Le White Lotus de Taormine ouvre ses portes à ses nouveaux pensionnaires dans un cadre époustouflant. Mais sous le lustre apparent de cet endroit féérique, les petites histoires des occupants de l’hôtel peuvent vite se transformer en énormes problèmes. Et la semaine va même s’avérer très longue pour certains…
Mike White n’est pas un inconnu dans le monde du cinéma ou de la télévision, en tant que scénariste, il a notamment opéré sur des séries comme « Dawson » ou encore « Enlightened ». Au cinéma le palmarès peut parfois laisser dubitatif : « Rock Academy » (2003) de Richard Linklater, « Super Nacho » (2006) de Jared Hess ou encore « Le Monde secret des Emojis » (2017) de Tony Léondis. De toutes ces expériences, le scénariste, producteur et réalisateur, a su tirer un sens aigu de la narration et de l’irrévérence. Et « The White Lotus » qui pourrait être comparé a « Nine Perfect Strangers », puisque l’intrigue tourne autour de personnes qui viennent passer des vacances dans un hôtel, avec chacun leurs traumas et leurs égos. Sauf que la comparaison s’arrêtera là, car, White a décidé de parler également du personnel et de mélanger tout ce petit monde dans un ton radicalement différent qui mêle la comédie et le drame plus intimiste, puisque l’on y voit les protagonistes douter et parfois se déconstruire pour tenter de trouver un sens à leurs vies.
Et si la réalisation ne se refuse rien et, contrairement à la saison 2, prend du temps pour installer ses personnages et ses intrigues, elle n’en demeure pas moins efficace lorsqu’il s’agit d’aller creuser un peu plus dans les sentiments que ce soit ces deux couples qui viennent passer des vacances ensemble mais avec une vision du monde et du couple radicalement différente, la jeune assistante qui veut se remettre d’une rupture, ces deux jeunes femmes Italiennes qui veulent utiliser leur corps pour s’offrir un avenir meilleur, ou encore cette riche héritière rongée de névroses et dont le couple, nouvellement créé semble en bien mauvaise passe. Tous ces personnages s’entrecroisent au milieu des employés, eux aussi en proies avec leurs espoirs, leurs doutes et leurs frustrations contenues. Bien plus précise qu’elle n’y parait, la réalisation de cette saison 2 ne cherche pas toujours à choquer, mais va plutôt chercher à faire réagir le spectateur pour mieux l’entrainer dans les histoires des uns et des autres.
Agissant comme une peinture de ces relations entre les personnages de leur masculinité et de la force de l’attraction sexuelle qui les empêche d’avancer, comme le trio formé de F. Murray Abraham (Le Nom de la Rose), le grand-père, Michael Imperioli (Les Soprano), le père et Adam DiMarco (Good Doctor) le fils, dont les préoccupations des deux plus âgés tournent autour de leurs racines et de leur attraction sexuelle au grand désespoir du fils. Et puis il y a l’incroyable Tanya, déjà présente dans la saison 1 et interprétée par Jennifer Coolidge (American Pie), toujours aussi incroyable, mais dont la personnalité va commencer à se dévoiler un peu plus comme une riche héritière, autocentrée qui se laisse dépasser par ses souffrances. Ou encore cette hallucinante scène où Harper, se retrouve seule sur une place de Palerme, avec une horde d’hommes qui la désire et où la tension sexuelle n’a jamais été aussi pesante. Chacun des héros va devoir remettre en question ses propres décisions et sa propre vision de la sexualité pour pouvoir avancer.
Chacun des personnages est ciselé avec précision, comme Tanya McQuoid, comme nous venons de le voir, ou encore Valentina la directrice de l’établissement qui doit jongler avec les demandes et les caprices des uns et des autres, mais également avec un personnel qui ne lui laisse aucun répit et encore moins pour sa propre vie personnelle. Dans cette saison 2, comme dans la précédente, les auteurs nous réservent une scène choc, qui va considérablement alimenter le reste de l’intrigue et faire prendre à cette saison 2, un peu moins dynamique que la première, une tournure plus radicale.
En conclusion, « The White Lotus” qui fut la grande gagnante des Emmy Awards est, sans douter, LA Série de l’année, dont l’écriture, la mise en scène et l’interprétation signe un sans-faute. Et cette deuxième saison, malgré un rythme moins dynamique, va prouver une nouvelle toute la qualité narrative des auteurs.