Nathalie Pêcheux, professeure de lettres divorcée, passe quasiment du jour au lendemain de mère attentionnée à jalouse maladive. Si sa première cible est sa ravissante fille de 18 ans, Mathilde, danseuse classique, son champ d'action s'étend bientôt à ses amis, ses collègues, voire son voisinage... Entre comédie grinçante et suspense psychologique, la bascule inattendue d’une femme.
Après avoir magnifié Audrey Tautou dans « La Délicatesse » les frères David et Foenkinos, nous entraînent dans les méandres psychologiques d’une femme approchant la cinquantaine, et qui, de mère attentionnée va se retrouver, suite à un divorce, maladivement jalouse. Alors bien sûr on pourrait imaginer que ce qui est présenté comme une comédie, ne soit qu’un amoncellement de scènes à la limite du burlesque, ou en tout cas avec des phrases bien ciselées qui font mouche à chaque fois et font rire aux éclats à travers un personnage qui n’accepte pas le changement dans sa vie, et affronte sa future solitude en enviant de son regard triste la vie de ses amis et de sa fille. Mais il serait injuste de cantonner « Jalouse » à une œuvre insipide et linéaire.
Car si le scénario ne cherche pas à en mettre plein les yeux, il s’intéresse plutôt à la romance, à cette petite musique des mots et des silences qui rendent chaque existence différente et pourtant si commune aux autres. Avec une simplicité désarmante, les deux réalisateurs, qui ont également signé le scénario, nous racontent une histoire de femme simple et fragile qui va devoir affronter un changement psychologique et physique évident, et se laisser aller à la dérive d’une jalousie, qu’elle ne comprend pas, mais surtout qu’elle ne maîtrise pas. A la différence d’autres jalouses célèbres, l’héroïne ne déteste jamais totalement, elle ne veut pas se brouiller avec les gens qu’elles croisent, elle laisse un bout de son cœur dans chaque histoire qu’elle traverse et son bouleversement psychologique la rend hors de contrôle, y compris pour elle-même.
Et pour donner corps à son héroïne, les réalisateurs ont jeté leur dévolu sur Karin Viard (La Famille Bélier). L’actrice a su trouver le bon angle d’attaque pour composer un personnage sobre et en même temps haut en couleur qui ne comprend pas forcément ce qu’il lui arrive et se laisse emporter par des pulsions pas forcément volontairement négatives mais qui lui font dire des choses ou faire des choses qu’elle n’accepterait finalement jamais. La comédienne a su garder une sincérité de jeu qui la fait se fondre dans son personnage et lui donner un reflet d’une grande précision. Face à elle, Thibault de Montalembert (Dix pour cent) semble le personnage idéal, avec une douceur et une détermination tout en maitrise et, encore une fois en simplicité.
En conclusion, « Jalouse », est un film qui transpire la simplicité et plonge le spectateur dans une histoire solide qui dessine avec beaucoup de précision le destin d’une femme, à un moment charnière de sa vie, qui se laisse emporter par un sentiment de jalousie qu’elle n’avait jamais connue, et qui la rend totalement incontrôlable.