Hanna a 30 ans, beaucoup de charme et ne sait pas dire non : elle est atteinte de la névrose de la gentillesse. Ce drôle de syndrome familial touche aussi son père, Omar, "épicier social" et sa mère, Simone, "psy à domicile". Avec son frère Hakim, focalisé sur ses racines algériennes et sa religion, le courant ne passe plus vraiment. Mais un événement imprévu oblige Hanna et Hakim à se retrouver...
Comment parler de l’immigration, de la religion et de l’identité sans se prendre les pieds dans le tapis ? Avec humour et en utilisant ses propres souvenirs d’enfance. Issue d’une famille d’origine Algérienne, Baya Kasmi y a puisé toute les nuances de ces aspirations à un avenir que l’on maîtrise au grès de ses propres idéologies, que l’on se forge au fil d’une existence qui commence à se remplir. Dans sa famille de quatre enfants, la réalisatrice y a vu différentes manières de revendiquer ses racines algériennes, de les honorer tout en gardant son identité propre.
Alors forcément, comme dans bien des situations, pour parler de sujets aussi difficiles, que ceux-là, rien ne vaut l’humour et un certain esprit de dérision, qui n’est pas pour déplaire. En effet, le scénario appuie le trait sur la gentillesse de ces parents qui la communiquent, d’une certaine manière, à leur fille qui se retrouve affublée d’un syndrome difficile à vivre : « La névrose de la gentillesse », en gros : elle ne sait pas dire non, et pour une DRH, cela peut-être problématique de ne pas supporter la détresse des gens que l’on licencie. Mais cela devient encore plus difficile, lorsque son frère que l’on aimait tant s’enferme dans une revendication de ses racines et de sa religion que l’on ne partage pas forcément.
Et le scénario de peindre ces personnages tous si différents dans une société si multiple et si complexe qu’elle en parait pourtant si simple et prévisible. Et au détour d’une action, d’une phrase, la réalisatrice, qui a signé le scénario avec son comparse Michel Leclerc (Télé Gaucho), nous donne sa vision de l’intégration, de la religion de la recherche identitaire et de ce débat qui pourrit notre société. Un débat qui ne devrait pas avoir lieu, mais qui est entretenue des deux côtés par une ignorance visible et souvent violente de l’histoire des uns et des autres, et parfois plus simplement par rejet de l’un et de l’autre. Un mépris et une absurdité qui font naître de faux discours des deux côtés de la barrière. Alors la réalisatrice pose chacun devant ses propres contradictions et se positionne dans la chaise du spectateur, un peu médiateur.
Avec une mise en scène assez classique qui ne cherche pas à renouveler le genre de la comédie familiales, Baya Kasmi donne une impulsion, qui n’évite toutefois pas les longueurs et les fausses pistes, mais parvient à se frayer un chemin dans l’esprit du spectateur afin qu’il s’interroge sur les aventures de ses héros pour mieux recentrer le débat de l’intérieur et ouvrir les portes à la véritable contradiction.
En conclusion, « Je suis à vous tout de suite » est une plongée intelligente dans un débat de société, on ne peut plus actuel, qui a le mérite de poser les bonnes questions et de repositionner chacun devant ses propres contradictions. La mise en scène se perd parfois dans un rythme pas forcément bien soutenue, mais la distribution, notamment Vimala Pons (La vie très privée de Mr Sim) vient apporter toute la fraîcheur nécessaire à une comédie familiale.
Toujours dans l’esprit de la nostalgie et parce que parfois les images suffisent aux grands commentaires, le
making of nous est présenté en version Super 8, comme dans les années 70-80. C’est amusant et très original.
Puis un court métrage de Baya Kasmi : «
J’aurais pu être une… » avec déjà Vimala Pons dans un rôle de femme très proche d’une homme qui laisse son imagination la guider.