Nomad

Asie Centrale 18^ème siècle : Le peuple Mongol est divisé en plusieurs tribus de Nomades qui parcourent les immenses étendues de leur pays, entre luttes intestines et liberté de grands espaces. La légende prédit pourtant la naissance d’un enfant, descendant du puissant Gengis Khan, qui seul unira les clans et restaurera la paix.

Sont ce les américains qui ont le privilège de réaliser les films les plus spectaculaires ? N’est il pas possible de faire mieux ou tout du moins identique sur notre bon vieux continent ? Le réalisateur Sergueï Bodrov (Le baiser de l’Ours, Mongol) et Ivan Passer (Haunted Summer, Un fade Après-midi) nous prouvent si besoin en était que la Russie n’est pas simplement le pays de la Vodka et des hivers particulièrement rudes, mais celui d’un cinéma qui s’ouvre aux reste du monde, avec autre chose que des films tristes et mélodieux comme on le connaissait jusque là. De là à dire que Sergueï Bodrov et Ivan Passer pourraient être l’équivalent russe de nos Luc Besson et Mathieu Kassovitz nationaux, il n’y a pas un grand pas à franchir. Car la mise en scène de Nomad se veut particulièrement efficace, tout en respectant les faits et coutumes historiques. Les réalisateurs n’hésitent pas à copier le modèle américain dans le style particulièrement visuel de sa narration, mais il n’oublie surtout pas de respecter l’histoire de ce pays grandiose. Fort d’une histoire que le reste du monde a voulu oublier, Sergueï Bodrov et Ivan Passer redonnent vie à la majesté des paysages de l’asie centrale et refont naître avec passion et brio, le grandiose de ces guerriers des steppes de Mongolie. Impossible pour nous français, de ne pas penser à Michel Strogoff de Jules Verne et à la dureté décrite de ces guerriers, autant habités par leur honneur que leurs cousins nippons. A des années lumières de la pitoyable adaptation de la vie de « Vercingétorix », Sergueï Bodrov et Ivan Passer révèlent un pan de l’histoire d’Asie Centrale, qui n’est justement pas si éloigné de la notre. Vercingétorix permit à la Gaule de s’unifier pour mettre un terme à l’invasion romaine, les tribus mongoles attendaient un roi pour les unir. Aidé dans son œuvre par un casting efficace, le réalisateur livre ici une œuvre spectaculaire autant que ludique, qui n’oublie jamais de divertir.

La distribution est effectivement autant surprenante qu’efficace, à commencer par Kuno Becker (Goal I et II) qui affiche un plaisir incroyable à jouer dans ce film. Possédé par le légende du descendant de Gengis Khan, il offre une composition sobre et maîtrisée de son personnage. Mark Dacascos (Crying Freeman, Le pacte des loups) est, quand à lui, méconnaissable de maturité et offre ici une composition de maître qu’il fait bon découvrir pour oublier les quelques insipidités de son parcours.

Une distribution qui ne faiblit jamais donc et qui permet à ce réalisateur de faire revivre le cinéma de son pays dans le reste du monde, notamment grâce à la production avisée de Milos Forman (Amadeus, Les fantômes de Goya).

En conclusion une fresque époustouflante de maîtrise, qui réserve de bien belles surprises, notamment dans la distribution aussi internationale que la qualité de narration des réalisateurs.