Trahi et envoyé aux galères par ses amis Romains, Ben-Hur, un prince juif, va tenter de regagner sa liberté et revenir pour se venger.
Bien sur, tout a déjà été dit sur ce chef d’œuvre absolu du 7ème art, tant par l’intelligence de son scénario, que par l’incroyable inventivité (sinon audace) de la mise en scène, « Ben-Hur » est une réelle leçon de cinéma. Car du haut de ses cinquante ans, le film de William A. Wyler, ne semble jamais pouvoir connaître d’œuvre suffisamment forte pour le détrôner.
Audacieux en tout, dans les décors pharaoniques, dans la distribution incroyablement menée, un scénario qui n’hésite pas le parallèle biblique, pour mieux affirmer la dramaturgie de l’ensemble, le réalisateur offre une œuvre incroyablement longue et parfaitement rythmée, tout en multipliant les scènes grandioses, comme la scène de course de chars, qui prouve à elle toute seule la maîtrise du réalisateur autant que son ambition, ou encore la mort du christ qui ne sont pas sans rappeler l’audace d’un certain Cecil B. De Mille et ses « 10 Commandements », qui avait déjà, lui-même, donné sa confiance à Charlton Heston (Les 10 Commandements, La planète des singes) pour porter sur ses épaules l’intégralité du film.
Et une fois de plus, l’acteur s’empare du rôle et lui donne une dimension Shakespearienne, en donnant son inspiration, dans cette carrure incroyable qui lui valu certains des rôles physique les plus marquants du cinéma. Ici Charlton Heston se laisse emporter par l’aspect biblique de l’histoire et William Wyler parvient avec brio à donner une couleur et une dimension au jeu de l’acteur. Le duo d’ailleurs qu’il forme avec Stephen Boyd (La Bible, La chute de l’empire Romain) reste l’une des oppositions les plus crédibles du cinéma. Le second semble d’ailleurs s’être fait une spécialité du port de la jupette, à en croire sa filmographie.
Mais la grande force de Ben-Hur reste cet incroyable équilibre entre le scénario particulièrement judicieux pour l’époque et l’effusion de moyens mis en œuvre pour rendre le film encore plus spectaculaire. Les scénaristes avec à leur tête Karl Tunberg (La vallée des Rois) s’offrent le luxe d’écrire une histoire biblique tout en restant fidèle à l’œuvre de Lee Wallace et de lui donner une dimension aussi extravagante que les décors de Hugh Hunt (Jules César). L’histoire est simple finalement, mais son traitement et l’association des scènes spectaculaires en font une œuvre complexe et parfaitement maîtrisée.
Inventif jusqu’au montage parfois surprenant, William Wyler (Les Hauts de Hurlevent, Vacances Romaines) réinvente le cinéma en voulant copier celui de Cecil B. De Mille. Le réalisateur utilise les silences, magnifie l’espace, ne laisse rien au hasard et présente une œuvre fabuleusement dramatique, et incroyablement intemporelle.
Pour finir, car tout ayant été dit sur Ben-Hur, il n’est pas la peine d’en rajouter, il faut simplement dire que Ben-Hur est un chef- d’œuvre comme il ne s’en fait plus, avec une histoire simple, mais universel, une mise en scène ingénieuse et des décors gigantesques aux service du spectacle, le tout agrémenté d’une distribution incroyablement inspirée et le résultat est saisissant.