Non, ce n’est pas Linda qui a pris la bague de sa mère Paulette ! Cette punition est parfaitement injuste ! … Et maintenant Paulette ferait tout pour se faire pardonner, même un poulet aux poivrons, elle qui ne sait pas cuisiner. Mais comment trouver un poulet un jour de grève générale ? … De poulailler en camion de pastèques, de flicaille zélée en routier allergique, de mémé en inondation, Paulette et sa fille partiront en quête du poulet, entraînant toute la « bande à Linda » et finalement tout le quartier. Mais Linda ne sait pas que ce poulet, jadis si bien cuisiné par son père, est la clef de son souvenir perdu… Au fait, quelqu’un sait tuer un poulet ? …
Certains films d’animation, notamment lorsqu’ils sont européens rebutent par les choix esthétiques et narratifs, bien loin de ceux ultra soignés des concurrents américains. « Linda veut du Poulet » a tout pour rentrer dans cette case. Un titre énigmatique, qui ne donne pas forcément envie d’en savoir plus, une esthétique un peu baveuse dans ses graphismes et surtout c’est un long métrage d’animation français. Et pourtant, comme bien souvent, malgré une sortie sur un nombre restreint d’écrans, il a su conquérir le cœur des spectateurs et des festivals auxquels il a été sélectionner, imaginez : Festival du film d’animation d’Annecy où il reçut le Crystal du Long métrage et le prix Fondation Gan à la diffusion. Festival International du film francophone de Namur d’où il partit avec le prix du meilleur scénario. Puis ce fut le Festival du film de Turin, où il reçut également le prix du scénario, puis le Festival de Guadalajara d’où il partit également avec le prix du meilleur film d’animation. Et enfin consécration suprême le César du meilleur film d’animation. Autant dire que « Linda veut du poulet ! » mérite, quand même que l’on s’y arrête.
Et nous n’allons pas nous mentir, heureusement, que nous nous y sommes arrêtés, car ce long métrage d’animation est une petite pépite de poésie, de fraicheur, d’humour et d’intelligence. Car le sujet n’est pas si drôle et si naïf que le titre le suggère. Le poulet en question est un « MacGuffin », c'est-à-dire un prétexte pour suivre une mère et sa fille, toutes les deux marquées par le décès du père, il y a des années de cela. Mais loin d’être un film sombre, le scénario se révèle drôle et même burlesque. Drôle, léger, même si parfois, il ne peut éviter quelques très rares moments d’émotions, l’intelligence des deux réalisateurs Chiara Malta (Le Grand Bazar) et Sébastien Laudenbach (La Jeune fille sans main) est de ne jamais se laisser aller à la facilité ou au pathos, mais au contraire de rendre cette recherche du poulet, comme une sorte d’aventure qui permettra à la mère et à la fille de rencontrer des gens et de se découvrir une nouvelle vie qui peut donc voir le jour, malgré le drame qui les a touché.
Dynamique, jamais ennuyeux, la réalisation est subtile et sait utiliser des références conscientes ou non, comme « les aventures du Petit Nicolas » (Les Livres) ou encore et surtout le burlesque de Tati pour faire évoluer leur histoire, sur un temps assez court pour un long métrage d’animation, 106 minutes environs, sans jamais perdre de leur humour, et de leur énergie. Les personnages sont attachants et le travail de doublage y est pour beaucoup. Que ce soit Clotilde Hesme (Lupin) qui amène toute la subtilité de son personnage, ou encore Laetitia Dosch (Acide) dans le rôle de la sœur qui doit s’occuper sans trop e vouloir réellement de sa nièce et puis la voix inimitable d’Esteban (Mes très chers enfants) un policier zélé mais maladroit, tout est réunit pour faire de « Linda veut du Poulet ! » une petite pépite qui a bien mérité toute ses récompenses.
Un making of chapitré qui revient sur les chansons du film, les décors, la prise de son et surtout et c’est, à mon sens le plus important car il donne toute son originalité au film : Le Style Graphique.
Puis une interview des deux réalisateurs Chiara Malta et Sébastien Laudenbach qui reviennent sur la manière dont ils se répartissent le travail lors du tournage du film.
Et enfin le clip de « Un souvenir ou deux » interprétée par Juliette Armanet.