant, émouvant qui ne doit ses oscars qu’à la magnifique mise en scène du réalisateur, et à l’incroyable talent d’Alain Souchon, mais aussi et surtout à l’incroyable interprétation d’Isabelle Adjani qui transcende littéralement l’ensemble. A ne pas manquer donc !