L'histoire :
Delft, XVIIe siècle, l'âge d'or de la peinture hollandaise. La jeune et ravissante Griet est engagée comme servante dans la maison du peintre Vermeer. elle s'occupe du ménage et des six enfants de Vermeer en s'efforçant d'amadouer l'épouse, la belle-mère et la gouvernante, chacune très jalouse de ses prérogatives.
Au fil du temps, la douceur, la sensibilité et la vivacité de la jeune fille émeuvent le maître qui l'introduit dans son univers. A mesure que s'affirme leur intimité, le scandale se propage dans la ville.
Critique subjective :
Un tableau, un roman, un film, un dvd
Avant même la parution, en janvier 1999, du roman de Tracy Chevalier, le producteur Andrew Paterson et sa femme, scénariste, Olivia Hetreed découvrent le manuscrit de La jeune fille à la perle. Ils décident immédiatement d'acheter les droits du livre.
L'inspiration du livre et du film vient du célèbre tableau de Vermeer, La jeune fille à la perle. Ce tableau, peint vers 1665-1666, reste une énigme pour les spécialistes de Vermeer : on ignore en effet, qui est la mystérieuse jeune fille. Ce type d’énigme ne constitue pas une exception car il subsiste de nombreux doutes sur d’autres oeuvres de l’histoire de l’art et en particulier sur la Joconde à propos de laquelle circule de nombreuses hypothèses.
La romancière Tracy Chevalier s'est extrêmement documentée, et a élaboré sa trame à partir des quelques informations qu'elle a pu glaner. Andrew Paterson le confirme : " L'histoire racontée par Tracy correspond en tout point à ce que nous savons du peintre, de sa maison, de sa famille, de ses soucis d'argent (...)."
Le dvd continue après ces différentes variations de nous livrer des clefs pour approcher l’oeuvre de Vermeer et pour percer le mystère du tableau de la jeune fille à la perle.
Les bonus proposent à ce titre plus d’1 heure de programme si on compte les commentaires audio pour prendre la mesure à la fois des questions soulevées par un tel travail d’investigation et les difficultés rencontrées ainsi que les efforts consentis pour parvenir au terme du film.
La Joconde du Nord
Cette jeune fille représentée dans le tableau est surnommée la Joconde du nord car à l’instar de la Joconde de Léonard de Vinci elle attire le regardeur (le spectateur, nous) dans le tableau en nous fixant. Le procédé est très courant en peinture . Ici la jeune fille à effectivement quelque chose « d’indécent » comme le dit la femme de Vermeer dans le film. En effet elle est représentée presque de dos, et se tourne vers le spectateur comme si elle lui adressait un regard explicite, bouche entrouverte et sensuelle. La Joconde Italienne a un regard énigmatique qui inspire l’affection maternel tandis que la Joconde du Nord adresse un regard empreint d’une certaine sensualité.
L’hypothèse picturale de Tracy Chevalier
Cette hypothèse s’appuie sur la biographique de Vermeer et sur des études picturales menées sur l’oeuvre de Vermeer. Par exemple dans le film une scène montre Griet retirer une chaise de la scène que peint Vermeer et effectivement des radiographies du tableau montre qu’il y avait eu une chaise dessinée sous la peinture finale. En dépit du caractère fictionnel du film, les reconstitutions des intérieurs et les décors restant très fidèles à ce que devait être l’environnement de travail de Vermeer.
La lumière
Dans ce film, la lumière est d’une importance capitale, elle est particulièrement bien adaptée de la lumière qui fait la singularité de la peinture du Maître Hollandais. On peut se faire une idée plus ou moins juste de ce qui participe de la création d’une oeuvre artistique.
La part d’opportunisme qui préside à la réalisation d’un tableau est retranscrite à l’écran et l’on peut considérer que la lumière est un des personnages du film.Le réalisateur nous explique d’ailleurs dans les bonus le travail qui a été accompli pour obtenir une certaine lumière lors de la scène du banquet qui est éclairée à la bougie. L’éclairage à la bougie reste délicat sur un tournage de cinéma et l’on peut se référer à ce sujet au film de Stanley Kubrick « Barry Lyndon » qui comprend une Scène tournée à la seule lueur des bougies mais pour laquelle Stanley Kubrick avait utilisé des caméras spéciales et bricolées, montrant encore une fois son goût pour l‘innovation.
Une romance
Le film est également l’occasion de montrer une romance qui s’installe entre le peintre et la jeune Griet, son modèle qui comprend si bien son art. Vermeer est montré entouré de femmes (sa belle-mère, sa femme, ses filles et la bonne) qui ne sont pas vraiment concernées par les préoccupations de l’artiste. Griet semble douée d’un talent (peut être lié au travail de son père) pour l’art. Le film réactive le mythe du rapport entre le peintre et son modèle si cher à Picasso et qui réapparaît si souvent dan l’historie de l’art de la peinture.
Verdict :
On dispose d’un dvd à la réalisation soignée et dont le contenu montre tout aussi bien ce qui participe de l’oeuvre de Vermeer que les affres de la réalisation pour un film basé sur une oeuvre picturale. Loin de ne constituer qu’un essais esthétique sur un peintre et une de ses oeuvres, la jeune fille à la perle est aussi une romance. Un dvd pour tout le monde et qui aura une place de choix à côté d’autres dvds sur d’autres peintres tels que Pollock, frida ou Basquiat de Julian Schnabel.