Certains jeux, dès leur annonce, font monter un fort sentiment d’impatience. YOOSTAR 2, créé par Blitz Games Studios, en fait partie car son pitch nous promet de jouer (PS3 Move ou XBOX360 Kinect) à l’acteur comme jamais auparavant cela a été possible dans un jeu vidéo.
L’idée
YOOSTAR 2 (le premier avait été proposé sur PC et MAC) est en fait un jeu qui propose une base de données qui offre sur la galette du jeu 80 extraits de films issus des studios Universal, Warner, MGM, Lionsgate, Paramount, Sony Pictures et CBS. Il manque donc à l'appel au moins les gros studios FOX, Dreamworks et Disney. Selon l’éditeur, plusieurs centaines d’extraits seraient d’ailleurs accessibles à court / moyen terme à l’achat via achat en magasin en ligne, magasin qui n’était pas ouvert lors de mon test.
L’idée du jeu s’apparente à un karaoké cinéma, le joueur étant propulsé dans une séquence d’un film connu (ou moins connu en listant les films proposés sur la galette !), à charge pour le joueur de tenir le rôle de l’acteur en clamant le texte qui s’affiche à l’écran, et dans le même temps d’entreprendre une gestuelle en phase avec l’action. Timides s’abstenir (du moins pour les séances de groupe) car, vous l’avez compris, il faut non seulement lire un texte à voix haute mais également composer son rôle. Une performance qui est moins simple qu’elle en à l’air !
Fond vert
Pour que le subterfuge soit efficace, l’immersion réaliste et la gestuelle parfaitement retranscrite à l’écran, le jeu est disponible sur Kinect Xbox 360 et Playstation Move. En fait toute la difficulté est de recréer le subterfuge du fond vert (l’effet météo en fait) mais sans fond vert puisque la caméra vous filme chez vous, avec tout votre environnement, rangé ou pas, mouvant ou statique !
Si ce test se base sur la version Xbox 360 KINECT, j’ai pu tester les deux versions à quelques minutes d’intervalles lors de la soirée de lancement organisée par l’éditeur. Au niveau de l’interface les deux versions sont identiques, on balaye le menu avec la main Kinect X360 et avec Move sur PS3, sachant que, pour ce dernier cas, la possibilité de naviguer à la manette est heureusement possible pour ceux qui ne sont pas équipé Move.
La grande différence entre les deux plateformes tient à la manière dont le joueur est isolé du décor. Sur XBOX 360, pas de soucis, le joueur entre dans la zone de jeu et la caméra Kinect identifie rapidement le joueur (si la reconnaissance faciale a été préalablement réalisée), l’isole par rapport au décor et l’insère dans la vidéo du jeu. Sur PS3, il est nécessaire de prendre une « photo » du décor pour que la caméra EyeToy isole ensuite le joueur. C’est clairement le point faible, on retrouve les problèmes rencontrés sur le jeu In the movies (voir test sur DVDcritiques en suivant ce lien) qui fait que des parties du visage et du corps disparait en fonction de l’éclairage direct ou indirect de la pièce. Diminuer ou accentuer l’éclairage n’y fait malheureusement rien.
A noter que le recul nécessaire en fonction des séquences est variable et que l’inclinaison de la caméra devrai ponctuellement être ajusté en fonction de la taille du joueur acteur.
Si vous devez choisir, la version Kinect s’impose donc pour le coté technique, pour tous les autres aspects du jeu que je vais développer ci-dessous, c’est du pareil au même.
Social
Les concepteurs ne cachent pas qu’au-delà de la grosse rigolade prévisible pour ce genre d’exercice (sérieux s’abstenir, ce n’est pas un cours d’acteur !) l’idée de partage sur les réseaux sociaux (Facebook, Twitter, YouTube, le serveur Yoostar.com et bien sur les deux plateformes Xbox LIVE et Playstation Network) est clairement mise en avant, c’est même ce qui apparait en premier en option de sauvegarde. Les icônes des sites de partage apparaissent en gros alors qu’il faut aller sur un sous menu pour simplement sauvegarder la séquence sur le disque dur de la console.
L’idée est bien entendu d’enregistrer ses performances pour les partager mais l’éditeur est malin car il prévoit que les joueurs peuvent progresser dans le jeu grâce à leur participation à la communauté Yoostar en partageant, notant et commentant les performances d’autres utilisateurs et annonce assez fièrement de créer le premier jeu vidéo social, association des jeux sociaux et ceux des jeux vidéo.
Banque de données
La liste des films disponibles sur la version française du jeu (80 extraits sont livrés de base) est disponible en fin de test. Comme vous pouvez le constater on y retrouve un peu tous les genres du cinéma ; comique, fiction, suspense, frayeur (modérée), aventure, policier… en noms de films cela devient Terminator, La momie, Ferris Bueller, Star Trek, Forrest Gump, The Matrix, Very Bad Trip, ou encore Le Parrain. Etonnant (ou pas !) il manque cruellement un extrait ou deux de la saga Star Wars. Un magasin en ligne (non ouvert lors de ce test) permet d’acheter des extraits supplémentaires et l’éditeur nous a parlé à termes de plusieurs centaines d’extraits. Espérons alors que le prix unitaire ne soit pas trop élevé même si l’on parle déjà d’un peu moins de 2 euros, ce qui serait trop cher !
La première déception vient naturellement de l’absence de films français dans les 80 extraits présents sur la galette. Une déception d’autant plus amère qu’une grosse poignée de films proposés correspondent à des séries B qui ont eu un succès relatif sur le sol américain mais qui ont désespérément flopé sur notre sol. Gageons que le flop soit reproduit avec Yoostar 2 et que cela n’incite pas forcément à l’achat en découvrant la liste des films. C’est bête à dire je suis certain qu’en ajoutant de base des extraits de grands classiques comiques français, ça le ferait nettement plus pour séduire l’acheteur potentiel. Espérons néanmoins que la base de données en ligne répare cette injustice.
La seconde déception provient de la brièveté étonnante de certains extraits. Si certaines séquences permettent de s’éclater sur plus de 30 secondes, certaines plafonnent à 10/15 secondes !
Enfin, il est presque certains que nombreux seront déçus par les extraits sélectionnés, même si dans la globalité le choix est assez logique. Il est quand même dommage que pour Matrix ou Men in black la performance soit uniquement gestuelle, aucun dialogue n’étant de mise sur l’extrait proposé.
Le jeu
Yoostar2 dispose d'une interface utilisateur clairement adaptée pour Kinect puisque le joueur balaye des options ou la liste des films, type cover flow Ipod. Le geste est le même avec Move, mais avec l’accessoire dans la main. Les séquences s’affichent dans une fenêtre au milieu de l’écran. Dans la partie haute de l’écran s’affichent le script (y compris en mode improvisation) et sur la partie basse s’affichent les points et un commentaire indiquant en quoi la prestation vocale ou gestuelle est bonne… ou moins bonne.
L’un des points forts du jeu c’est que les performances des joueurs sont évaluées en temps réel. A chacun d’améliorer son jeu d’acteur pour passer par exemple du statut « d’acteur débutant » a acteur "superstar". Mais pour que le jeu prenne toute sa dimension, c’est le coté improvisation qui amène sur le plus de délire, notamment pour les soirées familiales ou amicales
Yoostar2 dispose de plusieurs modes de jeu, notamment un "mode groupe" qui permet à plusieurs joueurs d'effectuer une succession rapide de prises et un mode de progression où les joueurs doivent faire face à une série de défis pour débloquer de nouvelles scènes. La plupart des séquences ne requiert qu’un seul joueur devant la caméra mais certaines d’entre elles permettent un échange de dialogue. Dommage que ces séquences soient si peu nombreuses car comme vous vous ne doutez cela démultiplie l’intérêt et les rigolades.
En jouant vous débloquez des fonds d’écran, une image au plan fixe mais animée. Vous avez par exemple un plan de Time Square à New York avec des voitures et des piétons qui traversent l’écran en profondeur et de droite à gauche. Vous avez également une pente sur laquelle dévalent des voitures. A vous dans la quarantaine de secondes que dure cette séquence d’improviser, gestes et paroles. Pas de note ici, c’est du pur esprit libre. Dans le même esprit vous avez quelques extraits de films supplémentaires, sans dialogue, sur lesquels vous pouvez là aussi exprimer votre aptitude à improviser. Ne vous y trompez pas, c’est bien dans ces options que vous risquez de rigoler le plus !
En conclusion
L’idée est tellement séduisante que sa mise en œuvre dérive forcément sur quelques déceptions. Le plus grave pour le potentiel commercial est certainement l’absence totale de localisation, l’éditeur ne proposant aucun extrait de film français ; c’est à mes yeux pourtant potentiellement un point d’attrait extrêmement fort. Les quelques imperfections techniques (détourage) me paraissent moins grave mais quel dommage que la prestation ne soit disponible que dans une fenêtre quand on connait le potentiel de captation de la caméra Kinect ou EyeToy. Il en reste pas moins un jeu (intéressant à prix plus doux) qui pourra faire sensation dans des soirées amicales regroupant des acteurs en herbe, connaissant néanmoins les extraits de films à jouer.