Suite à un rarissime accident, Paul Sneijder ouvre les yeux sur la réalité de sa vie de « cadre supérieur » à Montréal : son travail ne l’intéresse plus, sa femme l’agace et le trompe, ses deux fils le méprisent…Comment continuer à vivre dans ces conditions ? En commençant par changer de métier : promeneur de chiens par exemple ! Ses proches accepteront-ils ce changement qui le transformera en homme libre ?
A première vue le film de Thomas Vincent (Versailles), n’est pas le film de auquel on pouvait s’attendre. D’abord parce que le personnage en question qui semble si souriant sur l’affiche est en fait un homme profondément blessé qui chercher un forme de rédemption et de survie dans l’effacement quasi systématique de ce qu’était sa vie d’avant son accident. Un choix qui n’est pas sans impact sur ses proches et sur les gens qui les entourent, mais surtout sur le spectateur qui sera amené à se poser bien des questions durant ce film, dont le sujet principal reste le deuil et la dure renaissance d’un survivant.
Et puis à y regarder de plus près, pas tant que ça ! Car finalement, on y voit un homme seul noyé dans un espace immensément vide. Comme plongé dans une sorte de méditation sombre, Paul Sneidjer apparaît beaucoup euphorique que sur l’affiche cinéma du film et nous donne donc un peu plus d’indices sur la teneur que prendra le film. Car, effectivement, « La nouvelle vie de Paul Sneijder » n’est pas une comédie pur jus, mais plutôt une comédie dramatique, dans laquelle se mélange la tristesse, la recherche improbable d’une nouvelle existence, plus invisible, plus éloignée de la précédente comme pour effacer les douleurs, et ne pas avoir à se confronter à chaque objet du souvenir.
Et la mise en scène de Thomas Vincent a cela d’efficace qu’elle transpose l’action au Canada, en plein hiver, pour mieux profiter des couleurs glaciales, un peu sombres de cette saison qui résonne tellement avec l’état d’esprit de son héros. Alors, la caméra se fait présente, proche de Paul pour mieux capter sa détresse, sa réflexion solitaire. Et c’est bien de solitude dont il est question, celle qui provoque un tel accident. Une solitude où l’esprit tente de se reconstruire pendant que les proches font des projets d’une indélicatesse rare. Et l’homme comme pour se révolter ou se faire entendre prend toutes les décisions qui vont à l’inverse de ce que les autres attendent. Et heureusement, il y a parfois les rencontres qui viennent tenir l’édifice et permettre à Paul de se projeter au loin.
Côté distribution Thierry Lhermitte (Quai D’Orsay) est saisissant de gravité et d’insouciance dans le rôle de ce personnage qui cherche à donner un nouveau sens à sa vie pour mieux effacer les trauma de sa précédente. L’acteur qui nous avait déçu sur « Quai D’Orsay » revient plus touchant que jamais et plus juste dans ce personnage à la fois brisé et combatif.
En conclusion « La Nouvelle vie de Paul Sneijder » est un film touchant, magnifiquement mise en scène par Thomas Vincent, qui a eu l’intelligence de traiter son sujet avec beaucoup de subtilité. Grâce à l’interprétation forte en émotion de Thierry Lhermitte, le film est certainement l’une des plus belles surprise de l’année 2016.