Les répercussions d'un accident sur les vies d'un couple britannique, de leurs amis et d'habitants marocains qui se rendent tous à une fête se déroulant dans une luxueuse villa en plein désert.
Adaptation du roman « Terminus Oasis » de Lawrence Osborne, « The Forgiven » est une peinture à peine voilée de ces deux mondes que tout oppose, mais qui cohabitent tant bien que mal, rappelant les heures sombres de la colonie. D'un côté, il y a les occidentaux qui étalent insolemment leur fortune et leurs mépris de ceux qui ont la malchance de ne pas appartenir à leur monde (Et même ceux qui en font partie, d’ailleurs !) et de l'autre les Marocains, leur culture, leur religion et le dédain insupportable dont ils sont victimes. Les uns servent les autres et ces derniers ne les voient même plus, au point de déverser leur fiel devant eux, comme s’ils n’étaient que des éléments du décor. Et lorsque l'un des invités de ce couple de propriétaires d'une magnifique villa en plein désert marocain, vient à tuer accidentellement un jeune garçon d’un village éloigné, le sujet est traité comme un insignifiant événement, qui n'est pas digne de remettre en cause les festivités organisés. Groupe d'invités cyniques et autocentrés, ces richissimes occidentaux ne considèrent pas la mort de ce jeune garçon comme un événement grave. A partir de là, va commencer le long travail de prise de conscience de l'auteur de l'accident qui va devoir accompagner le père du garçon lors du retour du corps au sein de sa famille. David, va découvrir un peuple fier, accroché à ses traditions, il va surtout apprendre à les regarder, à les entendre et à les écouter.
Avec une mise scène sobre et en même temps grandiose, qui pourrait faire penser aux grandes heures d'Hollywood, et à des réalisateurs comme Anthony Minghella et son « Patient Anglais » en 1996, John Michael McDonagh, qui nous avait déjà marqué avec son « Calvary » en 2014, signe ici une œuvre entre cynisme et passion. Il filme avec une photographie digne des plus grands films hollywoodiens, une œuvre sensible qui se perd parfois dans la temporalité. Les décors semblent figés dans le temps, et les personnages, quels que soient les côtés de la barrière, sont ancrés dans une époque qui nous apparaît lointaine alors qu'elle nous est contemporaine. En brouillant ainsi les cartes, John Michael McDonagh, nous fait passer d'un regard inquisiteur sur un passé pourtant pas si lointain à un sentiment de malaise face à ce regard que l'on portait sur une société de l'autre côté de la Méditerranée. Grâce à quelques petits détails, le réalisateur nous ramène à la réalité et nous fait nous interroger sur la manière dont nous, occidentaux, percevons les drames aux Maghreb. Cette manière que nous avons, consciemment ou pas, de détourner notre regard de ce que nous n'estimons pas suffisamment proche de nous. De la même façon que les personnages du film et en extrapolant que très légèrement, le regard que nous avons sur le conflit en Ukraine, n'est pas le même que celui que nous posons sur le conflit au Soudan.
Et pour porter son propos, le réalisateur peut compter sur les prestations toujours impeccables de Ralph Fiennes (La Liste de Schindler) et Jessica Chastain (Armageddon Time). Le duo s'impose face au reste de la distribution, parfois un peu trop dans le confort, hormis Caleb Laundry Jones (Three Bilboards) qui continue de faire son bonhomme de chemin et livre chaque fois, des prestations minutieuses et précises. Et même si Matt Smith (House of the Dragon) et Christopher Abbott (A Most Violent Year) restent impeccables, ils restent, tout de même, dans leur zone de confort et ne font pas un pas de plus pour en sortir.
Alors, il y a des moments où l’on s’interroge sur la démarche de l’éditeur dans ce qu’il propose en bonus.
Dans cette édition, un rush de la scène du scorpion dans la chambre du garçon tué par David. Ca dure à peine 1 minute et ça n’a aucun intérêt ! Il valait mieux ne rien mettre