Un
ornithologue suisse est retrouvé mort d'une crise cardiaque... dans un nid de
cigognes. Malgré cette disparition, Jonathan, l'étudiant qu'il avait engagé, décide
d'assumer seul la mission prévue : suivre la migration des cigognes jusqu'en
Afrique afin de découvrir pourquoi nombre d'entre elles ont disparu durant la
saison précédente.
Au cours de son voyage parmi les tsiganes de Bulgarie, dans les kibboutz d'Israël
et jusqu’aux confins de la jungle d’Afrique centrale, Jonathan est bientôt
confronté aux souvenirs terrifiants de son propre passé – ses mains portent des
cicatrices de brûlures depuis un mystérieux accident. Sur le chemin de ces
cigognes égarées et d’un trafic de diamants, Jonathan a rendez-vous avec sa
destinée…
Depuis plusieurs années maintenant, Canal + s’est lancé
dans la création et la diffusion de séries créées par elle et pour elle. Avec
un soucis constant de proposer de nouvelles œuvres qualitatives, en prenant
exemple de chaines américaines comme HBO par exemple. Pour cela la chaine, n’hésite
pas à s’offrir les services de réalisateur reconnus. Et le résultat est à la
hauteur de l’ambition, comme nous avions pu le constater avec l’excellente série
« Braquo » d’Olivier Marchal. C’est maintenant au tour de Jan Kounen
(Doberman) de se lancer dans l’aventure. Pour cela le réalisateur se trouve
avec une matière brut redoutable d’efficacité : « Le vol des
cigognes » de Jean Christophe Grangé (Les rivières pourpres). Une intrigue
à multiples tiroirs où les fausses pistes se succèdent à un rythme effréné.
Le réalisateur y trouve matière à toutes ses folies
artistiques. Comme il l’avait fait dans ses précédentes œuvres et notamment « Blueberry »
avec Vincent Cassel, le réalisateur installe le spectateur dans son fauteuil
avec une narration assez classiques, des plans soignés, et un visuel dès le départ
reconnaissable à l’instar des nids de cigognes, lors de la scène d'ouverture. Puis, à mesure que l’intrigue
se déroule, Jan Kounen impose son style, prend des chemins détournés et plonge
subitement le spectateur dans une aventure autant visuelle que sensorielle, à
mi-chemin entre le trauma du héros et le réalité du monde dans lequel il évolue.
Le style Kounen, peut surprendre, parfois même déclencher
un phénomène de rejet, mais une chose est sure, il ne laisse pas indifférent.
Inspiré du cinéma de Lynch, mais aussi dans certaines mesures du cinéma de la « nouvelle
vague », on pense parfois à « Pierrot le fou » de Godard. « Le
vol des cigognes » est de toute évidence une œuvre en deux partie d’une
grande qualité qui démontre, si besoin en était, la volonté du réalisateur et
de ses producteurs de donner une nouvelle vision de la série télévisée à la
française. Jan Kounen parvient à donner vie à l’un des romans les plus
complexes de l’auteur des « rivières pourpres ».
Pour cela il s’appuie sur l’interprétation impeccable
et particulièrement inspiré de Harry Treadaway (The Last Son), qui se donne
corps et âme dans ce rôle de personnage tourmenté par la mort de son mentor et
par une intrigue qui le dépasse. Comme le fit Vincent Cassel dans « Blueberry »,
l’acteur fait une expérience cinématographique dans les mains du chaman Kounen
et se révèle comme un acteur incontournable des prochaines années.
En conclusion « le vol des cigognes » est
une série à multiples intrigues maitrisée de main de maitre par Jan Kounen qui
parvient à ciseler sa minisérie pour en faire une expérience hors du commun
pour le spectateur. Une réalisation qui ne laisse personne indifférente, une
interprétation remarquable et « le vol des cigognes » devient d’un
seul la coup la série à découvrir de toute urgence.
Une plongée
dans les hallucinations du héros commentée par Jan Kounen, Himself, qui ne fait
en fait qu’une brève introduction, pour mettre l’accent sur le travail d’impro
du comédien Harry Treadaway. Puis des scènes coupées commentées elles-aussi par
le réalisateur qui revient en détail sur les raisons de la suppression de la
scène, mais aussi sur les changements opérés.