Hidden agenda

L'histoire :
Alors qu'il enquête en Irlande du Nord sur les atteintes aux droits de l'homme, Paul Sullivan (Brad Dourif), membre actif de la Ligue internationale pour les droits civils, est abattu. Le commissaire Peter Kerrigan (Brian Cox) découvre, grâce à Ingrid (Frances McDormand), l'amie de Paul, qu'il était sur le point de mettre à jour un complot et en possédait les preuves. Kerrigan va alors se heurter à la corruption et aux méthodes illégales qui règnent dans la justice anglaise.
Ken Loach et le néo-réalisme britannique :
Dès 1967, il entre dans ce genre avec le téléfilm Pas de larmes pour Joy (Poor Cow). Son travail n'aura dès lors de cesse de peindre sur la pellicule la vie réelle, au travers de ses aspects sociaux et politiques. Avec Raining Stones (prix du jury à Cannes en 1993) et My name is Joe , il traite le thème du père, toujours en proie à des tourments et à une vie matérielle précaire. Avec Land and Freedom (1995) puis Carla's song (1996), c'est dans l'histoire qu'il se plonge, toujours avec talent. Enfin, le monde du travail l'inspire plus que tout, avec des oeuvres comme Riff Raff (1990), Bread and Roses (2000) ou encore The Navigators (2001).  

La critique :
La plus grande force de ce film réside dans son traitement entre fiction et documentaire. Dès les premières images, on note que la recherche esthétique passe loin derrière une mise en image réaliste. Donc, oublions les poursuites endiablées, les fusillades interminables et autres stéréotypes des films d'action pour nous concentrer sur l'excellent travail de Ken Loach toujours très cohérent dans sa réalisation. Ainsi, l'histoire est d'autant plus crédible qu'elle ne se fourvoie pas dans des impasses ou subterfuges scénaristiques. On peut la suivre aisément sans forcément connaitre le problème irlandais en profondeur. Sans trop en dévoiler, le subtil mélange de complot, de trahison et de manipulation tient le spectateur en haleine tout au long du film. A noter qu'il ne nous propose que peu de temps morts avec quelques passages intenses, comme celui de l'explication entre Kerrigan (Brian Cox) et Brodie (Jim Norton). Assez peu complaisant envers l'Angleterre, le film est efficacement servi par une équipe d'acteurs tous crédibles. La dernière partie élargit l'intrigue en y impliquant des personnalités de renom, une façon efficace de traiter l'histoire avec ce "zoom arrière" ...

En conclusion :
Au meme titre que Mike Leigh, Stephen Frears ou encore Mark Herman, Ken Loach démontre avec Hidden Agenda sa sensibilité et ses capacités à "parler du réel". Ce film est aussi sobre qu'efficace. Sobre est également le traitement de ce DVD avec l'absence de version française, un son et une image assez quelconques et, enfin, une interactivité aux abonnés absents. Au final, l'accumulation de ces derniers points pénalise quelque peu cette édition ...

Sans éclat particulier, l'image reste fidèle à une photo très sobre, très sombre. On note un peu de grain et un constrate pas toujours très adapté. Mais le plus surprenant c'est, au final, que le film s'accommode assez bien de ces défauts qui ont tendance à renforcer son réalisme : on ne peut que faire preuve d'indulgence face à ces problèmes dans la mesure où l'oeuvre n'en souffre pas.

En l'absence de VF, il faudra se contenter de la VO, seule bande son digne de ce nom. La restitution audio ne souffre pas trop du format retenu (Dolby Digital 2.0) sachant que le film est peu propice aux effets sonores. A l'inverse, les dialogues sont primordiaux et un traitement 5.1 aurait probablement aidé à une meilleure perception des scènes clés, par un meilleur centrage et une présence plus accrue. Quoi qu'il en soit, la VO fait ce qu'elle peut, et, en dehors d'une légère touche d'agressivité, elle reste correcte dans son ensemble. 

L'habillage des menus est relativement réussi, mais l'absence de musique, bruitage ou animations les rend quelque peu froids. Une ergonomie classique permet d'accéder aux rubriques suivantes :
- Play
- Scene selection : chapitrage peu lisible en raison de vignettes figées trop petites.
- Language options : Choix entre les trois versions (sans rappel du format audio) et les onze sous-titrages.
- Original Theatrical Trailer : la classique bande-annonce.

L'interactivité ne bonifie pas ce DVD, heureusement que le film "s'auto-suffit"...