Robert De Niro attend ses enfants pour un repas de famille. Lorsque ces derniers se décommandent à la dernière minute, il décide de leur faire une surprise et de traverser les Etats-Unis pour leur rendre visite.
Le sujet de la rédemption, n’est pas nouveau et le scénario Kirk Jones revient dessus sans beaucoup d’originalité. Pour être Franc et clair dès le début, avec ce type de sujet, il vaut mieux voir « Mr Smith » avec Jack Nicholson. Car le voyage initiatique du héros prend beaucoup plus d’ampleur avec les capacités dramatiques de l’acteur. Car il faut bien le dire Robert DeNiro (Angel Heart) est un très grand acteur, mais sa prestation ne parvient pas à sortir du nombre de celles déjà souvent utilisées. L’acteur ne parvient pas à faire oublier ses précédentes compositions et notamment celle de « Mon beau-père et moi ». Jamais complètement juste, même dans les scènes fortes en émotion, l’acteur joue beaucoup trop en retrait et ne parvient jamais à totalement nous embarquer. Semblant compter beaucoup trop sur son charisme que sur ses capacités à offrir une nouvelle composition, la star donne dans le minimum syndical et le reste de la distribution en fait autant, à commencer par Drew Barrimore (ET) qui, à l’image de son personnage ne sait pas comment se situer par rapport au jeu de son illustre partenaire.
Et la réalisation de Kirk Jones (Nanny McPhee) n’arrange rien. Le réalisateur donne à son sujet une impulsion particulièrement lente de son histoire et, ce qui se devait d'être un voyage initiatique et une sorte de rédemption, devient d’un coup très ennuyeux et le spectateur ne se sent ainsi jamais totalement impliqué dans le processus. Le réalisateur se pose en témoin de sa trame et sa mise en scène en pâtit d’ailleurs tout autant, les comédiens ne savent pas où se placer et l’on perd très vite l’intérêt de ce film. Car l’idée de départ était pourtant bonne, celle d’un père de famille qui décide de partir à la rencontre de ses enfants pour échapper à la solitude et pour leur dire à quel point il les aime. Seulement au fil de son voyage, il découvre que sa famille l’a longtemps mis à l’écart des vérités de la vie.
Privilégiant les grands plans larges et silencieux au détriment d’un rythme qui devient d’un coup un peu trop lent, le réalisateur fait le choix surprenant d’alourdir son propos par une mise en scène très en retrait, et ne parvient pas à en faire jaillir les bonnes idées. Car ce qui fonctionnait dans le film « Mr Smith » n’arrive pas à donner une impulsion nouvelle à celui de Kirk Jones.
Et le scénario d’ailleurs n’aide pas à la bonne marche du film. En effet, le scénariste accumule les clichés pour mieux faire ressortir les failles de ses personnages mais manque terriblement de finesse et du coup manque de peu son effet de surprise qui aurait put offrir à Robert DeNiro une possibilité de sauver sa prestation en plongeant corps et âmes dans une scène mélodramatique de haut vol. Et le comédien se prend d’ailleurs les pieds dans le tapis en n’assurant pas du tout sur le plan émotionnel. Les scénaristes ne parviennent jamais à trouver le petit plus qui pourrait éventuellement sauver leur trame du naufrage original de leur histoire. Car finalement le personnage de Mr Smith qu’interprétait en son temps Jack Nicholson fut hautement meilleur et l’histoire traitée avec beaucoup plus de finesse et d’intelligence.
En conclusion « Everybody’s fine » rate de peu son but, par la faute d’une mise en scène très en retrait de comédiens pas réellement concernés par le sujet et d’un scénario qui accumule un peu trop les clichés sans jamais en donner la contre partie. Dommage !