Contemporain de Robin des Bois, Ivanhoé affronte Jean sans Terre, car celui-ci est à la tête du pays après avoir fait croire que son frère, le roi Richard Cœur de Lion, était mort aux croisades.
Il fut une époque bénie, lorsqu’une colline improbable vit naître un art encore plus incertain : Le Cinéma. Un nouveau divertissement qui ferait la célébrité de cette terre du sud Ouest des Etats-Unis. A la naissance de cette machine à rêve, créatrice de carrières parfois légendaires, souvent éphémères, les scénaristes s’imprégnaient de la littérature, de l’histoire, possédaient une imagination et un sens de l’amusement qui semble maintenant particulièrement désuète.
Pourtant, même si l’ensemble manque parfois de crédibilité, la magie de l’apparition d’Ivanhoé fonctionne toujours autant. Comme un troubadour jouant de son luth, pour séduire les jeunes prétendantes, il arrive la mélodie aux lèvres, laisse passer un gag avec une telle prestance qu’on en attend presque un clin d’œil à l’écran. Le jeu parfois théâtral de Robert Taylor (Les chevaliers de la table ronde), se prête à merveille au personnage créé par Walter Scott en 1819. En effet le personnage se veut magistrale, charismatique, artistique, à la différence de son collègue Robin des Bois qui lui devient plus frondeur, plus violent aussi.
Ivanhoé est un chevalier fidèle et respectable autant que respecté. Héros des temps anciens, il n’en n’était pas moins séducteur. En cela Robert Taylor prête sa plastique rageuse de l’époque et lui donne une candeur totalement en adéquation avec l’image que l’on pouvait se faire du héros dans le livre de Walter Scott. L’acteur qui, à l’image d’Erroll Flynn, a réussi à imposer son talent aux services des grands héros populaires, devient en quelques minutes l’incarnation d’Ivanhoé. Et le duo qu’il forme avec Elisabeth Taylor (Cléopatre), toujours aussi merveilleuse dans ces rôles de femmes autant séductrice que destructrice, une femme tendre et forte en même temps qui ne parvient jamais à être dompté, fonctionne avec toujours autant de crédibilité, même avec le poids des années.
Et c’est le poids des années justement qui est certainement le point faible de cette adaptation, car les combats sont orchestré avec beaucoup moins de brio que maintenant et l’on ressent très facilement, les difficultés tant techniques que physiques qui ont pu s’imposer au réalisateur Richard Thorpe à qui l’on devait déjà « Les aventures d’Huckleberry Finn » ou encore « Les aventures de Tarzan à New York ». Si la réalisation et le mise en scène ne manque pas de superbe, elle n’en demeure pas moins légère surtout lors de la scène de joutes, où les épées semblent plus porter leurs propriétaires que l’inverse ou lors de la scène de combat qui ressemble plus à des batailles d’apprentis chevalier dans les cours de récréation que de reconstitution historique.
En conclusion, un grand film d’aventures comme Hollywood savait les faire à l’époque, qui ne manque pas de panache, mais qui souffre de légèreté avec des scènes de combats mal chorégraphiées. L’ensemble n’en demeure pas moins un grand divertissement.