Louise
apprend simultanément qu’elle est enceinte, et que sa mère est gravement
malade.
Le bonheur et
la culpabilité, l’euphorie et la tristesse, l’amour filial et l’amour tout
court.
Il faudra
bien neuf mois pour gérer tout ça…
Inspiré d’une
histoire, notamment celle de la romancière et compagne du réalisateur, Patrick
Mille, Justine Levy, « Mauvaise fille » parle de la mort et de la
naissance. L’héroïne doit affronter sa grossesse et le cancer terminal de sa
mère. Un sujet sombre, qui réveilla de vielles blessures dans le cœur de la
romancière qui en signa le scénario. Une histoire qui peut, sur le papier en
tout cas, inquiéter ou rebuter, mais qui s’avère au résultat, traitée avec
beaucoup de simplicité et même un brin de légèreté qui en font une véritable
réussite. On se laisse transporter par la fraicheur du personnage principale
Louise (Izia Higelin) qui se laisse envahir par ses doutes (la grossesse) et la
tendresse qu’elle distribue sans compter (à sa mère). La jeune femme comprend
que la maladie est parfois la clé de la rédemption, qu’on peut pardonner,
aimer, même lorsque la vie nous a lancé des parpaings en pleine figure. La mère
de Louise ne fut pas à la hauteur de son rôle et Louise lui en veut, mais elle
parvient à trouver la force d’être une fille à la hauteur, et de la suivre dans
son combat.
Le scénario
de Justine Levy, ne fait pas de concession, loin de là ! S’il présente une
version idéale de la jeune fille, il parvient à la montrer dans sa fragilité,
notamment dans ses rapports avec les autres et surtout avec son compagnon Pablo
(Arthur Dupont), qui joue en permanence le tampon entre la joie de la maternité
et la peur de l’inévitable mort qui se dessine. Il n’est pas inintéressant de dire
que le scénario, joue sur la corde de : « Pour une vie qui s’éteint,
une autre s’allume ». La parabole est facile, mais tellement évidente et
particulièrement juste, que l’on ne peut en dire du mal. Si l’ensemble parait
léger, c’est que la scénariste et le réalisateur n’ont pas voulu sombrer dans
le mélo trop pesant, car la vie s’adapte des situations, et quand on accompagne
quelqu’un dans son ultime voyage, on s’accroche aux joies extérieures ou
intérieures, qui nous permettent de surmonter la tristesse de cette déchirure
qui s’annonce.
Et la
réalisation de Patrick Mille, a cela de juste qu’il ne fait pas dans la légèreté
absolue, ni dans l’obscurité pesante. Il se laisse porter par la fraicheur de
Louise et de Pablo et évite la caricature dans le personnage d’Alice, la maman.
En utilisant les flash-back, Patrick Mille, signe une mise en scène parfois
confuse, mais retombe toujours sur ses pieds, si bien que le spectateur se
laisse, lui aussi porter par le film. Avec une mise en ambiance plutôt bien
dosée, le réalisateur sait trouver une tonalité équitable pour ne pas rater son but qui est de parler du
deuil et de la naissance, du combat et du pardon…Une œuvre qui parle de la vie
tout simplement. Car c’est bien cela la principale qualité de « Mauvaise
fille » : c’est un film profondément humain, qui parvient en se
basant sur une histoire à la fois limpide et complexe, à nous donner une leçon
de vie, de courage et d’intelligence.
Pour cela
bien sûr, le réalisateur fait un carton en choisissant Izia Higelin, pour interpréter
le personnage de Louise. Le jeune femme est rayonnante autant que parfois
sombre, mais ne sombre jamais dans la caricature. Elle fait de son personnage,
une héroïne légère, presque innocente et pourtant si forte dans ses regards,
dans ses colères et surtout dans ses sourires. Et autant le dire de suite, le
duo qu’elle forme avec Arthur Dupont (Bus Palladium) est définitivement l’un
des plus beaux couples du cinéma français. L’acteur est, comme à son habitude,
incroyablement juste, rigoureux dans son jeu, précis dans ses intonations et le
jeune homme s’accorde à merveille avec la rayonnance de sa partenaire. On
finira avec les parents, à commencer par Carole Bouquet (Lucie Aubrac) toujours aussi belle
dans l’ambiguïté des rôles, surtout lorsqu’il s’agit d’une mère absente
moralement et physiquement, et Bob Geldoff (Pink Floyd – The Wall) dont le
charisme suffit à justifier la présence.
En
conclusion, « Mauvaise fille » est un film réussit qui traite avec
intelligence le deuil, la naissance et les liens familiaux. Jamais dans la
caricature, le film aspire le spectateur dans la fraîcheur de la distribution
et dans l’intelligence de son scénario.