Ann, George et leur fils Georgie profitent de leur maison de campagne. Deux charmants jeunes hommes leur rendent une visite inattendue : bien éduqués, éloquents, ils arborent un sourire radieux et de jolis survêtements blancs. Ces derniers veulent leur faire participer à un jeu. Les règles sont simples : « Vous pariez que vous serez toujours vivants demain à 9h00 ? Nous parions que vous serez déjà morts. Partants ? »
Un remake d’ un film européens par les studios américains est rarement une bonne nouvelle, particulièrement lorsqu’il s’agit d’une œuvre aussi particulière que « Funny Games » de Michael Haneke, qui avait en 1997, divisée les critiques, les uns trouvant le film insupportablement violent, les autres magnifiquement terrifiant. Alors quand le studio américain annonce que ce remake sera réalisé par Michael Haneke lui-même, on se retrouve face à deux questions : Qu’est ce que le réalisateur peut bien trouver comme nouvelles idées ? Ensuite quel est l’intérêt ?
Les réponses à ces questions se trouvent à l’écran. Le réalisateur reprend pratiquement plan par plan l’original et lui insuffle une atmosphère encore plus opaque en insistant un peu plus sur la folie des deux jeunes visiteurs. Mais ce qui fait réellement la force de ce film, c’est l’intégrité que le réalisateur à su garder dans son œuvre. En effet, la violence est tout aussi suggérée que dans l‘original, mais elle sait se montrer discrètement à l’écran au point de terrifier le spectateur. Michael Haneke force le spectateur à supposer la suite des évènements pour finalement l’attirer dans un autre piège. Une violence qui se fait plus marquante pour mieux happer le vidéaste et le faire devenir voyeur passif et autant terrifié que les victimes de l’histoire. Michael Haneke maîtrise à la perfection les ambiances terrifiantes de son histoire et ne cesse de jouer sur la sensibilité du spectateur, au point d’en réaliser une œuvre encore plus insoutenable que l’originale.
Aidé en cela par une interprétation impeccable, le remake devient d’un seul coup une œuvre à part entière. Naomie Watts( The ring, King Kong) semble d’ailleurs transcendée par ce rôle de mère intuitive et incapable de faire face à la terreur qui vient de s’installer dans leur foyer, par le biais de ces deux jeunes hommes propres sur eux, mais à l’esprit noyé de sang, magnifiquement interprétés par Michael Pitt (Les Innocents, Bully) d'abord qui offre une composition exceptionnelle, qui ne devrait pas tarder à rejoindre le firmament des méchants les plus terrifiants et de Brady Corbet (Thirteen, Mysterious skin) ensuite qui vient faire l’inévitable contrepoids avec l’intelligence perverse de son comparse. Mais il serait particulièrement injuste de ne pas saluer l’impeccable interprétation de Tim Roth (La planète des Singes, L'incroyable Hulk) que l’on découvre dans un rôle à des années lumières des méchants qu’il avait pu interpréter auparavant. Mais je n’oublierai pas non plus l’interprétation tellement juste du jeune Todd Gearhart que l’on a réellement envie de sortir de cet enfer, tant sa prestation est juste au moindre détail.
En conclusion, « Funny Games US » reprend quasiment plan par plan l’original, mais le transcende et devient un œuvre à part entière. Michael Haneke fait naître dans cette nouvelle version les horreurs de nos esprits les plus enfouies. Le réalisateur maîtrise le thriller comme personne, et « Funny Games US » devient d’un coup un cauchemar dont on a énormément de mal à sortir, même après le générique de fin.