A Los Angeles, comme chaque matin, Fausto et Jesus, deux travailleurs mexicains clandestins, attendent au coin d’un terminal de bus dans l’espoir d’être embauchés. Les tâches sont ingrates et très mal payées, mais la nécessité de gagner un peu d’argent leur met une pression intense. Aujourd’hui, ils ont trouvé un travail beaucoup mieux payé et moins fatiguant. Leur outil de travail est un fusil.
Malgré ce que la jaquette du Dvd veut bien en dire, « Los Bastardos » n’est pas un film où les héros s’entretuent pour conquérir un territoire, non, c’est un film qui parle de la douleur d’une population au profit d’une autre. De la même manière que « Sleep Dealer », « Los Bastardos » plonge le spectateur dans les relations ambiguës qui se sont nouées entre le Mexique et les Etats-Unis. Une relation où le dernier profite allègrement du premier sans forcément s’intéresser à la souffrance de son « esclave ». Ici on marchande les heures de salaires, on attend la bienveillance des uns et l’on craint l’avidité des autres. Le regard des personnages en dit long d’ailleurs sur cette situation.
La mise en scène du réalisateur Amat Escalante (Sangre), se veut à l’image de sa (très !) longue scène d’ouverture, contemplative. On pose les ambiances pour mieux imprégner le spectateur de cette froideur qui entoure les deux personnages principaux. Le jeune réalisateur, qui signe là son deuxième long métrage prend son temps, laisse les sensations se mettre en place d’elles-mêmes et ne les brusque en aucun cas. Une force qui devient vite un défaut lorsque le rythme commence à manquer. De la même manière que Michael Haneke l’avait fait avec « Funny Games », Amat Escalante laisse la haine parler et diriger les non-dits. Ainsi les personnages évoluent-ils en toute sobriété, parfois même en toute lenteur, comme le dialogue entre l’américaine et son fils.
Et le jeu des comédiens, en majorité amateurs, y est pour beaucoup dans cette ambiance pesante. Car leur manque de nuance, dans le jeu, rend, encore plus, le discours du film plus crédible dans cette étrange relation qui existe entre les mexicains et les américains. Une passivité de la part des premiers, qui masque une haine chaque jour grandissante pour ceux qui ont tout, mais qui ne donne rien. Le jeune Ruben Sosa, y est pour beaucoup tant son regard ne semble pas prompt à montrer le moindre sentiment. Il s’en sortira pourtant avec une composition sobre mais juste.
En conclusion, « Los Bastardos » est un film à l’ambiance sombre et parfois même austère qui revient de manière originale et particulièrement percutante, sur les relations tendues qui existe entre les populations mexicaines et américaines.