Le titre résume très bien l’affaire ; il s’agit du quatrième épisode de la saga Myst et le développement de ce nouveau scénario promet de nombreuses réponses attendues depuis le premier épisode qui, rappelons-le, date de 1993. Une interface encore plus ergonomique, des décors somptueux, des personnages vivants et une histoire qui tient la route ; voilà bien tous les ingrédients pour assurer de longues heures de plaisir.
L’histoire et les histoires de Myst :
En 1991, les frères Robyn et Rand Miller, co-fondateurs de Cyan, décidèrent de créer un nouveau genre de jeu vidéo. Ils étaient non seulement prêts à créer un nouveau monde, mais ils voulaient également créer une nouvelle manière de voir les environnements et les énigmes et changer ainsi la façon dont les gens voient les jeux vidéo. Myst est sorti en 1993 et est rapidement arrivé premier aux tops des ventes dans le monde entier, en se vendant à plus de 6 millions d’exemplaires à ce jour.
Myst présente l’histoire d’une famille tourmentée. Atrus, dernier descendant d’une race disparue, les D’ni, pratique la magie de l’Art de l’Écriture. Cet Art lui permet de créer de nouveaux mondes (appelés Âges) en les décrivant simplement dans un livre. Atrus a passé plus de temps avec ses livres qu’avec ses deux fils, Sirrus et Achenar. Pour se venger, les deux frères décident de détruire les livres de leur père, et ainsi éradiquer l’Art de l’Écriture. Pour les arrêter, Atrus n’a d’autre choix que de les enfermer dans des Âges Prison. La fin de Myst ne donne absolument aucun indice au joueur sur ce qui a pu arriver à Achenar et Sirrus.
En 1997
Riven était encore plus grand et plus beau que Myst. Il contenait encore plus de personnages et de cinématiques en plein écran. Il est aussi considéré comme le chapitre le plus difficile et abscons de la série. Catherine, épouse d’Atrus, est kidnappé par Gehn, le père d’Atrus. Le joueur doit retrouver les Gehn et libérer Catherine.
En 2001
Myst 3 Exile introduit une nouvelle technologie qui permet au joueur d’avoir une vue à 360° du jeu, et ce même lorsque les personnages lui parlent. Exile a également introduit un nouveau personnage dans la série: la fille d’Atrus et de Catherine, Yeesha.
En 2003
Uru emmène l’histoire de Myst dans une toute nouvelle direction. Au lieu d’être situé dans le passé, Uru se déroule dans le présent. Pour la première fois, les joueurs peuvent explorer de nouveaux Âges en temps réel. Uru offre aux fans de Myst l’occasion de visiter pour la première fois la caverne D’ni et leur permet de découvrir les mystères de leur civilisation perdue.
Nous voici en 2004 avec
Myst IV. L’histoire de Revelation commence après celle d’Exile. Les joueurs pourront rencontrer la jeune Yeesha et ses deux frères maléfiques, Achenar et Sirrus. Les fans de la série trouveront les réponses aux questions qu’ils se posent depuis le premier Myst. Toutefois, le jeu reste accessible à tous, même aux nouveaux venus dans l’univers de Myst.
Le jeu
Myst IV Revelation ne déroge pas à la règle établie depuis le premier épisode ; le joueur se voit contraint de résoudre de multiples énigmes afin de se sortir d’une affaire qui l’emmène au travers de plusieurs âges. Les âges sont des mondes issues de l’imagination d’une civilisation, les D’ni qui résultent d’un pouvoir lié à l’écriture. Chaque âge possède sa propre culture, ses propres lois physiques… ce sont en fait de petits mondes. La sensation d’errance propre à la saga Myst reste intacte. Chacun appréciera comment Atrus, dès le début du jeu, nous place devant nos propres responsabilités dans un monde qui va se révéler pour le moins instable. Comme toujours, nous avons quelques indications de ce qui doit être fait mais aucun indice du comment y arriver. Myst IV : Revelation propose la découvert de quatre âges, tous bien différents les uns des autres mais qui s’avèrent complémentaires.
Myst IV Revelation est le monsieur plus de la saga Myst :
- Plus de mystère : le fait d’avoir vécu les autres histoires décuple assez logiquement le désir d’en savoir plus.
- Plus de beauté : les décors sont tout simplement somptueux, les textures réalistes au possible, l’intégration des animaux ou de l’eau rend un coté à la fois réaliste et magique aux différents environnements. Que le voyage se fasse en pleine journée (ha ! les ombres liées aux mouvements des nuages, la gestion des lumières…) ou la nuit, l’éclairage est optimal, sachant que de toute façon il est possible dans les options de régler luminosité, couleurs et contrastes (gamma).
- Plus d’immersion, notamment grâce à une gestion des interventions des autres personnages intelligente et totalement intégrée aux mouvements du joueurs. Alors que vous avez face à vous un personnage vous parlant, vous pouvez tout à fait détourner le regard et bouger ; fini les écrans statiques durant lequel l’angle de vision était imposé. Ici la liberté de regard est totale, les mouvements étant quant à eux liés à la technique de déplacement par case.
- Plus de réponses : les révélations sur les déchirement de cette famille unique permettent de comprendre enfin comment Atrus à pu emprisonner ses fils dans des mondes qu’il est enfin possible de découvrir en détail. Les informations importantes sont judicieusement distillées grâce à une amulette récupérée au cours du jeu et qui permet, face à certains objets, de visionner des bribes de mémoire.
- Plus de concentration : Afin de trouver les clefs des énigmes, il est primordial de se concentrer lors de la visite des lieux ou lorsqu’un personnage vous parle – chaque mot est important. Les concepteurs offrent au joueur un appareil photo – capacité infinie ! – permettant de mitrailler et de conserver une trace des objets et autres documents découverts. Dans Myst IV, toujours pas de sac à dos, on ne peut rien emporter, il faut donc avoir la mémoire pleine.
Intérêt du jeu :
Il est clair que Myst IV Revelation ne s’adresse pas aux survitaminés du jeu vidéo. Myst IV Revelation propose une immersion graphique de toute beauté, le coté agréable de la ballade étant justement subordonné à un rythme tranquille, à une vitesse de progression déterminée par le joueur. L’un des atouts de ce jeu, c’est son coté non linéaire ; les interventions des personnages ne se déclenchent pas obligatoirement à un instant précis mais plutôt en fonction des mouvements du personnage guidé par le joueur. Par contre chaque avancée stratégique dans le jeu se mérite par la découverte d’indices ou en trouvant la solution torturée aux énigmes. De fait le jeu peu ennuyer ; il est possible d’errer à l’infini tant que l’on à pas trouver le bon chemin et trouver la solution à l’une des énigmes qui, justement, déclenchera les évènements suivants. Ce qui peut sauver de l’ennui c’est justement la diversité des énigmes et le fait qu’elles insèrent de façon tout à fait cohérente et justifiée à la trame générale. Enfin presque.
Le développement scénaristique est intelligent et la liberté de navigation plaisante.
Le joueur n’a jamais l’impression d’être guidé obligatoirement dans une direction, même si en définitive cela est incontournable pour accéder à la fin. Cette liberté de mouvement associée à une histoire à multiples facettes est bien évidemment l’une des clefs du succès des différents épisodes Myst. Mary De Marle, l’auteur de Myst, résume d’ailleurs très bien la difficulté de cet exercice dans une récente interview : « Écrire une histoire pour un jeu vidéo est un travail complètement différent de l’écriture pour un film, une série télévisée ou bien un roman. Principalement parce que le public d’une histoire de jeu vidéo n’est pas un public passif. Les joueurs veulent contrôler l’action. Ils veulent être confrontés à des choix, et ils veulent que leurs décisions aient des résultats réalistes et significatifs. Si tous les choix dans le jeu mènent à la même conclusion, le public aura l’impression d’avoir été trompé. Même s’il est possible de créer des millions de résolutions différentes pour une intrigue, la quantité de temps et d’argent que cela demanderait, sans parler de la création de tous les éléments nécessaires qui mènent à ces résolutions pendant le jeu, serait écrasante. Donc le concepteur doit trouver des moyens pour que le jeu ramène régulièrement le joueur sur une voie narrative centrale. Mais sans pour autant lui faire sentir qu’il est manipulé. En même temps, l’auteur doit découvrir des façons de raconter une histoire de manière non linéaire. Par nature, la plupart des histoires sont linéaires. Les éléments narratifs traditionnels comme le développement des personnages, l’évolution de l’intrigue, la construction dramatique et les retournements de situation requièrent une progression linéaire et additive du récit pour être attrayants. Sinon, ils n’ont aucun sens. Comme il est impossible de prévoir les choix de chaque joueur dans chaque situation, le scénariste d’un jeu vidéo non linéaire doit trouver un moyen de s’assurer que même si un joueur découvre l’élément de l’intrigue “B” avant l’élément de l’intrigue “A”, son histoire sera quand même cohérente. C’est un souci que les auteurs pour le cinéma, la télévision et les romans n’ont jamais.»
L’interaction avec les personnages, les animaux.
Autre point fort avec l’agréable sensation que les personnages ou autres créatures que l’on rencontre ne sont pas sur un chemin immuable. Sur un même chemin, on peut très bien voir des créatures passer ou stopper notre progression, dans l’âge de Haven cela arrive plusieurs fois par exemple. Pascal Blanché, directeur artistique du jeu confirmait récemment que : « Une des choses qu’on a créé pour créer de la vie dans Myst, c’est ce qu’on a appelés les cycles combinés. C’est à dire que chaque créature à son petit parcours à elle, à sa propre vie, se déplace sur à peu près 2 minutes, ce qui fait que c’est toujours différent. » « Si tu vas plusieurs fois au même endroit, tu vas voir les mêmes créatures, mais tu vas pas forcément les voir faire les mêmes choses en même temps et ça donne vraiment une impression de vie. Il se dégage vraiment quelque chose de pas commun dans le jeu vidéo. »
Encore plus de vie dans un jeu vidéo
Autre élément technique qui participe à cette vie, c’est la technique ALIVE. Pascal Blanché expliquait également comment il était arrivé à associer pré-rendu, 3D temps réel et séquences filmées. « ALIVE (Advanced Living Interactive Video Environment) offre des environnements absolument vivants grâce à l’association de diverses nouveautés technologiques. L’une d’elle permet de reproduire le déplacement des nuages, une autre de créer des effets aquatiques interactifs. Une autre sert à produire des particules de brouillard ou de fumée, de petits insectes volants, etc. ALIVE comporte aussi une technique d’éclairage, pour allumer ou éteindre des lampes et diffuser des rayons lumineux en 3D. Avec ALIVE, nous pouvons faire danser l’ombre des nuages sur le sol et modifier l’éclairage d’un décor en temps réel. Il existe aussi une fonction « panneaux », qui sert à afficher une séquence vidéo n’importe où sur l’écran. Cela permet de faire évoluer dans le décor des acteurs réels ou des animaux en 3D, sans démarcation visible. Tous ces outils sont mis à profit de diverses manières dans chacun des environnements du jeu, afin d’y créer l’atmosphère recherchée. Les gens qui découvrent Revelation sont très surpris : ils ne comprennent pas comment on peut obtenir de tels effets de mouvement sans recourir en permanence au 3D temps réel. »
Les révélations
N’ayez crainte, je ne vais rien vous dire ! Juste vous confirmer qu’en effet, ce volet permet d’en savoir beaucoup sur les origines de l’affrontement de d’Atrus avec ses deux fils et plus particulièrement en savoir plus sur le destin des deux frères ; ou sont-ils emprisonnés ? Quelle a été leur vie dans leurs mondes respectifs ? Quel est leur ressenti sur les acteurs de leur père ? Le rôle de la sœur Yeesha apparue dans Myst 3 Exile est ici renforcé.
En conclusion, vous l’avez compris, Myst IV Revelation est le digne successeur des précédents volets de la saga. Prenez le temps de parcourir ces nouveaux âges, de pester contre la difficulté de certaines énigmes et vous comprendrez une nouvelle fois pourquoi le genre Myst-like n’est pas près de changer de référence.
Pour en savoir plus sur la fabrication de ce jeu, je vous invite à lire notre dossier par ici