Chine, Xème siècle, Dynastie Tang. De retour à la Cité Interdite après une longue absence, l’empereur découvre qu’un complot se trame au cœur même de son palais. Les dangereuses alliances et les manipulations des conspirateurs n’ont qu’un seul but : prendre le pouvoir du plus grand empire au monde. La trahison viendra de l’intérieur : Une rébellion menée par la reine elle-même.
On le sait maintenant, le cinéma chinois est intéressant sous bien des aspects. Surtout lorsqu’il s’intéresse à son histoire, celle du plus grand et surtout du plus long empire féodale. Un empire où mysticisme, honneur et tradition engendrait inévitablement, jalousie, complots et traîtrises. Une telle richesse patrimoniale méritait d’être enfin reconnu du monde entier. Et la Chine a, semble-t-il, définitivement trouver son plus grand ambassadeur, en la personne de Zhang Yimou. Le réalisateur après « Le secret des poignards Volants » et surtout le très beau « Héro », (qui à l’époque était déjà le film le plus cher du cinéma chinois), revient avec un nouveau défi au budget de 45 Millions de Dollars.
Revisitant avec panache l’histoire de la Chine féodale, le réalisateur jalonne son propos de personnages fictifs mais totalement crédibles dans un décor somptueux, où le souci de détail frise la paranoïa. N’hésitant pas à faire une copie des couronnes originales, les décorateurs ont su donner à la magnificence et au mystère de cette « Cité Interdite » une somptuosité rarement égalée. Avec un titre moins traître que l’original « La révolte des armures dorées », « La cité Interdite » est une superbe peinture de cette monarchie féodale où bien plus qu’un monarque, l’empereur était un dieu inapprochable, aussi solitaire que puissant. Pour pouvoir retranscrire toute la richesse tant matérielle que spirituelle de cette dynastie, comme le fit en son temps le réalisateur Bernardo Bertolucci avec « Le dernier empereur », l’équipe n’a pas lésiné sur les moyens pour permettre aux spectateurs de plonger complètement dans l’univers fermé de cette cité impériale.
S’appuyant sur un scénario impeccable, Zhang Yimou nous conte une fable sur la puissance isolatrice de l’empereur Ping. Une puissance qui provoque autant de jalousies de complots et de fourberies que la solitude amène d’aigreur, de tristesse et parfois même de détresse. Loin de tous les clichés tout en y restant proche, les scénaristes amènent sur la table de l’empereur tout ce qui fait le mal d’une telle monarchie. Les amours interdits, les déceptions des unes et des autres qui finissent pas se transformer en désir de vengeance, les enfances brimés de la solitude des puissants, tout y est distillé au fil de deux heures d’histoire passionnante, mise en scène avec brio par ce réalisateur hors du commun. Visuellement spectaculaire, « La cité interdite » est une véritable leçon de spectacle, particulièrement lors des scènes de combats.
Celui-ci peut d’ailleurs entièrement se reposer sur les compositions impeccables de ses acteurs. Gong Li (Epouses et Concubines, Mémoire d'une Geisha) et Chow Yun Fat (Tigre et Dragon, Pirates des Caraïbes 3)forment un couple autant improbable que terriblement efficace et crédible. L’actrice émeut jusqu’au plus profond de l’esprit du spectateur par un simple mouvement du regard, une simple insistance du geste. Chow Yun-fat quand a lui oscille entre dureté et solitude mâtinée de tristesse et de déchirement. Jamais empereur qu’il soit chinois ou occidental ne fut autant crédibilisé par la composition d’un comédien. Même constat à faire avec le jeune Jay Chou (Initial D), qui avant d’entamer une carrière remarquable au cinéma est surtout connu en Chine pour être un jeune chanteur pop. Le jeune homme donne une image mesurée de ce fils protecteur et guerrier qui n’hésite pas à donner sa vie pour l’honneur des siens. Jamais dans le sur-jeu comme cela est souvent le cas dans le cinéma asiatique, les acteurs sont d’une incroyable justesse qu’il est particulièrement bon de souligner.
En conclusion un film chinois à gros budget, qui à le mérite de ne pas se laisser dépasser par ses ambitions, et qui dépeint avec majesté une page de l’histoire de ce pays au passé féodal particulièrement marquant. Une véritable réussite !