Roman de Gare

Judith Ralitzer, femme fatale, auteur à succès, est en quête de personnages pour son prochain best-seller. Un tueur en série vient de s’échapper de la prison de la santé ! Huguette, midinette, coiffeuse dans un grand salon parisien, va changer leur destin. Il y a des rencontres plus fatales que d’autres…

Dès les premières images de « Roman de Gare », on comprend que ce nouveau Lelouch, marque un nouveau tournant dans la carrière du réalisateur. D’abord signé sous le pseudo de Hervé Picard en référence à … son ancien entraîneur de Tennis, le réalisateur finit pas en assumer totalement les choix et grand bien lui en prenne, puisque « Roman de Gare », signe le retour de Claude Lelouch, à une réalisation plus traditionnelle avec une structure moins confidentielle et un scénario solide.

La surprise est d’autant plus grande que la trame multiplie les fausses pistes, avec simplicité certes, mais surtout avec efficacité, entraînant le spectateur dans les méandres de cette énigme où les personnages se mélangent à la fiction qui se construit dans l’esprit des protagonistes. Le scénario de Claude Lelouch est maîtrisé en totalité, chaque personnage devient un morceau de puzzle qui ne prend son effet qu’à la fin, à la manière de ces grands polars qui fourmillent dans notre vidéothèque idéale. Fini les structures où l’improvisation prenait le pas de la construction, où le réalisateur lui-même semblait se perdre dans un discours qu’il ne parvenait plus à maîtriser, ici chaque mot est pesé, chaque geste est une partie d’un ensemble qui se dévoile peu à peu sous nos yeux, pour mieux nous confondre.

Le jeu des comédiens aide effectivement à ce que l’ensemble soit une véritable réussite. Dominique Pinon (La cité des enfants perdus) par exemple, se révèle courageux et juste dans l’ambiguïté. Il parcours le film parfois dangereux, parfois triste souvent tendre. On le suit dans l’aventure en se laissant prendre à l’exactitude de la performance. Impossible de ne pas en dire autant de la prestation de Fanny Ardant (Vivement Dimanche) qui continue à nous éblouir par ce jeux qu’une voix particulièrement sensuel vient imposé dans ce puzzle étrange mais tellement maîtrisé.  Mention spéciale à Audrey Dana (Nos amis les terriens) qui porte pratiquement totalement le film sur ses épaules. Elle impose sa prestation pourtant pas si évidente dès les premières apparitions.

En conclusion, « Roman de gare » surprend par le changement de style du réalisateur. Ce dernier nous livre une œuvre beaucoup plus abordable et plus maîtrisée que les précédentes. Car si ce dernier ne s’était pas illustré ces dernières années, la grâce vient de le retrouver.