Un été. La torpeur. Une chaleur écrasante. Un climat déréglé. Un village coincé entre la mer et la montagne. Pas de réseau. Pas de portable. Des amis qui se connaissent trop bien. Rien à faire. Ou si peu. Les vacances. Et puis arrive un bateau. Et de ce bateau, descend un homme. Un homme mystérieux…
Pour son premier long métrage, le comédie Matthieu Rozé que l’on connaît pour voir joué dans des séries comme « Cordier, Juge et Flic » ou encore « Central Nuit », a décidé de se lancer dans une entreprise périlleuse : Celle d’adapter un roman de Marguerite Duras : « Les Petits Chevaux de Tarquinia ». Un roman de vacances, de farniente, d’amis, d’ennuis et de séduction. Comme une envie de raconter une histoire simple et toujours plus complexe, comme à chaque fois chez Duras, où les sentiments et les situations donnent des sujets bien plus profonds, comme l’existence, la vie, la femme, l’amour et la liberté.
Ici, Matthieu Rozé se lance donc dans une adaptation libre et s’inspire, selon ses propres dires, de son expérience personnelle, pour y dessiner ces personnages qui partent toujours en vacances et se retrouvent, cette fois-ci, sous une chaleur écrasante, à ne plus se cacher, par une proximité régulière où tout le monde se connaît, s’apprécie mais sait également les failles des uns et des autres. Epuré au maximum, le scénario ne cherche pas à construire un historique à ses personnages, bien au contraire, il cherche avant tout à se focaliser sur le moment présent et sur ce personnages, à la fois réel et peut-être imaginaire qui arrive de son bateau et va perturber Sara.
A la fois, intemporel et tellement posée dans notre époque, la mise en scène de Matthieu Rozié se veut douce et pourtant précise en évitant les couleurs, comme le vert qui viendrait donner une certaine fraicheur dans cet environnement caniculaire où les sentiments sont exacerbés par chaleur, et où l’homme agit comme une métaphore du mirage en pleine désert. Chacun des couples évolue avec ses failles ou avec ses forces, mais toujours dans une certaine régularité que ce soit dans l’action ou dans le jeu. Un choix narratif et visuel qui peut représenter un certain risque pour le réalisateur, de voir le public ne pas totalement se laisser embarquer par ces personnages, pas si intéressant que ce au premier degré.
Pourtant, dès lors que l’on y regarde de plus près, chacun possède une touche d’originalité qui vient le rendre captivant. Comme le couple qui se dispute toujours : Gina incarnée par Maya Sansa (Revoir Paris) et Vadim joué par Thomas Scimeca (Le Flambeau), ou encore Sara qu’incarne Valerie Donzelli (La Guerre est déclarée) et Pierre par l’acteur Yannick Choirat (Sentinelles) et dont Sara va jouer le pivot de l’histoire. Si les acteurs ne sont pas toujours juste dans le jeu, ils parviennent à donner une liberté de ton qui n’est pas inintéressante.