L’histoire :
Destins croisés sur les îles Caïman, sur fond d’argent sale et de romance contrariée.
Critique subjective :
Ecrit et réalisé par Frank E. Flowers (dont c’est le premier long-métrage), Haven – L’enfer au paradis suscite d’emblée la méfiance, à plus d’un titre. N’ayant pas bénéficié d’une sortie salles en France, le film débarque directement sous forme versatile … quatre bonnes années après sa sortie US. Il y a aussi cette mention sur la jaquette « Par les producteurs de Collision » et Dieu sait si le cinéphile prend peur lorsqu’un film est vendu sur le nom des personnes qui n’ont fait que le financer (personnes qui ont donc aussi produit Collision, soit une œuvre ultra surestimée). Les commerciaux en costard cravate mettent aussi bien en avant la vedette du film : Orlando Bloom, ce jeune bellâtre qui contribue à faire vendre tant de magazines pour midinettes écervelées. Un bon acteur ? C’est autre chose …
Malmener le schéma narratif classique, bouleverser la chronologie cinématographique standard, voilà un art fort délicat dont la pratique est des plus ardues, a fortiori lorsque l’on souhaite que différentes histoires viennent se télescoper au sein d’un même récit. Que la narration soit morcelée, inversée, ou autre, le plus difficile est de faire en sorte que l’intrigue demeure, malgré tout, la plus limpide possible. N’est pas Alejandro Gonzalez Inarritu (Amours chiennes, 21 grammes, Babel), Christopher Nolan (Memento) ou Quentin Tarantino (Reservoir dogs, Pulp fiction) qui veut. Visiblement persuadé que ce genre d’exercice est aisé, Frank E. Flowers va salement s’y casser les dents.
Destins croisés sur les îles Caïman … et construction extrêmement brouillonne pour un Haven à l’histoire éparpillée. On passe sans cesse du coq à l’âne et la réalisation poseuse (effets gratuits, gros filtres) n’arrange rien à l’affaire, loin de là. Tout s’emboîte maladroitement (pseudo twist, redondances) et surtout beaucoup trop tardivement (à un point tel que les véritables enjeux narratifs restent peu clairs et les personnages pas attachants pour deux sous). Gros problème d’écriture. Gros problème de mise en scène. Gros problème de montage. Le film donne ainsi l’impression d’avoir été bouclé par un étudiant peu doué inscrit en première année de faculté de cinéma.
Verdict :
Faussement malin (et plutôt arrogant), Haven tente de dissimuler sa vraie nature (une comédie dramatico-romantique pour teenagers attardés) derrière des artifices chronologiques employés avec une maladresse rare.
Une image de belle qualité. Les visuels affichent un piqué très précis et une colorimétrie parfaitement respectueuse des choix visuels du réalisateur. Sans faille, la compression ne gâche rien. Du bon travail de la part de l’éditeur.
Un son limpide et énergique. L’ensemble est également bien réparti sur les différents canaux. La VF, calamiteuse (doublages à peine dignes de ceux réalisés pour une mauvaise série US), est à fuir.
- Autour du film (3 minutes) : Une featurette extrêmement brève et sans intérêt aucun.
- Les bandes annonces (12 minutes) : Détention secrète, Service non compris, Loverboy, L’amour au temps du choléra, John Rambo, Le merveilleux magasin de Mr Magorium, Even money, Haven – L’enfer au paradis.
- Internet : Lien vers le site de l’éditeur.