Darshan

L’histoire :

Le réalisateur Jan Kounen signe un portrait d’Amma (Sri Mata Amritananadamayi Devi), déesse vivante de la religion hindoue.

Critique subjective :

Suite à ses réjouissants courts-métrages et à son premier long (le décrié Dobermann), Jan Kounen a été catalogué comme « enfant terrible du cinéma français ». Depuis, de l’eau a coulé sous les ponts et le cinéaste a découvert de nouvelles cultures. Il s’est pris de passion pour d’autres horizons spirituels, notamment les pratiques des chamanes auxquelles il a d’ailleurs consacré un documentaire (D’autres mondes). Désireux de faire partager son intérêt pour le chamanisme, le réalisateur en avait même injecté une bonne dose (mémorable séquence finale) dans son Blueberry, western raté et boiteux. Les mélanges sont parfois indigestes. En 2005, Jan Kounen continue son exploration de ces « autres mondes » avec Darshan, un film documentaire consacré à l’hindouisme.

En Inde, Amma (Sri Mata Amritananadamayi Devi) est considérée comme une sainte. Elle est l’incarnation de la mère divine. Quelles que soient la sensibilité et les croyances de chaque spectateur, il est impossible de ne pas se laisser fasciner par le personnage. Cette femme joyeuse, bienveillante et complètement désintéressée dégage quelque chose, possède une indéniable aura. A l’origine de très nombreux projets caritatifs, Amma est l’altruisme incarné. L’une de ses « spécialités » est le darshan, cérémonie au cours de laquelle elle prend dans ses bras une foultitude de personnes, l’une après l’autre. Le geste, totalement gratuit, résume assez bien la philosophie de cet être hors du commun. A l’occasion de ses cinquante ans, Amma a étreint quelques quarante-cinq mille personnes sur une durée de vingt et une heures. Plus impressionnant encore : depuis qu’elle pratique le darshan, on estime à vingt-trois millions le nombre d’individus qu’elle a serré entre ses bras.

Darshan est un documentaire peu conventionnel dans sa forme. Contemplatif, le métrage ne cherche surtout pas à convaincre son audience. Jan Kounen n’est jamais directif, il se contente de montrer et c’est au spectateur de percevoir le film en fonction de sa personnalité. La mise en scène, leste et fluide, est au diapason avec la quiétude de l’ambiance. L’utilisation du steadycam, et à plusieurs reprises du ralenti, fait naître une impression de flottement mystique, une sensation d’apesanteur qui retranscrit parfaitement l’atmosphère. La sérénité dont sont empreints les « personnages » en devient communicative. La caméra caresse les paysages, les plans accompagnent les protagonistes dans leurs mouvements et l’objectif parcourt délicatement des visages fervents. Darshan est un film hypnotique, une expérience sensorielle.

Verdict :

Si certains, les suspicieux de service et autres cartésiens purs et durs, pourront être hermétiques au charme de métrage, les autres se laisseront porter par cette oeuvre humaniste et apaisante.

Documentaire tourné en numérique, le film de Jan Kounen affiche un pressage DVD très satisfaisant. Si le grain est inhérent au support utilisé par le réalisateur, on peu, en revanche, déplorer quelques apparitions compressives, heureusement assez rares. On appréciera une belle gestion des couleurs, ce qui n’était pas forcément gagné d’avance.

Si le Dolby Digital 2.0 s’avère des plus corrects, on lui préfèrera une piste 5.1 beaucoup plus immersive. L’ensemble est clair et dynamique, les canaux surround bien sollicités (en 5.1). Bref, on plonge au coeur de l’action grâce à ces deux pistes de qualité.

 

- Commentaire audio de Jan Kounen : Un commentaire très explicatif qui se pose comme un parfait complément au film, le réalisateur comblant les « vides » du métrage par de nombreuses explications.

- Bande annonce (2 minutes).

- Scènes coupées (31 minutes) : Neuf scènes écartées du montage final et disponibles ici avec ou sans les commentaires audio de Jan Kounen. On y découvre de bien belles images accompagnées d’explications instructives.

- Carnet de voyage (31 minutes) : Un making of commenté par le réalisateur. Y sont montrées les conditions de tournage avec cette alternance entre les scènes visuellement pensées au préalable et celles improvisées sur le terrain.

- Interviews (53 minutes) : Entretiens éloquents avec Amma, ses parents, les swamis, les dévots et un certain Mishra. Les interviews, intéressantes, sont centrées sur le personnage d’Amma exceptée la dernière qui évoque le Gange et ses problèmes de pollution.

- Un autre regard par Anne Paris (29 minutes) : Quatre séquences qui développent des choses entrevues dans le film et nous éclairent sur l’envers du « décor ».

- Raghunath Manet (9 minutes) : Danse traditionnelle indienne.

- Les oeuvres d’Amma (14 minutes) : Panorama de quelques oeuvres caritatives orchestrées par Amma, preuve s’il en est que la bonté du personnage ne se limite pas à de belles paroles.

- Crédits.