43 ans après J.C., l'invasion romaine de ce qui va devenir le Grande-Bretagne. L'armée impériale romaine retourne écraser la Britannia, un territoire mystérieux tenu par de sauvages guerriers et de puissants druides.
Un peu survendu, il faut bien le dire, notamment parce qu’il faut absolument trouver un remplaçant à « Game Of Thrones », « Britannia » n’en demeure pas moins une série plutôt bien ficelée qui tente adroitement de mettre en lumière tout le mysticisme qui entourait les Druides, ces sorciers celtes reconnus comme possédant de grands pouvoirs. Ici, les showrunners Jez et Tom Butterworth qui avaient œuvré sur des films tels que « Strictly Criminal » ou encore « 007 Spectre », se lancent dans une reconstitution fouillée et précise de la vie de ces peuplades Celtes qui firent tellement de mal aux troupes romaines lors des conquêtes des îles Britanniques. Des romains qui eurent particulièrement du mal à se faire à un climat pas forcément clément mais également aux pouvoirs supposés des druides, figures emblématiques de la culture de ces peuples.
Avec un scénario solide qui impose des personnages remarquables comme ces chefs de tribus qui s’opposent pour créer des alliances ou pour asseoir une suprématie, les auteurs s’amusent à mélanger les deux cultures pour les opposer et faire ainsi de la série une sorte de métaphore de ce qu’est notre société actuellement avec ses religions si différentes et pourtant si communes. Avec une connaissance évidente de leurs sujets, les scénaristes tissent une intrigue où se mêle le combat de dieux, celui des hommes et celui des envahisseurs. Et même si parfois la série peut nous perdre un peu dans une narration un peu confuse, qui peut s’être inspirée de l’Iliade d’Homère, chaque épisode captive par un soins presque orfèvre dans la construction des intrigues en fonction de faits historiques et des coutumes des uns comme des autres.
Côté mise en scène, un soin tout particulier est apporté à l’esthétisme de la série. Avec une mise en beauté sidérante de la nature et des costumes qui oscillent entre peaux de bêtes un peu crasses et tenues romaines soignées et impeccables. Rien n’est laissé au hasard et surtout pas les effets de caméra qui suggèrent avec intelligence la possession ou l’expérience chamanique imposée par les druides. On pense évidemment au cinéma de
Jan Kounen (Blueberry) qui avait donné un style inspiré et avait sut utiliser la technique pour imprégner le spectateur dans cet état second qui se veut une sorte de voyage astral vers une destination imposée par le druide. La série est de ce côté-là, du moins, brillante et saisissante de qualité.
Coté distribution, en revanche, le cahier des charges imposé par la production a dû prendre certains acteurs de court, à commencer par David Morrissey (The Walking dead) qui peine à imposer son personnage et offre une composition un peu mal maîtrisée dans certaines scènes notamment dans les premiers épisodes. A l’inverse c’est toujours un plaisir de retrouver Kelly Reilly (L’Auberge Espagnole), puissante et charismatique dans un rôle plutôt discret au départ mais dont on pressent tout le potentiel à mesure que la série avance.
En conclusion, « Britannia » n’est assurément pas le remplaçant tant attendu de « Game Of Thrones », mais sa reconstitution de cette époque encore peu connue et si peu traitée par la télévision qu’elle mérite le détour. Le scénario est particulièrement intelligent et la mise en scène captive le spectateur pour ne plus le lâcher jusqu’au dernier épisode. Mélange de Mysticisme et de faits historique, « Britannia », malgré ses faiblesses, reste une série de qualité qu’il faut découvrir comme cela fut le cas avec « Vikings ».