Arthur, 15 ans, a un coup de foudre pour Ouassima, qui ne le regarde même pas… Alors que lui n’a jamais pécho, elle sort avec Matt, le beau gosse du collège. Pour s’approcher d’elle, Arthur rassemble une bande de losers célibataires et lui propose de leur donner des cours de péchotage, à 10 euros la leçon. Dans les vestiaires de la piscine, débute alors un long apprentissage intime et collectif sur « les filles et l’amour : mode d’emploi ».
Pour son premier film, la réalisatrice Adeline Picault a puisé dans une question qui l’obsède depuis l’adolescence : « Comment peut-on parler d’un mode d’emploi, alors qu’il n’y a rien de si mouvant que ce sentiment ? ». Du coup la réalisatrice, s’est mise à écrire une histoire dans laquelle, un jeune homme pas forcément à l’aise avec les filles décide de demander à celle pour qui il a eu un coup de foudre. Et si la bande annonce promet un film sur la lignée de la série de Netflix : « Sex education » autant le dire, le scénario de la réalisatrice va beaucoup plus loin que cela. Elle cherche avant tout à s’éloigner de la simple mécanique de séduction que certain aimerait bien cadrer ou se prendre pour des spécialistes. Ici, même si le sexe, ne se tient jamais très loin, il reste pourtant à distance. La réalisatrice signe une histoire pleine de pudeur, où elle ne cherche pas à choquer, mais au contraire à porter ses adolescents dans des aventures aussi proche des attentes des spectateurs, tout en cherchant à les en éloigner. Car, au-delà d’une histoire de séduction obsessionnelle, ces ados vont d’abord devoir apprendre à s’aimer eux-mêmes, à trouver la confiance qui leur manque.
Filmé comme le témoin privilégié de leurs évolutions, le film va d’abord nous donner une leçon subtile et bien dessinée de tolérance et de vie. Dans cette histoire, il n’y a pas de couleurs, pas de religion, il y a simplement des ados qu’ils soient dans la norme ou pas, mais qui partagent, finalement, les mêmes problèmes : trouver leur place dans le monde qui les entoure, s’identifier par rapport aux parents. Jamais dans le voyeurisme, mais plutôt dans la légèreté et la pudeur, la réalisatrice tord le coup en douceur aux clichés de l’amour et montre ce qu’il y a de plus beau dans ce sentiment : la spontanéité et la simplicité. Les héros ne vont pas s’aimer parce qu’ils vont respecter une méthode, non, ils vont simplement trouver l’amour parce qu’ils sont eux-mêmes et qu’ils ne cherchent pas à farder leur nature.
Evidemment la très bonne surprise de ce film à la simplicité désarmante ce sont les jeunes acteurs à commencer par Paul Kircher (Capitaine Marleau). Le jeune comédien impose son visage lumineux, son sourire solaire qui fait immédiatement sourire le spectateur et le fait se sentir bien. L’acteur illumine le film de sa présence par une simplicité évidente et une gestuelle propre. Face à lui la charmante Ines D’Assomption (La Flamme) ne se laisse pas impressionner par son personnage et encore moins par les autres acteurs. Elle dégage une force et un charme qui font mouche dés sa première scène. Et même lorsqu’elle s’oppose à Ramzy Bedia (Tout Simplement Noir), elle sait capter l’attention et impose son personnage sans sourciller, le moins du monde. Bien sûr nous nous arrêtons sur les personnages principaux, mais il est bon de souligner que toute la distribution est la hauteur de l’attente et chacun impose un style et une maitrise, qui, notamment pour les jeunes qui n’avaient jamais tourné de film force le respect.
En conclusion, « T’as Pecho ? » est un premier film de la réalisatrice Adeline Picault qui sonne comme un coup de maitre. Son scénario et sa mise en scène sont emplis de pudeur et de bienveillance qui font de cette comédie, non seulement une réussite mais en plus un film idéal pour montrer aux ados et à leurs parents qu’il n’y a pas de méthode pour aimer ou être aimer si ce ne sont les plus importantes : être soi-même et respecter l’autre. La distribution est de très grande qualité.