L’histoire :
Embarqué pour un long voyage à bord du transsibérien, un couple d’américains va rencontrer deux jeunes gens quelque peu étranges et se faire entraîner dans une sombre affaire.
Critique subjective :
Brad Anderson est un auteur, un auteur passionnant. Et comme beaucoup d’auteurs passionnants, l’homme a ses obsessions. Qu’il tourne un scénario qu’il a rédigé, coécrit ou seulement choisi, il aime à y trouver certaines thématiques : la culpabilité, la paranoïa, la schizophrénie naissante. C’est surtout par le biais d’œuvres à l’argument fantastique discret, habitées par des personnages tourmentés (Session 9, The Machinist, Sounds like), que le cinéaste a pu jusqu’alors explorer ces sujets, sans jamais verser dans la redite.
Nous parvenant directement sous forme de DVD (à un moment où d’indignes DTV polluent gaiement les salles obscures …), Transsiberian est un thriller, ce qui nous rappelle que, si Brad Anderson est avant tout connu pour ses bandes fantastiques, il s’est aussi illustré dans d’autres genres, au cinéma (la comédie avec The Darien gap, Et plus si affinités ou encore Happy accidents) et pour le petit écran (où il a notamment œuvré dans le polar avec Homicide, The shield et Sur écoute). Pas d’argument fantastique pour ce nouveau long-métrage, mais une persistance des thématiques chères au réalisateur. On ne se refait pas.
Transsiberian peut se définir come un huis clos roulant (de Pékin à Moscou) dont les arrêts apparaissent comme autant d’espaces de respiration, tour à tour bucoliques (la découverte de lieux et de populations bien éloignés des sentiers touristiques), oniriques (le voyage jusqu’à la petite église en ruine) ou cauchemardesques (les scènes dans la base aérienne désaffectée). A bord du fameux train, on suit un couple d’américains, Ray (Woody Harrelson) et Jessie (excellente Emily Mortimer), qui va faire la connaissance de deux jeunes gens avenants mais quelque peu suspects, Carlos (Eduardo Noriega, magnétique) et Abby (Kate Mara). Et les relations de devenir de plus en plus ambigües, particulièrement entre Jessie et Carlos. Des non-dits aux tensions ouvertes … le sang finira par rougir la neige.
Cristallisés par le personnage de Jessie, les thèmes du mensonge et du remord (écrasante sensation de culpabilité) sont encore traités d’une main de maître par Brad Anderson (voir les excellents passages où poupées gigognes et photographies deviennent de véritables fardeaux en tant que révélateurs d’un acte inavouable). Difficile d’en dire davantage sous peine de déflorer l’intrigue. On se contentera d’ajouter que le métrage prend souvent des directions inattendues (comme lorsque la violence graphique surgit sans crier gare) et ménage de beaux moments de suspense.
Verdict :
A l’arrivée, Transsiberian s’impose comme une œuvre imparfaite (le début est quelque peu poussif et l’ensemble n’a pas le panache d’un The Machinist) mais loin d’être inintéressante (ne serait-ce que pour l’impressionnante capacité de Brad Anderson à couler ses obsessions dans un tout autre genre). A découvrir.
- Bande annonce (2 minutes).
- Making of (34 minutes) : Retour sur l’histoire, les personnages, le tournage (surtout le choix des décors et la photographie du métrage) et la pré production (financement et casting). Un supplément assez lambda, mais pas déplaisant pour autant.
- Filmographies.