Trois filles, trois garçons. Résistants de la première heure, courageux et passionnés, à la libération, ils ont 20 ans. Malgré leurs différences, le communisme et l’amitié les unissent. Entre 1945 et 1965, la société change et eux aussi. Leurs idéaux sont malmenés, mais l’amitié est là, plus forte que jamais. Pour le meilleur et pour le pire !
Trois filles trois garçons, six destins qui font route ensemble, partageant les idées, partageant les souffrances, les amours, les peines et les détresses. Une poignée d’âme en manque de repère à la sortie d’une guerre qui leur a pris autant qu’elle leur a donné. Leurs cœurs pleins de haines autant que d’amitié pour ceux qui souhaitent se battre pour reconstruire ce pays en ruine, vont changer aux fils de leurs vies respectives. « Les camarades », c’est un peu de l’esprit des communistes d’après-guerre, sauveur de l’ouvrier, emblème d’une solidarité qui se veut chaque fois un peu plus forte, un peu plus soutenue, au point parfois d’en devenir extrémiste. Ce sont des idées qui parfois ne laissent pas de place aux blessures de l’âme des uns et des autres.
Le film de François Luciani (Les filles du maître de Chai, L’adieu) se veut porteur de cet état d’esprit si particulier à l’après-guerre, où la solidarité fait aussi place au jugement parfois sévère des autres, où la souffrance vécue pendant les années de conflit laisse naître une détresse infinie que beaucoup n’arrive plus à comprendre. On oublie les années sombres pour engendrer des années de lumières que l’histoire mâtinera aussi d’un léger voile d’obscurité. En cela le réalisateur parvient à insuffler avec brio cette ambiance patriotique, que l’on ne retrouve pratiquement plus dans nos rues, dans nos cafés.
Aidé par une distribution possédée, Laure Marsak (Entretient avec un vampire)et Olivier Sitruck (Jeff et Léo, flics et jumeaux)en tête, François Luciani, nous rappelle qu’à une époque où tout était à refaire et où l’avenir se portait dans chacun des regards, de nouvelles idées révolutionnaires se mettaient en place, celles d’un monde meilleur au milieu de l’enfer des esprits. Les comédiens transportent le spectateur dans cet univers à la fois tendre et révolté. Mettant leur talent au service d’une œuvre qui montrent les errances d’une telle société autant que ses avancées, les interprètent parviennent aisément à se fondre dans un décor aussi nostalgique que fidèle.
En conclusion, un film en trois parties qui nous permet de découvrir par le regard de 3 filles et 3 garçons, les idéaux parfois paradoxaux mais pourtant si nécessaire à la reconstruction d’un pays meurtris, par des années de guerres et d’occupations. Un film qui nous permet de méditer à ce que seront les conséquences de ces conflits dont nous sommes en quelques sortes les instigateurs.