Mon oncle d'Amérique

Pays
France (1980)
Date de sortie
jeudi 13 février 2003
Durée
125 Min
Réalisateur
Scénaristes
Jean Gruault
Compositeur
Arié Dzierlatka
Format
Dvd 9
Langues
PCM
Label
SS.Titres Film
SS.Titres Bonus
SS.Titres Commentaire
Français
Non
Non
Non
Anglais
Oui
Non
Non
Le Film
Critique de Frédéric Deschryver
Editeur
Edition
Simple
Label
Zone
2
Durée Film
125 min
Nb Dvd
1


Le sujet

 

Jean Le Gall (Roger Pierre), issu d'un milieu aisé, hyper diplômé, occupe un poste important dans la fonction publique. Janine Garnier (Nicole Garcia) élevée dans une famille d'ouvriers militants communistes décide de s'évader de ce milieu en s'engageant dans une troupe de théâtre. René Ragueneau (Gérard Depardieu) fils de paysan, a quitté l'exploitation familiale pour occuper un poste de directeur technique d'une entreprise dans l'industrie textile. A l'issue d'une représentation, Janine fait la connaissance de Jean, venu la féliciter, et devient la maîtresse du haut fonctionnaire qui quitte son épouse pour s'installer avec elle. Les vies de ses trois personnages se trouvent liées par les effets du hasard, et le Professeur Laborit, en voix off commente les agissements, les réactions de tout ce monde en exposant ses théories sur le comportement.

 

Critique subjective

 

A l'origine, un laboratoire pharmaceutique qui avait fabriqué un produit sensé amélioré la mémoire, avait contacté le professeur Laborit, le spécialiste de l'aspect biologique de la sociologie et du comportement, afin qu'il intervienne dans un court métrage. Laborit, intéressé par l'idée demanda à Alain Resnais d'en être l'auteur. Resnais, séduit, décida d'en faire un long métrage, qui devint "mon oncle d'Amérique". Pour cette entreprise, Resnais s'adjoignit les services du scénariste Jean Gruault, qui collaborait avec Godard, Truffaut, pour lui écrire un scénario combinant une histoire romancée et les idées de l'homme de science.

 

Mon oncle d'Amérique est l'histoire de trois destins croisés, celui de Jean Le Gall, le haut fonctionnaire, de Janine Garnier, l'actrice, puis styliste et René Ragueneau, le cadre d'une entreprise de province, trois histoires d'hommes et de femme, avec leur passé, leur vécu, leur enfance, leurs aspirations, que Resnais sait rendre immédiatement intéressantes, en les introduisant de manière peu habituelle, au cours d'un premier acte, à la manière d'une pièce de théâtre, lorsqu'une voix off, émergeant d'un chaos d'images et de sons, entame une biographie de chacun des protagonistes, à la manière d'un conférencier distribuant des fiches relatant le passé de Janine, Jean et René, pour les mener au point culminant de leurs aspirations. Janine obtient un certain succès dans le théâtre, Jean est directeur de l'information, et René, qui a réussi à fuir le milieu paysan, s'épanouit dans son travail de directeur technique. Ces trois personnes ont pris pour modèles des stars du cinéma, que Resnais dispose en inserts dans son film, comme autant de ruptures de ton. Ainsi, apparaissent de façon impromptue Jean Marais dans "la belle et la bête", Danièle Darieux et Jean Gabin dans "gueule d'amour", idoles respectives de Janine, Jean et René. Indicateur du temps qui passe, le visage d'un acteur reste intact, et Jean Gabin aura toujours 33 ans dans Gueule d'amour. Puis vient alors le second acte, où tout se dégrade, les personnages apparaissent sous un angle différent, des bouleversements s'opèrent dans leur vie, et arrivent les inévitables frustrations. Jean rencontre Janine et quitte sa femme, se voit limogé de son poste, René est victime d'une restructuration de son entreprise et compétences professionnelles sont remises en question.

 

Cette histoire pourrait se suffire à elle-même et donne matière à un film à part entière, "une comédie sur le mal-être" comme dit justement Resnais, le titre: "mon oncle d'Amérique" désignant par cette expression populaire, les facilités que l'on peut attendre de la vie, l'image hypothétique d'un bienfaiteur qui viendrait résoudre les problèmes, mais qui ne reste qu'imaginaire, la réalité étant beaucoup plus cruelle, avec ses conflits, ses indécisions, ses humiliations et ses coups du sort.

 

Un quatrième personnage intervient, dès les premiers instants du film, qui se présente au même titre que les trois protagonistes. Le professeur Henri Laborit, dans son propre rôle, par intervalles, expose ses théories sur le comportement. L'homme, au même titre que tout mammifère, est doté d'un cerveau reptilien, siège des pulsions, qui assure les réflexes de survie. Un deuxième cerveau se superpose au premier, et qui est le cerveau de la mémoire, à la recherche du plaisir et qui tente d'éviter le renouvellement des expériences douloureuses. Le troisième cerveau, spécifique à l'homme, le néocortex est le cerveau social, qui recouvre les pulsions par un alibi langagier, qui tempère les réactions. Chez l'animal, le comportement est régi par les deux premiers cerveaux, les réactions violentes, le besoin de domination, les réactions d'inhibition, ne sont que des comportements adaptés à des situations de stress, de frustration. Chez l'animal social qu'est l'homme, ces réactions demeurent, sous des formes déguisées, et le discours d'Henri Laborit, qui vient en contrepoint de l'histoire tente d'établir un parallèle entre les luttes, les réactions des personnages face à leurs frustrations, leurs désirs, au sein de leur vie sociale, et les comportements des rats de laboratoire en situation de stress.

 

Evidemment, les thèses avancées sont extrêmement réductrices, et même si les réponses comportementales sont soumises à des modèles, l'homme dispose de sa liberté et de son libre arbitre. Mais ce film n'a pas d'ambition didactique, et l'idée du commentaire du professeur Laborit, est réellement intéressante, parfaitement intégrée à la narration, et ajoute à ce film une dimension inhabituelle. Le résultat est excellent, et "Mon oncle d'Amérique" est une réelle réussite.
L'image
Couleurs
Définition
Compression
Format Vidéo
16/9 anamorphique couleur
Format Cinéma
1.66:1
L'image est lumineuse, aux contrastes bien appuyés, et aux couleurs correctement rendues, mais souffre d'un manque de définition, les détails restent flous. On note également un léger fourmillement.

Le Son
Langue
Type
Format
Spatialisation
Dynamique
Surround
Français
1.0


En mono d'époque, la bande son est très satisfaisante, laissant clairement s'exprimer les dialogues, sans saturation.

Les Bonus
Supléments
Menus
Sérigraphie
Packaging
Durée
96 min
Boitier
Digipack


Cette édition est réellement remarquable de part la richesse des documents disponibles dans la section bonus. Constitués en majeure partie par des entretiens, ces suppléments apportent un plus indéniable. Des bonus intelligents.

 

Extraits de ciné regard (1980) (18'45)

Entretien avec Alain Resnais par Pierre-André Boutang, extrait de Ciné Regards, émission diffusée le 17 mai 1980 sur FR3.

Alain Resnais apparaît rarement à l'image. Ici, c'est donc une interview enregistrée qui est diffusée, sur des images du tournage de "mon oncle d'Amérique". Le réalisateur "instinctif" comme il se qualifie lui-même évoque au cours de cet entretien, les étapes de fabrication d'un film qu'il définit comme une suite de hasards et de coïncidences, ce que pense un cinéaste au cours d'un tournage, comment lui-même se décide dans le choix de la distribution. Resnais évoque la naissance de "Mon oncle d'Amérique", le rôle du professeur Laborit, et conclut ce document sur sa conception du cinéma, ce drôle d'art qui mélange tous les arts, la peinture, la musique, le roman, le théâtre, et qui a peut-être pour spécificité son aptitude à manipuler le temps.

 

Entretien avec Alain Resnais (23'19)

par Serge Toubiana, le 24 octobre 2002.

Serge Toubiana est le concepteur de la collection Alain Resnais. Interview sonore, Alain Renais n'aimant pas apparaître à l'image, chapitrée suivant les sujets abordés.

 

01 un film sur deux

C'est le rythme idéal selon Resnais, auquel un réalisateur devrait retrouver ses acteurs. Règle à laquelle lui-même ne se plie pas, retrouvant son équipe de fidèles sur plisieurs films consécutifs

 

02 Jean Gruault

Sa collaboration avec le scénariste

 

03 La mémoire du spectateur

Le scénariste se doit d'imprimer la mémoire du spectateur qui ne peut revenir en arrière comme dans la lecture d'un roman. Resnais évoque cette règle, ce jeu auquel doit se livrer le réalisateur, les procédés employés, comme les scènes statiques, la sonorité des mots, le jeu théâtral des acteurs.

 

04 Une énigme à résoudre

Le film est un objet imprévisible, le résultat s'élabore au cours de sa conception, que le réalisateur ne maîtrise pas totalement.

 

05 Les clichés

Les flash de cinéma (appliqué dans Marienbad) appliqués dans "mon oncle d'Amérique", pour montrer la notion de vieillissement, les acteurs servent d'indicateurs du temps qui passe.

 

06 Henri Laborit

La thèse est un élément dramatique. Laborit évoque ses idées sur le comportement sans connaître le film. Le tour de force vient du montage qui superpose correctementles deux.

 

07 La note juste

Qu'est-ce qui fait qu'on accroche ou non à un film?

 

Nicole Garcia

Interview filmée de l'actrice qui donnes ses impressions sur le film, parle de son personnage, interrogée en septembre 2002 par Serge Tubiana.

01 La rencontre avec Resnais (5'46)

02 Direction d'acteurs (0'50)

03 Un grand scénario (2'56)

04 Des rêves trop grands (1'43)

05 Le début (2'28)

06 Les personnages (3'04)

07 Le rôle de Laborit (3'21)

08 Tragédie antique (2'07)

 

Jean Gruault

Interview filmée du scénariste, collaborateur de Godard, Truffaut, Rivette, Rossellini, interrogé par Serge Tubiana (mars 2002). Interview passionnante d'un homme qui rend son discours très attractif par ses digressions, ses anecdotes. Jean Gruault possède un grand talent de conteur.

Gruault parle de sa première rencontre anecdotique avec Resnais, d'un premier contact peu engageant, et évoque ensuite toute l'histoire de ce film, le choix des acteurs, le choix de Roger Pierre pour le rôle de  Le Gall, retenu par Resnais, contre l'avis de l'équipe. Gruault raconte de manière passionnante les éléments qui ont contribué à l'élaboration du scénario sur laquelle il s'étend longuement, ses inspirations pour l'écriture.

 

01 Rencontre avec Alain Resnais (3'35)

02 Naissance du scénario (12'20)

03 La structure du film (5:04)

04 Henri Laborit (2:01)

05 Derniers rajouts (5'40)

06 Acteurs et dialogues (1'47)

07 Resnais expérimentateur (1'31)

 

La collection Alain ResnaisUne présentation des films d'alain Resnais édités par mk2
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