La revanche de Jesse Lee

L'histoire :
En 1898, un groupe de soldats noirs est trahi par le commandant qu'ils servent, le colonel Graham (Billy Zane). L'équipe déserte la guerre hispano-américaine en possession du butin de leur dernier coup : un magot en pièces d'or. Poursuivis par Graham, le "Posse" est conduit par son leader Jesse Lee (Mario Van Peebles)  jusqu'à sa ville natale Freemanville. Sur place, Jesse découvre que les conflits raciaux perdurent et qu'il va devoir sortir et utiliser les armes pour ramener paix, justice et liberté à son peuple. Il le fera avec, en tête, la vengeance de l'assassinat de son père prédicateur, quelques années auparavant ...

La critique :
Les premières minutes du film, lorsque le colonel Graham (Billy Zane) abat froidement deux déserteurs, font un peu peur : on se dit que l'on va encore assister à des duels meurtriers qui sont sensés opposer des "hommes virils en désaccord". Bien sûr, cet aspect du western est présent dans La revanche de Jesse Lee, mais pas seulement. Jesse (Mario Van Peebles) incarne un cow-boy énigmatique, peu loquace (il prononce sa première phrase complète à la 33 ième minute), au visage peu expressif, mais surtout chargé d'un lourd passé d'homme noir. Contrairement aux habitudes, il ne symbolise pas le truand recherché, le tueur à gages sur le déclin mais, plus simplement, un homme marqué par la mort de son père.
Dans son jeu d'acteur, Mario Van Peebles dresse parfaitement à l'écran ce profil psychologique, grâce à un judicieux mélange de sobriété et de gravité, voire de froideur. Plus surprenante est la mise en images, beaucoup plus extravertie, on peut même dire parfois extravagante. La photo use et abuse d'effets pas toujours adéquats, comme lors de l'éxécution du forgeron avec un Jesse sur le pas de la porte, en contre-jour, au regard souligné par un rappel de lumière : une touche artificielle, un esthétisme qui rend le passage assez peu crédible, un clip vidéo s'en accommoderait bien mieux. Les prises de vue, les travelling font preuve d'une volonté d'originalité en conférant à ce film une modernité troublante car elle crée un décalage avec une histoire qui revendique un minimum de profondeur.
Mais c'est peut-être dans l'originalité du scénario que réside le principal attrait du film. Il s'agit en effet de la vision "historique" de la communauté noire au sein de la société américaine avec, en arrière-plan, le sort dramatique réservé à une autre communauté, les "native american" (les Indiens). Le générique de fin se permet même de revenir sur la courte histoire de ce pays, par le biais de quelques indications sur une page écran. Cela change du politiquement correct d'une grande majorité des oeuvres.
Le reste est assez conventionnel, avec des scènes d'action et un rythme bien mené, des acteurs crédibles et attachants ou encore une musique judicieuse.

En conclusion :
A la fois attachant par son histoire, et déroutant par sa modernité excessive, ce film laisse un sentiment mitigé, mais il conserve suffisamment de qualités pour vous donner l'impression que vous n'avez pas perdu votre temps à le visionner. En revanche, l'édition DVD est sans grande prétention, avec un traitement technique moyen et une interactivité défaillante.    

Plutôt moyenne dans son ensemble, l'image a bien du mal à restituer une photo résolument sophistiquée. La résolution, pas assez élevée, prive certains plans de nombreux détails. Sur certains passages, la lisibilité est altérée par une luminosité déséquilibrée (souvent trop sombre). Couleurs sans densité et contraste peu prononcé confèrent au rendu un aspect bien trop terne. 

VO et VF sont proposés en Dolby Surround stéréo. Passons sur la VO dépourvue de tout relief pour considérer la VF qui présente deux facettes. Sur les passages calmes, elle est très vive, très détaillée, avec un placement des sons surprenant au regard du format audio. Les voix ont du corps et les effets un réalisme assez convaincant. En revanche, dès que la "cavalerie" sonore arrive, la bande son devient brouillon, désagréable (saturation et agressivité), les sons s'entremêlent et ne sont alors ni localisables, ni identifiables. Un traitement audio Dr Jekyll et Mr Hyde !!

L'interactivité de ce DVD ne s'écrit pas avec un I majuscule mais avec une minuscule. Minuscule car c'est aussi ce qui caractérise le contenu (la bande annonce en VO) et l'originalité des menus austères.

En somme, difficile de faire moins bien, tant en qualité qu'en quantité ...