Berlin, 1940. La ville est paralysée par la peur. Otto et Anna Quangel, un couple d’ouvriers, vivent dans un quartier modeste où, comme le reste de la population, ils tentent de faire profil bas face au parti nazi. Mais lorsqu’ils apprennent que leur fils unique est mort au front, les Quangel décident d’entrer en résistance. Aux quatre coins de la ville, ils placent des messages anonymes critiquant Hitler et son régime. S’ils sont arrêtés, ils savent qu’ils seront exécutés… L’inspecteur Escherich de la Gestapo s’intéresse bientôt à leurs actions et c’est un redoutable jeu du chat et de la souris qui s’engage. Le danger ne fait que renforcer la détermination d’Otto et Anna et leur amour. Progressivement, leur rébellion silencieuse mais profonde transforme leur vie et leur mariage...
Après « Peau D’ange » en 2001 et « Si j’étais toi » en 2006, Vincent Perez (Dalida) revient à la réalisation avec « Seul dans Berlin » et un casting international alléchant pour une histoire, une face souvent cachée de l’histoire de la seconde guerre mondiale, celle du rejet d’une partie des Allemands pour un régime qui les oppresse bien plus qu’il ne les protège. Un régime qui n’hésite pas à les surveiller, à leur interdire la moindre liberté qui puisse le mettre en défaut, et surtout une intrusion quotidienne dans la vie de chacun. Alors que la guerre fait perdre à des familles, leurs fils et leurs pères, des voix dissonante commencent à se faire entendre, mais le régime ne plaisante pas avec le liberté de parole, et tout opposition est considérée comme un haut fait de trahison et donc condamnable de la peine capitale.
Vincent Perez et Achim Von Borries (Moi et Kaminski) tissent une histoire adaptée de l’œuvre de Hans Fallada, écrivain Allemand, opposant au régime Nazis qui écrivit un roman sur la résistance interne à l’Allemagne pendant la période sombre du IIIème Reich. Ce roman qui deviendra ensuite une pièce de théâtre, raconte comment les Allemands, opposants au régime firent une opposition au régime tout en essayant de préserver leurs vies. Une situation difficile, d’autant que les écrivains étaient autant muselés que la presse surveillée dans ses moindres faits et gestes. Et le scénario part d’une prise de conscience évidente, celle de la mort d’un fils dans une guerre qui ne les concerne pas. Et puis cette opposition résistante, qui les mènera sur la route dangereuse de la revendication d’une pensée différente toute en contradiction avec un parti qui n’hésite pas à utiliser le mensonge, la peur et la répression pour imposer ses idées.
Avec une mise sobre, presque académique, le réalisateur filme au plus près ses personnages, et tire le maximum de ses comédiens, Emma Thompson (Love Actually), Brendan Gleeson (Assassin’s Creed) et Daniel Brühl (Joyeux Noel) en tête, qui se laissent porter par des personnages forts et tout en paradoxes dans une Allemagne qui ne laissait pas beaucoup de place à la subtilité. Ici, les acteurs, composent des personnages ciselés avec précision. Des héros, pas forcément charismatiques, mais suffisamment intéressant pour être captivants. Mais le rythme de la mise en scène et un montage un peu approximatif par endroit font perdre un peu le fil de la narration. En effets, en ne voulant pas faire dans le sensationnel, Vincent Perez se perd parfois dans une construction sobre, certes, mais lente et parfois soporifique d’une histoire qui méritait peut-être un peu plus de rythme pour pouvoir nous captiver plus et nous émouvoir. Du coup le réalisateur ne peut empêcher son film d’accumuler certaines longueurs.
« Seul dans Berlin » est un film qui lève le voile sur une face souvent oubliée de l’histoire de la seconde guerre mondiale : La résistance des Allemands face à un régime qui les opprime presqu‘autant que dans les autres peuples qu’ils ont envahi. Mais la mise en scène manque souvent de rythme et le film se perd dans des longueurs qui le rendent soporifique.