Salaam Bombay !

L'histoire

Krishna, jeune garçon âgé de 10 ans, est abandonné par le cirque itinérant pour lequel il travaille et se retrouve à Bombay avec le rêve de gagner 500 roupies qu’il rapportera à sa mère dans son village natal. Parvenu dans la ville, il est immédiatement submergé par la folie et la cacophonie: agents de police, bordels, circulation, fous, intermédiaires, trafic de drogue et traite de femmes, l’univers fantasmagorique du cinéma, et partout des enfants qui comme lui survivent  et succombent, dévorés par la ville.

 

La réalisatrice

Mira Nair est née en Inde en 1957. Après quelques années à l’université de Delhi à se consacrer à une activité créatrice de théâtre pour une troupe du répertoire, elle quitte l’Inde pour les Etats-Unis en 1976 afin de poursuivre des études à Harvard : c’est là qu’a lieu son premier contact avec la réalisation de films. Elle réalise quatre documentaires entre 1979 et 1987, diffusés sur plusieurs chaînes de télévision à travers le monde, et projetés dans de nombreux festivals internationaux. Elle a reçu de nombreux prix pour ces documentaires ainsi que pour l’ensemble de son œuvre. SALAAM BOMBAY est son premier long-métrage de fiction.

 

Le tournage

Mira Nair a tourné avec des enfants des rues ce film qui relate leur misérable destin. Elle raconte : "…avec une amie psychologue, nous avons créé un atelier de théâtre ouvert à tout le monde. Près de cent cinquante gamins sont arrivés. Au final, j’ai conservé les plus expressifs, dix-sept gosses qui sont devenus mes personnages principaux. Pendant plusieurs mois, nous avons préparé le film en faisant de l’improvisation sur le thème de la rue. Bien sûr, les enfants étaient payés. On m’avait dit qu’ils ne seraient jamais à l’heure, qu’ils voleraient, qu’ils ne sauraient jamais leurs textes puisqu’ils sont illettrés… Eh bien aujourd’hui, je peux répondre que sur ce film tout a été difficile…sauf les enfants ! …Au départ, il y avait un scénario, mais chaque scène restait ouverte à une éventuelle improvisation. Par exemple, dans la scène où ils servent à un mariage. Pour beaucoup d’entre eux, c’était une scène vécue: ce sont eux qui m’ont donné les détails sur le costume qu’on leur fait porter ou la façon de tenir les plateaux. Dans la séquence de la prison, c’est un des garçons qui m’a donné le texte de cette prière qu’ils récitent et qui se termine par «vive l’Inde». Seule, je n’aurai pas osé une telle réplique… Ainsi ont-ils enrichi le film de leur propre vie!"

 

Salaam Bombay

Bombay est surnommé Bollywood. B comme Bombay, B comme série-B. L'industrie cinématographique indienne est en effet gigantesque, sort une production très stéréotypée, de films colorés, aux budgets énormes, et à la qualité souvent discutable. En Inde, pas de place, à de rares exceptions près, pour le cinéma d'auteur qui n'est quasiment pas subventionné. Mira Nair semble être actuellement l'une des seules cinéastes indiennes à pouvoir faire sa place grâce à des investisseurs étrangers. Salaam Bombay n'est donc pas un film Indien au sens "Bolywoodien" du terme. Non, cette histoire nous mène au cœur des rues de Bombay et nous jette la misère quotidienne en pleine face. Mais de cette misère naissent des sentiments profonds, de l'amitié, de l'amour. Salam Bombay, c'est l'histoire de Krishna, ou Chaipau, le petit porteur de thé, qui, du haut de ses 10 années, se débat pour survivre au milieu de la délinquance, de la drogue, de la violence, de la prostitution. En filmant d'une manière à la limite du documentaire, Mira Nair accentue encore davantage la sincérité de son propos, et évite le misérabilisme: "Les gens qui ont vu Salaam Bombay! ne disent pas, me semble-t-il, qu'il montre la misère en Inde de manière gratuite. Il célèbre la survie de l'humanité de l'être face à toutes les vicissitudes de l'existence. Au quotidien, personne n'y prête attention: dans la vie, combien d'entre nous – au lieu d'affronter la réalité – restent sourds et insensibles? Fuir la réalité ne la fait pas disparaître." selon les mots de la réalisatrice dans "le courrier de l'UNESCO". Salaam Bombay, qui reçut en 1988, la caméra d'or au festival de Cannes, est un film bouleversant.

 

Malheureusement, on peut regretter une image qui n'est pas toujours à la hauteur de cette luxueuse édition. On sent quelques traces de fatigue sur le master utilisé. La compression est relativement bien maîtrisée. On note toutefois quelques fourmillements dans les arrières plans. Les couleurs offrent un bon rendu.

Deux pistes son disponibles sur cette édition: la version originale en hindi sous-titrée en français, ainsi qu'une version française. Toutes deux en mono. La version française, bien que bénéficiant d'un doublage correct, perd un peu de spontanéité, et accuse quelques distorsions dans le son de la bande originale. La vf se trouve être d'une qualité inférieure à la vo qui n'en reste pas moins très limitée de par son format.

C'est un produit très soigné auquel nous avons ici. Un superbe emballage cartonné, des menus soignés et un contenu très intéressant. C'est sur le second DVD que sont réunis les suppléments qui consistent en un entretien avec la réalisatrice, ainsi qu'un de ses moyens métrages.

 

India cabaret (57mn) vostf

Documentaire de Mira Nair, réalisé en 1988. La cinéaste, juste avant de tourner Salaam Bombay s'intéresse à la vie d'un groupe de strip-teaseuses d'une boite de nuit de la banlieue de Bombay. La caméra suit ces femmes, dans leur loge, sur scène, chez elles. Une réflexion sur la place des femmes dans la société indienne contemporaine.

 

Histoires de tournages (24mn)

Longue interview de la cinéaste qui évoque ses souvenirs de tournage, sa méthode pour diriger les enfants non comédiens. Mira Nair explique les difficultés rencontrées, comme le fait de tourner les scènes extérieures dans des rues bondées.

 

La fondation Salaam baalak

Deux pages de texte pour présenter et donner les contacts de la fondation Salaam baalak qui a été crée en 1988 après le succès international du film "Salaam Bombay". Tous les ans plus de 5000 enfants des rues sont aidés par cette organisation non gouvernementale.