A la mort du patriarche, les deux héritiers de la famille Montgomery, les jumeaux Brett et Brad, se déchirent pour prendre le contrôle de l’empire familial. Amours, passions, trahisons, meurtres et complots rythment le quotidien des habitants de St Andrews.
Créée par Marc Brunet que l’on connaît, par ici, pour ses participations aux films tels que « Le brasier » ou encore « Darling », « Le cœur a ses raisons » est une parodie des « Soap » tels que « Amour, Gloire et beauté » ou encore « Les feux de l’amour », pour ne citer qu’eux. Utilisant avec brio tous les clichés de ces séries « A l’eau de rose », « Le cœur à ses raisons » plonge le spectateur dans les méandres d’une intrigue aussi efficace que celle des séries fleuves de la télévision américaine.
Particulièrement drôle, utilisant des gags d’une efficacité incroyable, comme celle des draps de satin dans le premier épisode, cette série canadienne n’est pas sans rappeler le style des "Monthy Python", avec des dialogues autant décalés que proches de ceux dont ils se moquent, des attitudes rocambolesques volontairement acides qui mettent le point sur les travers des personnages des séries dont elle est inspirée.
Les comédiens y sont pour beaucoup, à l’image de Marc Labreche (L’âge des Ténèbres) qui prend un réel plaisir à interpréter les deux jumeaux Montgomery, et qui le montre à l’écran. L’acteur capte les gestes et les attitudes de ses modèles et les caricature avec suffisamment de finesse pour que l’on plonge réellement dans l’esprit de la série. De même que la comédienne Anne Dorval qui, dès le départ rayonne et s’accapare l’attention du spectateur. Car outre les formes généreuses dont elle est affublée, elle incarne la dérision à l’état pure. Merveilleusement drôle, incroyablement à l’aise quand il s’agit de se tourner en ridicule, la comédienne ne recule devant aucun sacrifice et fait mouche à chaque instant.
La réalisation est aussi à souligner, car elle prend soin de ne jamais s’éloigner de son sujet et capte chaque plan de ses modèles. A commencer par le bouquet de fleur qui chaque fois début un épisode de Soap, en passant par les accessoires aussi indispensables que les carafes en cristal et les seaux à glaçons aussi kitsch que possible. Une réalisation qui prend soin de ne rien omettre pour rendre l’ensemble totalement crédible en l’affublant d’une intrigue de seconde zone, aussi passionnante que celles des « soap ». Le réalisateur a pris un soin particulier au rendu des couleurs, à la luminosité souvent approximative, aux plans répétés à outrances pour justifier une action, où à la musique qui souligne l’intrigue.
Seul défaut de l’ensemble, de la même façon que pour les compilations des sketches d’humoristes en tout genre, il est bon de ne pas visionner les épisodes à la suite, par risque de lassitude.
En conclusion une parodie totalement réussie, qui ne laisse rien au hasard, et dont le visionnage provoque fous rires en cascades et ne laisse pas indifférent les amateurs. Une véritable parodie de grande qualité qui utilise les véritables clés des Soap pour mieux les tourner en dérision.