Accio, La teigne, crée le désespoir de ses parents. Il est farouche, polémique, bagarreur et a les nerfs à fleur de peau. Il agit par instinct, vivant chaque bataille comme une guerre. Son frère Manrico est beau, charismatique, aimé de tous, mais tout aussi dangereux.
Déjà réalisateur de « La semaine du sphinx » dans lequel il rend hommage à François Truffaut, Daniele Luccheti revient avec une superbe adaptation du roman d’Antonio Spandrels « Il fasciocomunista ». Une œuvre pleine de violence et de tendresse sur les liens fraternels, autant que sur les paradoxes d’une Italie qui ne cesse d’osciller entre souvenirs honteux d’un fascisme passé et tentative incertaine vers une politique moins radicale. Accio dit « La teigne » cherche son chemin à travers les méandres sociaux politiques de ce pays fascinant par ses paradoxes constants.
Jamais dans la caricature, le réalisateur profite des relations entre deux frères, apparemment opposés, mais qui semblent pourtant si proches l’un de l’autre. Divisés par des idées politiques, de caractères sensiblement éloignés, l’un et l’autre s’affrontent pour mieux se retrouver, se battent pour mieux s’aimer, et finissent par se retrouver au détour d’une idée. L’un en constante opposition avec le monde qui l’entoure, égoïste et détestable, l’autre se battant pour l’égalité, avec charisme, douceur et force. Les deux frères s’opposent en politique ou en communauté, mais se retrouve dans l’amour d’une femme.
Porté par une distribution particulièrement bien inspirée, à commencer par le jeune Vittorio Emanuele Propizio, qui pour son premier rôle nous donne une composition parfaite et totalement crédible pour ensuite laisser le relais à Elio Germano que l’on avait déjà remarqué dans le très remarquable « Romanzo Criminale ». L’acteur se laisse porter par son personnage aussi violent que seul au monde, isolé en multitude par ses idées et son incapacité à réellement comprendre ce qui l’entoure. L’acteur se veut juste et n’hésite pas à s’ouvrir totalement lorsque l’amour fait tourner la tête de ce jeune rebelle candide.
Côté scénario, la justesse et la rigueur sont aussi de mise. Celui-ci se veut une adaptation fidèle du roman et se concentre surtout le parallèle que l’on peut faire entre les relations fraternelles et cette étrange relation qu’entretiennent les Italiens, avec des idées foncièrement de gauche, mâtinées de nostalgie des années Mussolini. Le scénario pose ses questions sans jamais tout à fait porter de jugement pour ne pas sombrer dans la satire social. Si le titre italien du roman ne laisse aucune place à l’ambiguïté, quand au dessein de son auteur, le film se veut un peu plus en retrait.
En conclusion, un film passionnant et passionné qu’une distribution et un scénario particulièrement inspiré est à relever. Le cinéma Italien apparaît sous son plus beau jour.