Synopsis :
Quand, en juin 1946, Staline offre l'amnistie aux Russes émigres a l'ouest et la possibilité de reconstruire le pays, Alexei Golovine, émigré en France, répond avec beaucoup d'autres a cet appel et décide de rejoindre avec sa jeune épouse française, Marie, et son fils Serioja sa terre natale. Des leur arrivée a Odessa, il font face a une terrible réalité. Beaucoup de leurs compagnons sont exécutés ou déportés. Alexeï et sa famille ont leur vie sauve parce que les autorités ont compris le parti qu'elles pouvaient tirer de ce jeune médecin.
Critique subjective
Une fois la seconde guerre mondiale finie, le gouvernement soviétique a entrepris une large campagne de propagande afin de convaincre les émigrés russes, ceux de l’ouest, de retourner sur le sol de leur patrie, à l’est, dans le but de participer à la reconstruction de leur terre natale dévastée. Le film commence avec des images heureuses : un voyage sur un navire à vapeur élégant, de la vodka, des chansons patriotiques et des individus, cœurs vaillants, à l’esprit grisé par la joie d’une toute nouvelle citoyenneté soviétique, qui voient en cette traversée une sorte nouveau départ pour leurs familles. Pourtant, ce voyage ne les mène qu’à une réalité sinistre. Leurs idéaux sont réduits à néant par le mensonge qui a motivé leur départ : ce n’était pas une croisière mais un convoi. Pendant qu'ils débarquent, ceux qu’on appelle maintenant espions impérialistes sont séparés arbitrairement en deux groupes. Le traitement réservé à cette scène nous met à l'esprit des méthodes semblables à celles utilisées dans les camps de la mort nazis.
Comme un poisson…
Est/Ouest débute par un voyage en bateau : dès le début, les personnages sont entourés d’eau, piégés par l’océan. Ces « traîtres », qui pensaient regagner la terre ferme, plongent ou plutôt chavirent, dans un monde cruel, régit par un gouvernement armé et paranoïaque. Pour Aleksei Golovine et son épouse française, Marie, le film est un parcours symbolique aquatique. A son arrivée, Marie voit son passeport Français être détruit et son mari, sourd à l'intensité de la tristesse qu’elle éprouve face à l’emprisonnement qu’ils subissent, décide, pour éviter la noyade, d’attraper le chardon que le gouvernement lui tend et, pour protéger sa famille, se comporte comme un bon citoyen soviétique.
Tout le film est marqué par cette métaphore. Marie, immergée dans les eaux troubles du communisme, voit sa tête régulièrement repoussée sous la surface par de biens mauvaises nouvelles : l’arrestation de Babouchka, (une vieille femme qui parle Français) ou l’adultère de son mari. En jetant un tel regard sur l’intrigue, il est ainsi plus facile de comprendre sa liaison avec le jeune nageur appelé Sacha qui, renvoyé de son équipe de natation, nage dans un fleuve, pour continuer à progresser, à contre courant…
« Grand Romanesque »
A l’écoute du commentaire du réalisateur, nous découvrons que la scène clef du film : celle durant laquelle le couple déchiré se ressoude est aussi la scène préférée de Régis Wargnier. Il s’agit d’une mise en abîme magistrale et à plusieurs niveaux qui illustre et explique le film. Marie se repose dans sa chambre et pleure alors qu'elle lit un passage de Flaubert : Madame Bovary parcours un extrait de l’un de ses romans qui décrit le bonheur grisant d’un premier adultère. Les amants du livre, dans le livre, débarquent sur une île déserte. On pourrait voir, dans les larmes qui coulent sur le visage d’Anna, le désir, qu’elle n’arrive pas à atteindre, d’émerger enfin de cette Russie métaphoriquement aquatique pour poser, enfin, les pieds sur un sol stable. L’autre aspect de cette mise en perspective réside dans les similitudes que le scénario présente avec Madame Bovary, le roman de Flaubert. Nous pourrions paraphraser les propos tenus par George Sand au sujet du roman dont nous parlons ici et les transposer au film : Régis Wargnier a voulu que Marie, la femme rêvant de fuite fût parfois presque capricieuse et folle ; que le mari voué au réel par soucis de survie fût d'un pragmatisme déplorable, et que la réalité ambiante, maison, ville, voisins, amis, tout fût écoeurant de bêtise, de laideur et de tristesse, autour de ces deux personnages infortunés.
Un dernier mot :
Est/Ouest a la saveur de ces grands films aux émotions emphatiques que, comme le dit Danielle Darieux, l’on faisait avant : Une grande fresque historique romanesque ou plutôt une fresque historique grand romanesque.
Le magazine
« …Régis Wargnier est un cinéaste français essentiel. La sortie en numérique de ses deux premiers longs-métrages valait donc bien que l’on revienne sur son œuvre, avec entretien et DVD à la clef ». Extrait de l’édito de Frédéric Germane.
CinéDVD est un bimensuel qui nous propose de jeter un autre regard sur l’actu du ciné et du DVD. Le magazine dispose d’une bonne mise en page : dense mais jamais surchargée. Les publicités sont, et c’est suffisamment rare pour être souligné, quasi inexistante. CinéDVD est découpé en cinq parties :
Les Dossier (super héros, Bee movies, Matrix),
Dans les salles (l’actualité du cinéma dans les salles : Fureur, Dreamcatcher, Bye-Bye, Adaptation),
Dans les salons (l’actualité du DVD : Série noire, signes, perfect Blue, K19…),
Le mag (Figurines, TV, art, Livres) et enfin
Le Matos (Entre autres, le chouette Lecteur DVD 963SA à 500 Euros !!)