De nos jours en Alabama, Evelyn Couch, femme au foyer, mène une existence monotone, jusqu’à ce qu’elle rencontre Ninny Threadgood, une vieille dame extraordinaire, qui va lui redonner goût à la vie. Celle-ci, lui raconte sa jeunesse, 60 ans plus tôt, à Whistle Stop, petite bourgade du Sud des Etats-Unis.
Il y a un véritable souffle d’humanité dans « Beignets de Tomates Vertes », ce petit quelque chose qui fait se sentir bien, qui émeut et qui donne un nouveau regard sur nos existences. Un film où les femmes souffrent autant qu’elles donnent cet amour qui manque parfois aux hommes. Le réalisateur Jon Avnet ( A chacun sa guerre, Personnel et Confidentiel) nous livre là une impressionnante fable sur l’Amérique profonde, qu’elle soit dans les années 30 ou de nos jours. Une société où les hommes paradent autant qu’ils oppressent, où les femmes donnent plus d’humanité et acceptent beaucoup plus les errances, tout en faisant preuve d’une force incroyable et d’un regard plus sensé sur les êtres qui les entourent. Le réalisateur plonge le spectateur dans une satyre sociale passionnante sous fond d’intrigue policière, qui n’est finalement qu’un simple argument pour mieux exprimer les sentiments perdus des héroïnes, et ainsi insuffler, à travers la narration des souvenirs de Ninny, l’insignifiance de l’existence d’Evelyn qui lui apparait soudainement au grand jour. Mais le réalisateur a cette intelligence de ne pas mettre trop d’espace entre ses personnages et le spectateur, l’amenant en douceur à réfléchir sur sa propre vie.
Alors bien sur une telle réussite, n’eut été possible sans le concours d’une distribution impressionnante, à commencer par Kathy Bates qui, après avoir terrifié le monde avec son interprétation d’Annie Wilkes, la terrifiante psychopathe de « Misery », parvient au tour de force d’attendrir les salles entières avec une composition doucement lunaire d’Evelyn. Totalement irrésistible, la comédienne illumine l’écran de sa présence et joue à merveille la carte de l’émotion pure. Dans une composition parfaitement maitrisée, elle transcende son rôle et donne un véritable reflet de l’existence des spectatrices subjuguées. Il en va de même pour les autres actrices telle que Mary Louise Parker (Les Chroniques de Spiderwick, L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford) qui donne une composition impressionnante de justesse et d’ambigüité au personnage de Ruth Jameson.
En conclusion, « Beignets de Tomates Vertes » est un vrai film qui titille la sensibilité des unes et des uns, mais c’est surtout une véritable réussite qui donne une véritable regard humaniste sur notre société actuelle et passée.