Blueberry

Critique

Mike Blueberry n'est encore qu'un jeune adulte quand il est recueillit et soigné par les indiens après un face à face qui à vite tourné à son désavantage. Il y découvre les vertus du chamanisme. Des années plus tard, ses vieux démons ressurgissent soudains et le confrontent une nouvelle fois aux même adversaires. Pourtant cette fois le duel ne sera pas physique, mais spirituel et son adversaire sera autant lui-même que ses ennemis.

Blueberry était un projet risqué.  Un western, genre tombé en quasi-totale désuétude, une trame laissant la part belle au chamanisme au détriment des duels au pistolet, un budget énorme… c’est un peu au jeu du quitte ou double qu’on joué les producteurs du film (la petite reine) et Jan Kounen. Si le public accrochait à ce nouveau mélange, c’était gagné, si ce n’était pas le cas… les choses iraient plutôt mal, le film ne disposant pas de stars internationales il ne se referait pas aux USA. C’est pourtant dans une optique artistique que Jan Kounen continuera de diriger son film. Il ne cèdera jamais aux impératifs commerciaux et fera le film qu’il voudra (même si on parle d’un premier assemblage de près de 4 heures, Kounen revendique tout à fait, officiellement en tout cas, le présent montage). Pourtant, le film fut loin d’être bien accueillit lors de sa sortie. Boudé par le public, négligé par la critique, il a tout de ce type de film (dont Kubrick s’était fait une spécialité) renié lors de leur sortie pour acquérir de la valeur au fil du temps et finir par devenir des œuvres importantes au yeux de tous.

A la base de tout, il y a deux choses. Les expériences personnelles de Kounen rapport au chamanisme d’une part (qui l’ont vraisemblablement profondément marqué) et la bande dessinée d’autre part. L’amateur de la série de Jean Giraud alias Moebius ne pourra, à ce titre, qu’être au mieux déconcerté par le résultat. En effet, le film aurait tout aussi bien pu s’appeler autrement, tant il suit des chemins personnel pour son auteur, pour mieux s’éloigner de l’ambiance bien plus western de son modèle.

Malgré le fait qu’il n’ait réalisé qu’un seul autre long métrage, avec Doberman, film aussi survolté que provocateur, on peut dire sans se tromper que Jan Kounen à déjà réalisé un virage complet dans sa carrière. Blueberry est en effet aussi calme que Doberman fut agité. Les fans de ce précédent film risquent, eux aussi, d’être de prime abord déçu par la tournure que prend le film. A qui ce dernier s’adresse t’il alors ? Et bien, en réalité, à tout le monde, pour peu que le spectateur fasse l’effort (plutôt mince) de se laisser porter par le film. Plus que d’effets spéciaux (pourtant abondamment utilisées) ou d’action, le film est une véritable expérience, un trip, une sensation générale. Pour l’apprécier à sa juste valeur, une seule solution, se laisser porter par lui et éviter de tenter de comprendre de prime abord le moindre plan.

Le film est servit par un rythme quasi-hypnotique. Si vous avez aimé un film comme La ligne rouge de Terrence Malick, vos chances d’apprécier Blueberry n’en sont que plus élevés. On y retrouve ce même tempo calme et reposé, cette même volonté de s’attarder sur des détails si on regarde le monologue de Madsen sur l’araignée, on se croirait presque dans le film de Malick. Tout deux recherchent une certaine vérité à travers les méandres spirituels de leurs personnages.

Puis viennent les séquences dites de chamanisme, et là le film se détachent de ce qui a déjà été vue pour trouver alors, dans son ensemble, son propre ton. Ces séquences, réalisées à grand renforts d’effets numériques, sont censées retranscrire l’expérience chamanique en elle-même. Pari réussi ? Il faut sans doute l’avoir fait pour répondre exactement à cette question mais une chose s’impose, à l’écran c’est une réussite visuelle et les parfois longues scènes passent très vite à condition, encore une fois, de s’y laisser prendre. Kounen dispose d’une maestria technique indéniable. C’était déjà vrai avec Doberman, ça l’est maintenant encore plus quand on voit ce talent au service d’un film plastiquement aussi beau.

En conclusion

Blueberry est une grande réussite, un film à la fois beau et intelligent qui creuse bon nombre de questions vraiment peu souvent soulevées dans le cinéma ces derniers temps (sans même parler des westerns). Techniquement, il est au top, et quel plaisir de voir des acteurs tels que Michael Madsen, Juliette Lewis, Vincent Cassel et Ernst Borgnine réunis à l’écran.

Une image qui rend honneur à la photographie du film. La compression est au top, ne laissant entrevoir aucun défauts, la définition est correcte et les couleurs très proches de ce que l’ont avait pu voir au cinéma. Seule ombre (si c'en est une) au tableau, un grain un peu excessif. Il est certes volontaire mais peut-être un peu trop prononcé et visible par moments. Mis à part ce défaut (assez mineur tout de même) l’image est sans reproches.

Il ne faut pas l’oublier, même si Blueberry est réalisé et interprété par des français, il fut tourné en anglais. Deux choix s’offrent donc à nous avec la VO et la piste française, toutes deux en dolby digital 5.1. Troisième possibilité, la VO DTS. Le son est parfaitement reparti dans l’espace et on retiendra en fait principalement l’efficacité des scènes chamaniques qui donnent l’occasion aux pistes sonores de prendre une bien plus grande ampleur. Une réussite.

Des bonus conséquents pour un film qui a subit un échec en salles surenchère visant à attirer un public friand en suppléments ou tentative d’expliquer le film en profondeur ? Si la première explication est forcément en partie vraie, pour l’intention la seconde est sûrement plus juste. En plus de deux commentaires audio on trouve donc une seconde galette renfermant 3 heures de bonus en tout genre, de quoi tout comprendre du film. 

Commentaires audio de Jan Kounen : le réalisateur livre ici plus une analyse de l'ésprit du film q'un receuil d'anecdotes, plus rares, il est un bon complément aux bonus du second DVD.

Commentaires audio de Vincent Cassel : habitué à l'exercie, l'acteur se livre une fois de plus avec franchise et revient plus en détail sur le tournage même du film

Secrets du film- L’esprit du film : les images du tournage se greffent à une analyse de l’esprit même du film, de quoi mieux l’appréhender, et mieux le comprendre. Une nouvelle fois, Kounen partage ses expériences liées au chamanisme. La parole est aussi donnée aux acteurs, notamment à un Michael Madsen franchement amusant et à un Ernst Borgnine qui, contrairement à ce qu’on pourrait penser de prime abord, sait parfaitement dans quel genre de train il a embarqué et qu’il ne s’agit en rien ici d’un western traditionnel. Les images même du tournage sont passionnantes et font de ce journal de tournage un reportage des plus sincères, ce qui le rend d’autant plus intéressant à suivre.

- Les scènes coupées : ne nous emballons pas, en aucun cas on ne trouvera dans cette section la bonne heure et demi perdue dans les archives. Les scènes coupées ici présentées concernent le précédent reportage.

- Making-of : making-of malheureusement bien trop court (format TV, soit 25 minutes) qui présente les principaux aspects du long-métrage, à savoir les origines du film, ses acteurs, son histoire, son tournage… intéressant mais il ne va pas assez en profondeur. Il confirme néanmoins une impression bien établie, les bonus sont là pour expliquer ce que veut dire le film, pas pour expliquer comment il à été fait.

- Modules de making-of : séquences additionnelles au précédent making-of, cette fois plus clairement promotionnelles.

- Le secret de nez cassé : court extrait d’un passage de Cassel, Giraud et Kounen à la Fnac où Cassel explique une anecdote à propos du nez cassé du film. On y apprend notamment une chose invisible si on ne le sait pas, le nez cassé de Blueberry jeune est numérique.

Entretiens

Toujours dans une optique explicative, le DVD fait la part belle aux interviews dénués d’images de making-of. Ici, seul la parole de l’interviewé compte et c’est d’ailleurs très bien comme cela.

- Jan Kounen : le plus loquace, et c’est bien logique, le réalisateur parle autant de ses inspirations que des origines du film des ses expériences et du casting et révèle quelques anecdotes de tournage au passage. Il est clair qu’il garde ses cartouches pour le commentaire audio.

- Vincent Cassel : lui préfère revenir sur les raisons qui l’ont poussé à faire le film avec Kounen et fait un parallèle judicieux (j’avais pensé exactement la même chose après la première vision en salle) avec La ligne rouge.

- Jean Giraud : vraisemblablement très content de la direction que prenait le film (l’interview à été réalisé lors du tournage), Jean Giraud parle principalement du personnage et de l’origine du film.

Photos, croquis et story-board

- Story-board, croquis préparatoires et manuscrit : ces trois parties de la section sont commentées par Jan Kounen, apportant une fois de plus anecdotes et explications. La partie consacrée au manuscrit est particulièrement intéressante.

- Photos de tournage et de plateau : montées et accompagnées en musique

Inédits

Cette section regroupe deux long extraits de documentaires réalisés par Jan Kounen.

- Extraits D’autres mondes : un documentaire consacré au chamanisme

- Extraits de Darshan : moins pertinent par rapport au sujet mais néanmoins intéressants.

Bandes annonces et teasers

- Bande-annonce : la bande-annonce du film, telle qu’elle fut projetée en salle

- Projet de bande-annonce : la bande-annonce, dans un montage différent

- Teaser : la toute première bande-annonce du film, ne montrant que peu de choses, le but étant, comme le nom l’indique d’appâter le spectateur

- Projets de teasers : une dizaine de teasers inédits