Feast

L’histoire :

Barricadés dans un petit bar paumé aux confins du Texas, des malheureux vont subir les assauts d’étranges créatures dont les intentions sont loin d’être pacifiques.

Critique subjective :

Curieuse genèse que celle de Feast (John Gulager – 2006). A l’origine du métrage, il y a Project greenlight, une émission de TV réalité parrainée par Ben Affleck et Matt Damon et dont l’objectif est d’offrir à de jeunes talents la possibilité de mettre le pied à l’étrier. Pour sa troisième saison, Project greenlight augmente son audience (jusqu’alors faiblarde) en décidant de financer un film de genre. Les lauréats du concours seront les scénaristes Patrick Melton et Marcus Dunstan ainsi que l’aspirant réalisateur John Gulager. Suivra un tournage harassant et houleux (Gulager sera parfois à deux doigts d’être « remercié »). Après maintes embûches (le film nécessitera notamment une rallonge budgétaire), Feast sortira dans une combinaison réduite de salles américaines puis investira rapidement les bacs DVD.

L’intrigue de Feast rappelle beaucoup celle d’Une nuit en enfer. Résumé : dans un bar miteux perdu au fin fond du Texas, des personnages bariolés (casting sympathique auquel figurent Henry Rollins, Balthazar Getty et Jason Mewes) vont être les proies d’hargneuses créatures bien déterminées à ripailler goulûment. Plutôt convenu, le scénario du film est néanmoins parsemé de quelques bonnes idées : une poignée de rebondissements inattendus, des personnages que l’on n’hésite jamais à sacrifier (le premier assaut des monstres sera dévastateur) et surtout des créatures hautes en couleurs qui, bien chaudes de la fesse, sautent littéralement sur tout ce qui bouge (l’une d’elles ira jusqu’à copuler frénétiquement avec la tête d’un cerf empaillé) et se reproduisent entre elles à la vitesse grand V (l’accouchement succède presque aussitôt au coït).

Si le début de Feast ne laisse pas augurer du meilleur, que ce soit via la présentation des personnages (qui pose d’emblée un distanciation teintée de cynisme) ou du côté d’une mise en scène limitée (la caméra se contente de s’agiter dans les scènes les plus tendues), le niveau remonte quelque peu par la suite, ceci grâce à un jeu assez pertinent sur les codes du genre. Mais ce sera avant tout un aspect série B horrifique (version années 80 / 90) qui emportera l’adhésion. Tout est là : un scénario simple, un lieu unique, un film de courte durée, des monstres en latex (pas l’ombre d’un effet numérique), du gore généreux et une progression narrative très rapide (on rentre presque aussitôt dans le vif du sujet). A cela vient s’ajouter une bonne dose de fun et d’humour potache, comme lorsque l’une des créatures se fait sectionner le sexe dans une porte !

Verdict :

Pas complètement maîtrisé et même joyeusement bordélique (on sent que sa conception a été agitée), Feast ne restera pas dans les annales du genre. Il n’en demeure pas moins une petite série B horrifique suffisamment sympathique pour s’occuper assez plaisamment un samedi soir.

Une restitution visuelle sans défauts notoires. Ce transfert DVD est propre et sans bavures. Netteté et bonne gestion des couleurs sont au rendez-vous. Malgré des visuels souvent obscurs, la compression ne flanche jamais. Très satisfaisant donc.

Des pistes 5.1 placées sous le signe de l’efficacité. Le rendu sonore est énergique (même si l’on aurait souhaité un peu plus de nervosité dans certains passages), clair et bien réparti. On préfèrera une VO plus efficace dans les scènes d’attaque (dynamique et ampleur supérieures à la VF).