J.r.r. Tolkien, maître des anneaux

Le reportage, partagé en quatre temps, nous propose une vision de l’œuvre et de la vie de Tolkien qui s’élargie tout au long du film.

 

Topologie des terres du milieu :

Le reportage nous propose un voyage de synthèse au dessus des Terres du milieu. Le narrateur, Romain Bel, nous fait découvrir, en les comparant à des régions existantes du globe, ces terres du milieu dont Tolkien a été jusqu'à créer la géographie. Au cours de cette séquence, le réalisateur a mêlé images de synthèse et images réelles. Quelques illustrations des frères Hildebrandt ponctuent cette présentation. Ce voyage synthétique, dans ce monde, dans cette création de l’esprit de Tolkien, constitue le point de départ de ce reportage. Sortons de sa tête, pour un plan plus large, découvrons l’homme.

 

Tolkien, l’Homme.

Une courte biographie, ponctuée d’images d’archives, nous présente différents aspects de son histoire : son enfance difficile, comment il choisit son métier de linguiste, sa participation à la première guerre mondiale et notamment à la bataille de la Somme. Déjà quelques pistes de lecture nous sont proposées. Le Reverend John Tolkien, son fils, nous explique ensuite que Tolkien lisait, à ses enfants, des passages du hobbit. Ce furent donc eux, les premiers à découvrir ce monde de mythes. Puis le plan se resserre très légèrement sur l’écriture du Seigneur des anneaux…

 

Le seigneur des anneaux.

Le troisième volet de ce reportage débute par un résumé en image du seigneur des anneaux. Pendant près de vingt minutes, on nous représente l’histoire. De la compté jusqu'à la montagne du destin, des images traficotés numériquement, pas très belles, des illustrations de Roger Dean et des frères Hildebrandt et enfin la voix off de Romain Bel. L’ensemble s’avère être un peu trop long pour ceux qui ont lu le livre mais est d’un certain intérêt pour ceux qui découvrent le roman au travers des films de Peter Jackson. Il est intéressant de constater à quel point ce dernier s’est inspiré des images présentées ici (Les images du siège de Minas Tirith laissent présager des scènes incroyables pour le dernier volet de la trilogie au cinéma). Cette présentation du roman est de commentaires de critiques littéraires. Aryck Nusbacher, de la SandHurst Millitary Academy nous dévoile la volonté de Tolkien de créer une mythologie britannique : pour lui, les légendes Arthuriennes venaient de France et l’Angleterre avait besoin d’un mythe national. Helen Kidd, critique littéraire, nous propose de mettre en relation le texte et son contexte : les marques de la guerre, l’influence de la littérature médiévale que Tolkien étudiait et enseignait. Tous les intervenant, ensuite, nous présentent certains personnages du livre. Il s’interrogent sur la figure symbolique du héro et tracent des liens avec notamment Beowulf, monument incontournable de la Littérature Anglaise. Une transition habile s’opère dans le reportage, on passe des influences à l’influence…

 

Tolkien influence…

La dernière partie du reportage nous présente certains artistes dont les travaux sont fortement marqués par l’univers décrit par Tolkien. Certains membres du groupe folk Mostly Autumn nous dévoilent leurs sentiments concernant le seigneur des anneaux. Rick Wakeman, clavier du groupe de Rock Progressif Yes et dont on trouve, dans l’édition, une compilation de certains de ses titres « solo » inspirés par les terres du milieux, nous déclare : « On cherchait dans le folklore, dans les imageries, on explorait un tas de choses un peu étranges et Tolkien était notre roi ».

 

Un dernier mot :

Une belle introduction au monde de Tolkien. Les personnes ne connaissant pas le roman seront peut être perdues à cause des nombreuses référence faites au livre. Les amateurs « éclairés » y trouveront forcément quelques pistes de réflexion inédites et surtout une approche raisonnée d’une œuvre appartenant au genre fantastique, défendu ici par des intellectuels qui se sont fait les champions de romans souvent considérés comme appartenant à un genre mineur de la littérature moderne.

La qualité de l’image varie en fonction des documents présentés. Les interviews de Tolkien et de sa famille sont forcément de qualité médiocre puisque d’époque. Le grain est très important mais il ne s’agit pas d’un problème de compression. Les autres documents présentés, dont les interviews des autres intervenants, ont été filmées en vidéo et sont donc exempts de traces. On ne pourrait que regretter leur très léger manque de définition comparativement aux séquences de Romain Bel, très supérieures en termes de qualité. Les couleurs et les contrastes sont satisfaisants : les illustrations des frères Hildebrand particulièrement bien représentées à l’image.

La seule piste Dolby Digital Stéréo, largement suffisante pour ce type de programmes, retranscrit bien les dialogues. La qualité du son dépend de l’extrait diffusé. En général, les interventions de Romain Bel sont légèrement plus fortes en volume que l’ensemble du reportage. Ceci a pour effet de déséquilibrer un peu cette bande son. On pourra noter un léger manque de basses qui se fait ressentir cruellement dès qu’il y a de la musique.

Packaging :

Un fourreau cartonné enveloppe un très beau digipack en trois volets magnifiquement illustré. A l’intérieur, les deux disques qui composent cette édition sont callés dans des supports transparents qui laissent apparaître des illustrations des frères Hildebrandt et dont des détails sont sérigraphiés sur les disques correspondants : à gauche, Gandalf affrontant le Balrog et à droite Bilbon, la plume à la main à Fondcombe. Dans la troisième partie, tenu par un petit rabat, un très beau livret doté d’une belle mise en page et disposant d’une qualité d’impression irréprochable. Un très bel objet, que l’on ne se lasse pas d’ouvrir et de fermer et de regarder… Ah qu’il est beau…

 

Interactivité :

C’est le point faible de l’édition : des menus sont fixes et sans musique. Il n’y a pas non plus de transitions entre les différents écrans de sélection. Ils sont en Français. Mais un mystère subsiste : comment accéder au guide interactif ? « Retrouvez l’opinion de notre groupe d’experts sur des questions clés concernant le Seigneur des Anneaux ». C’est ce qu’annonce le livret. Où est passé ce bonus ? En effet, celui-ci, présent dans l’édition zone un, était censé nous proposer de plus amples explications concernant certains thèmes abordés dans le reportage…Un Bug ?

 

Bonus :

Influences :

Cette section est composée de quatre parties. Dans la première, on découvre Mostly Autumn. Un groupe qui s’est beaucoup inspiré du Seigneur des anneaux dans ses compositions musicales. L’édition nous propose de découvrir deux de leurs vidéos clips mettant en musique des passages du livre : "Out of the Inn" (5:23) et "Helm's Deep" (6:32). Il s’agit de deux enregistrements en concert : un mélange de folk et de rock à grand renfort de nappes de synthétiseurs et de flûtes à bec. Du power folk, donc,  doté d’un enregistrement « live » de bonne qualité sonore et visuelle. A découvrir… Nous avaons ensuite la possibilité de choisir trois interviews. Roger Dean (2:04), Rick Wakeman (2:00) et Ken Hensley (2:15) nous expliquent comment Tolkien a influencé leurs productions artistiques.

 

Iconographie :

Quelques illustrations des frères Hildebrandt, présentées dans un petit cadre, au milieu de l’écran. On aurait préféré un affichage plein écran. Il n’est pas rare de trouver des ressemblances avec les représentations des scènes ou décors du film de Peter Jackson. Les frères Hildebrandt sont les auteurs d’un calendrier représentant certaines scènes du seigneur des anneaux. Il s’agit de nos jours de pièces de collection introuvables.

 

Rick Wakeman, Landscapes of middle earth:

L’édition propose une « balade musicale dans les paysages de la Terre du Milieu ». Le moyen de transport mis à votre disposition par l’éditeur est un simple CD audio. Cette balade de soixante deux minutes est composée d’un assemblage hétéroclite de morceaux issus de deux albums de Wakeman : « Heritage Suite » (1993) et « The Seven Wonders of the World » (1995). Comme le précise l’éditeur, les morceaux ont été renommés pour ce CD. Si Wakeman considère Tolkien comme une source d’inspiration, on se demande si le seul lien avec le Seigneur des Anneaux n’est pas tout simplement du fait de l’éditeur et de l’auteur, sorte de tentative de profiter de l’air du temps. D’autres artistes se seraient refusés à renommer leurs morceaux. Il s’agit donc d’une sélection de titres, pas d’une pièce composée en rapport avec l’œuvre de Tolkien. D’ailleurs, l’usage du synthétiseur ne facilite pas l’immersion dans ces Terres du Milieu. D’un point de vue technique, l’enregistrement est de bonne qualité et dispose d’un très beau mixage. On se surprend, en écoutant ce disque, à isoler, mentalement, les nombreuses sources sonores qui se mélangent pour former des compositions très atmosphériques. Issus de deux disques, les morceaux ne sont pas marqués par des différences énormes de qualité sonores : la marque d’un bon mastering…